Safer Seas 2011 à Brest
Reportage Toxic Somalia

Fukushima

Titanic_plans Un an, un mois et trois jours, c’est ce qui sépare le début de la catastrophe nucléaire de Fukushima-Daiichi du 100ème anniversaire du naufrage du Titanic. Deux évènements arrivés à près de 100 ans d’intervalle, en des endroits quasiment opposés du globe, mais qui semblent rappeler aux hommes les mêmes enseignements.

Dans les deux cas, la cause racine de l’accident n’est pas la faute technique ou humaine, mais un évènement naturel extérieur, sous-estimé. Dans les deux cas, l’homme s’est cru en capacité à tout contrôler et, aveuglé par sa soi-disant toute puissance technologique, a pris des risques qu’il n’a ensuite pas su maitriser. Dans les deux cas les victimes auront été majoritairement des personnes qui auront fait confiance.

En 1912, près de 1500 personnes périrent dans la catastrophe. En 2011, le chiffre sera surement difficile à évaluer. La catastrophe nucléaire de Fukushima, comme celle de Tchernobyl 25 ans plus tôt, provoque une mort insidieuse, une mort qui colle au territoire, une mort qui se lègue aux générations futures.

Les analyses de criticité des accidents prennent en compte la probabilité d’apparition d’un incident et la gravité de l’accident. Nous avons tendance à surestimer la fiabilité de nos technologies modernes et surtout sous-estimer la gravité des conséquences des technologies que nous employons. Avec le nucléaire, nous jouons avec le feu. Quelque soit la probabilité d’apparition d’une défaillance grave, aussi petite soit-elle, il nous faut nous poser la question de notre capacité à vouloir en assumer les conséquences, pour nous-mêmes, mais aussi au nom de plusieurs générations à venir.

Alors que la situation n’est toujours pas stabilisée au Japon et que l’on découvre l’ampleur de ce qui s’est réellement produit dans les réacteurs, il est grand temps qu’un débat ait réellement lieu sur la question du nucléaire. Il était facile de botter en touche, 25 ans plus tôt, quand la catastrophe arrivait dans un pays « en déclin ». Depuis de nombreuses années, les méthodes japonaises en terme de fiabilité ont été mises en avant dans beaucoup d’entreprises, ils étaient un modèle. Difficile alors de croire que nous sommes aussi à l’abri.

Fukushima est au XXIème siècle ce que la catastrophe du Titanic aura été au XXème. D'un paquebot, nous sommes passés à un archipel. Sachons en tirer les leçons. Sachons débattre des risques et décider de ce qui sera le mieux et le plus sécurisant pour le futur. Il ne s’agit pas de tout changer demain. Mais il s’agit de choisir un autre cap, car la route que nous faisons aujourd’hui nous conduira immanquablement à la rencontre d’un autre iceberg. Ce n’est qu’une question de probabilité et de temps.

 

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