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La politique de la Task Force

Patrick Viveret à Brest

Les_rendez_vous_de_ess__2 Le 3 octobre dernier a eu lieu la première conférence des Rendez-vous de l’économie Sociale et Solidaire, à Brest. Patrick Viveret y était invité pour y parler d’un de ses sujets de prédilection : la richesse.

J’avais déjà eu l’occasion d’écouter Patrick Viveret il y a trois ans et son propos m’avait déjà interpellé. J’ai plus récemment lu avec intérêt son dernier livre : « Pourquoi cela ne va pas plus mal ? » qui est sorti en 2005. Aussi, c’est avec un peu d’impatience que j’attendais sa venue sur Brest.

C’est un drôle de personnage, à la fois capable de partir dans une vision profondément pessimiste de la société dans laquelle nous vivons, mais aussi, de rebondir juste après sur une vision très optimiste des potentielles pistes qu’il nous faudrait creuser ensemble, pour sortir de cette noirceur ...

Lors de la cette conférence, trois analyses m’ont particulièrement parlés :

  1. Il explique que nous vivons aujourd’hui une crise de l’abondance. Depuis quelques dizaines d’années, notre société moderne ne serait plus face à des crises qui témoigneraient d’une quelconque rareté, difficile à partager (dixit les théories économiques sur les prix et la rareté). Non, à l’appuie de chiffres des organismes internationaux, il nous explique que nous pourrions même globalement arriver à la satisfaction moyenne de tous les êtres vivants. Notre problème se situe plutôt dans la gestion d’une l’abondance nouvelle et d’un véritable choix de société pour arbitrer ce que nous en faisons. Aujourd’hui, au lieu  de gérer sereinement cette abondance, nous avons adopté un comportement compulsif d’accumulation qui se traduit au final par une répartition globale très inégale de la richesse. Il parle de « maladie de la captation » de certains (… dont je crains que nous faisions aussi partie !).
  2. D’après lui, ce besoin compulsif de captation, d’accumulation des biens est principalement lié à l’existence d’un mal-être collectif, d’une anxiété collective savamment entretenue par différents mécanismes, dont celui de la consommation (pub & Co). Nos comportements de pays riches ne seraient plus liés à la réponse à un besoin (par nature limité : satiété), mais nous serions motivés par des désirs (par nature sans limite puisque s’auto alimentant par eux-mêmes).
  3. En face de ce constat, il nous apprend qu’émerge de nos sociétés, ce que des sociologues américains ont dénommé des « cultural creative », qui ont fait glisser leur système de valeurs vers un rapport plus équilibré à l’ensemble. Ce groupe, loin d’être la minorité qu’il s’imagine (entre 15 et 30% en France), modifierait de lui-même ses comportements pour équilibrer ce qui aujourd’hui cause beaucoup de désordre au niveau mondial.

Cette lecture de notre société moderne et de sa mutation possible est, je trouve, assez intéressante.

Enfin, j’aime aussi beaucoup son rapport à la vie et au monde : sa solution ne serait pas dans une vision culpabilisante du monde qui n’aurait pour effet que de créer chez nous de l’anxiété, faisant ainsi perdurer le système. Au contraire, il appelle à adopter une vision optimiste et ne pas hésiter à trouver son plaisir dans son quotidien, car c’est bien cela qui fera changer les choses … ici et à l’autre bout de la planète ! ! C’est parce que nous sommes moroses et anxieux chez nous que des gens meurent de faim à l’autre bout du monde … et à bien y réfléchir, je crains que cela ne soit vrai !

Je trouve cette réflexion particulièrement intéressante et je vous invite à écouter l’original de la conférence ici.

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