Mes réponses au questionnaire pour les élu(e)s de Jean Gadrey
Quelques mots d'hier pour demain

Travail invisible

4649611436_e38be87ac2_mLors d’une des réunions publiques de mi-mandat organisées par le Maire de Brest, un membre d’un conseil consultatif de quartier (CCQ) est intervenu pour demander à ce que le travail des conseils de quartier soit mis plus en avant, fasse l’objet de publications de quartier, afin qu’il soit plus connu des habitants.

Ceci a fait écho à mon expérience syndicale, où l’on constate souvent un petit coup de blues chez certains élus qui ont du mal à percevoir l’utilité de leur présence dans des instances de représentation du personnel (CE ou DP), lorsqu’ils font face à une direction qui fait ce qu’elle veut et en tous cas, ne reconnait que rarement la pertinence des propos syndicaux !

Pourtant, je crois que les conseillers des CCQ, tout comme les élus du personnel, jouent un rôle important. Ils ne seront jamais, ni les élus de la ville pour les premiers, ni la direction pour les seconds, pourtant chacun s’inscrit dans un vrai travail qui au final produit plus d’intelligence collective.

Le malaise qui se pose aux uns et aux autres est que nous sommes dans une société où le travail doit être connu pour donner l’impression d’être reconnu. Or une large part de ce qui fait tourner la société, la démocratie ou même les entreprises tient à ce que l’on appelle du travail invisible, c'est-à-dire une somme de tout petits riens qui ne se voient pas, mais qui au final sont largement constitutif du tout !

Il n’est probablement pas possible de reconnaitre cet ensemble (hormis une reconnaissance entre pairs, entre proches), d’autant qu’il prend différentes formes et différentes intensités en fonction des individus, mais ce rôle existe bel et bien. Ce sont des petits gestes qui produisent le lien social, des petits mots qui permettent l’apaisement des tensions et favorisent la négociation, de petites idées qui permettent d’arriver aux grandes ou de petites remarques qui permettent d’éviter les grosses erreurs !

Ce n’est pas la visibilité d’un acte qui en fait sa valeur pour l’intérêt général, mais sa qualité intrinsèque et probablement son caractère désintéressé. La première des reconnaissances, c’est probablement une reconnaissance personnelle, celle que chacun a de soi, celle qui construit l’estime de soi et la confiance, pour avancer un peu plus loin.

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