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Des cyanobactéries au lac du Drennec

Cyanobactérie drennecCe matin dans Ouest-France, un article : Nouvelle pollution au lac du Drennec, faisait suite à une conférence de presse organisée par l’AAPPMA de l’Elorn et l’association Eau et rivières. Sur un ton alarmiste, ils mettaient en garde contre l’apparition d’efflorescence de cyanobactéries repérées aux abords du lac du Drennec.

Contrairement à ce que laisse entendre l’article, les « autorités compétentes » suivent bien cette affaire puisque c’est le Syndicat de Bassin de l’Elorn qui a fait les analyses permettant de constater qu’il s’agissait de l’espèce Planktothrix mougeotti, comme mentionné dans l’article.

Renseignement pris auprès de spécialistes de la question, cette espèce de cyanobactérie (il en existe quelques milliers) n’est pas toxique. Son apparition pourrait provenir de la très faible pluviométrie récente qui n’aurait pas permis d’apporter les éléments minéraux propres aux développement des algues que l’on voit plus généralement dans le lac. La nature ayant horreur du vide, une autre espèce se serait alors développée, en présence non pas de nitrate (comme c’est habituellement le cas), mais seulement de phosphore, présent dans toutes les eaux de Bretagne et très faiblement présent au lac du Drennec.

La situation est-elle alarmante ? Rien ne le laisse à penser aujourd’hui. Certes, il existe des espèces de cyanobactéries toxiques, mais nos analyses ne montrent pas que ce soient celles-là qui se sont développées dans le lac et rien ne permet de dire que des cyanobactéries toxiques apparaitront par la suite. L’avenir est par nature incertain, mais la probabilité d’apparition d’éléments toxiques n’est donc pas plus grande aujourd’hui qu’hier. Nous avons donc mis en place un suivi préventif du phénomène sur la durée, mais pour le moment, rien ne dit qu’il en faille plus.

Sur la qualité des eaux du lac en lui-même, l’article fait état d’un déclassement de l’Agence de l’Eau Loire Bretagne. Derrière ces propos quelques peu inquiètants se cache une réalité autre : l’eau du lac du Drennec fait probablement partie des eaux les moins polluées de Bretagne. Le déclassement en question n’est pas du à une évolution de la qualité des eaux, mais à une évolution des normes, notamment dans le classement des plans d’eau. J’avais détaillé ce sujet dans une précédente note, datant de Juin 2010 [ici]. Quant à la question de l’interdiction de baignade à Sizun et Commana, c’est hors sujet puisque qu’il s’agit plus souvent de problèmes liés aux questions d’assainissements, qu'aux problèmes d'algues.

Alors pourquoi tant de craintes ? Probablement que derrière cet article quelque peu anxiogène se cachent deux autres éléments de contexte qui expliquent que ces deux associations tirent le signal d’alarme un peu vite sur ce sujet.

Le premier point est que les niveaux des eaux dans les rivières sont très bas. Alors que nous sommes en sortie de la période pluvieuse hivernale, le lac s’est tout juste rempli, mais les nappes souterraines ne se sont à priori pas rechargées à la suite de la période très peu arrosée de 2011. Les rivières sont donc à un niveau inhabituellement bas, ce qui est évidemment un risque important pour l’été à venir et aussi déjà une conséquence visible pour la vie dans la rivière [ici].

Le second point est la série noire de pollutions accidentelles qui ont touché l’Elorn et la Mignonne ces derniers mois. Ces pollutions sont surtout le fait d’installations classées présentes sur le bassin versant, qui normalement devraient disposer d’une sécurisation suffisante pour faire face aux incidents techniques qui se sont produits de façon accidentelle. Le problème est que le filet de sécurité est parfois trop faible, quand il n’est pas inexistant et que c’est trop souvent le cours d’eau le plus proche qui récupère au final les rejets non traités, avec des dégats importants sur l'écosystème ou même un risque sur les usines d'eau potable.

Cette situation interpelle, car on ne peut plus parler de pollutions accidentelles si leur fréquence augmente régulièrement. Ce sujet sera mis à l’ordre du jour du comité syndical, mardi prochain. Des actions de suivi sont déjà en route, mais je souhaite que nous réfléchissions ensemble à quelques actions pour mettre en route une démarche d’amélioration continue sur cet aspect. Comme dans tout accident, les retombées négatives se font de part et d’autre et ce n’est pas une situation souhaitable pour les différents acteurs de notre territoire. Une réflexion collective doit donc être engagée.

Ces éléments de contexte expliquent probablement pour partie la tension qui existe en ce moment sur le bassin versant. En tant qu’acteur sur la qualité et la quantité des eaux, le Syndicat de Bassin de l’Elorn reste bien entendu très vigilant sur tous ces aspects.

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