Laurent Prunier : Génération visionnaire
Laurent Prunier : Tranquille !

Referendum : casse-boite démocratique

1920417063_6297217bc9_o_5 Pendant la campagne des municipales, on voit fleurir dans les programmes des propositions mettant en place des référendums (ici ou , mais pas ). On peut se poser la question de ce que cache ce virus qui atteint les candidats ?

Aujourd’hui, je suis personnellement contre le referendum dans notre société. Mon avis peut bien-sur évoluer, mais au regard de ce que constitue la sociologie de nos sociétés modernes, je ne pense plus que le referendum soit un outil démocratique pertinent.

En cent ans, notre société est passée d’une sociologie où le collectif donnait la ligne, vers une société où c’est l’individualisme qui domine. Cela a des avantages, mais aussi des inconvénients. Un de ces inconvénients est une prise de position beaucoup plus isolée, en fonction de ses intérêts propres.

Pour moi, il n’y a pas de démocratie s’il n’y a pas de projet d’ensemble, si on ne partage pas des objectifs communs, un horizon, une vision globale. Le referendum, ce serait un peu la démocratie « au détail ». Chacun aurait le droit de prendre une position en fonction de son propre intérêt, à un instant donné, sans même regarder à l’homogénéité de l’ensemble du projet.

Le politique connaît bien un type de comportement similaire : « NIMBY » (not in my back yard), qui recoupe tout plein de collectifs d’opposition à des projets, sans pour autant partager un même projet collectif alternatif.

Par nature, un referendum est donc extrêmement difficile à gagner (sauf quand tout est jouer d’avance, bien-sur) car un projet est beaucoup plus simple à détruire qu’à construire. Par ailleurs, le doute et la peur sont des alliés de taille pour les opposants. L’homme est naturellement programmé vis-à-vis du principe de précaution (c’est une bonne chose d’ailleurs). Il fera donc majoritairement prévaloir la solution qui lui semble la moins risquée, quand bien même il ne possède pas toutes les données. Dans ce contexte, quel que soit le projet, le referendum donnera toujours plus raison à l’opposition à un projet et les propositions « d’utilité publique » seront retoquées.

D’ailleurs, dans les faits, beaucoup d’hommes politiques en parlent en campagne, mais peu en font ... une fois au pouvoir !

Est-ce pour autant un vide démocratique ? Bien-sur que non. D’abord il y a l’élection, celle « de dans cinq jours », sur la base de projets d’ensembles pour chacune des listes en présence. Chacun pourra alors se positionner en connaissance de cause et en fonction de son degré de confiance à chaque liste et à chaque projet global. Ensuite, il y a la capacité à la négociation et l’écoute pour l’équipe majoritaire. C’est cela la vraie démocratie, une capacité à écouter les avis, à faire évoluer les siens en fonction de ceux des autres et à trancher à la fin, en connaissance de cause.

La démocratie est multiple, il n’y a pas d’outil miracle. Mais si l’on ne veut pas que la démocratie devienne réellement la tyrannie du plus grand nombre, je suis favorable à laisser le referendum au vestiaire et à plus écouter, échanger et réfléchir ensemble à notre projet commun.

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