Arrêtons la caricature et faisons de la politique
Plan climat : le diagnostic territorial

La primaire citoyenne, une indiscutable réussite avant tout

FHQuelques lignes avant de clore cet évènement nouveau dans le paysage politique français et passer à autre chose.

D’abord, disons-le avec fierté, cette primaire est une réussite. Avec environ 3 millions de votants, soit au premier tour, soit au second, soit aux deux, cette primaire aura largement mobilisé au-delà des militants du parti socialiste (dix fois plus). Malgré les doutes émis par la droite, malgré sa stratégie de l’épouvantail sur le fichage, malgré les vociférations de ses ténors, elle n’aura pu entraver réellement cette dynamique d’engagement contre elle. Aux yeux de la population, cette primaire marquera au contraire les esprits comme une forme de courage des politiques de gauche, afin de laisser le choix de trancher aux français.

La seconde leçon est sur l’intérêt d’un scrutin à deux tours. La primaire n’est pas une élection, mais une sélection. Le second tour n’a pas autant de nécessité que dans un vote où il existe une bi-polarité politique historique. Dans une primaire, nous sommes par nature sur des options politiques très proches. Le premier tour suffit à lui-même pour compter les expressions de la population. Par ailleurs, l’entre-deux tours aura fait monter les tensions entre deux camps, sans que cela ne change le résultat. Il est en effet rare dans ce type d’élection que l’électeur ne choisisse pas celui arrivé en tête au premier tour, celui qui a le plus fort potentiel pour la suite. Enfin, par le jeu du report des voix, le second tour fait courir le risque d’un résultat peu tranché et donc d’un affaiblissement du candidat qui en ressortirait, en vue de la vraie élection à suivre. L’intérêt d’un second tour est donc, de mon point de vue, largement discutable.

Enfin, la dernière leçon est sur l’efficacité d’une campagne de terrain. Il est très rare dans un scrutin qu’un candidat choisisse de ne pas faire de campagne de terrain (affiche, tractage, porte à porte, etc ...) Il est donc par nature impossible d’en mesurer l’utilité, l’efficacité sur le jeu concurrentiel qu’est une élection, au regard de la mobilisation militante engagée. Au-delà des brillants candidats qui se sont affrontés, cette primaire est donc pour moi un cas d’école. Le gagnant aura fait le choix de ne pas faire campagne pour le premier tour et deux jours de campagne entre les deux tours. Donc, c’est ce qui peut s’apparenter à une campagne à minima. Cela ne l’a pas empêché de gagner face à un autre camp qui avait fait un choix contraire, ou en tout cas plus conventionnel pour une élection. Cela ne l’a pas empêché de gagner alors même que l’électorat était fortement sensible à la question politique, contrairement à une vraie élection où l’électorat s’intéresse peu et décide parfois même de son vote dans l’isoloir. Cette leçon est à méditer, car les forces militantes sont probablement un potentiel fort mal utilisé par les partis. Nous avons changé d’ère, tant sur les outils, les usages et la lecture du politique par les électeurs, mais par peur de faire autrement, nous n’avons pas changé de méthodes pour faire campagne. Il serait peut-être temps de se poser la question de l’efficacité réel de l’engagement de nos forces !

Voilà, j’espère au final que le grand gagnant de cette primaire sera le peuple de gauche. Il est grand temps d’offrir un congé parental tant mérité au locataire de l’Elysée. Alors allons-y !

Commentaires