C’est la rentrée !
Quand celle qui se sent répudiée écrit un livre répugnant

La gauche paradoxale

4476736_6_798e_francois-hollande-le-25-aout-2014-a-l-ile_77b277738a4f6e4a3b0bafa280e5782eIl est un constat que l’on peut faire : lorsque la droite est au pouvoir, elle vénère son chef ; lorsque la gauche est au pouvoir, elle est vénère contre son chef !

C’est probablement un des grands clivages comportementaux entre les deux bords. La droite adore le leadership et éprouve une admiration pour tous ceux qui ont le pouvoir, qu’ils soient politiques ou entrepreneurs. La réussite est à droite un marqueur qui semble effacer tout le reste, y compris le plus absurde (Cf. Sarkozy qui malgré ses nombreuses casseroles en tous genres, continue à être en haut des sondages à droite comme présidentiable). A gauche, c’est l’opposé : avoir du pouvoir reste suspect, quand bien même vous avez contribué à mettre la personne en place. La confiance n’existe pas dans une relation au pouvoir.

On peut constater que cette dissymétrie entre gauche et droite conduit finalement à une forme d'équilibre : quand la droite est au pouvoir, elle est forte mais a face à elle une gauche ravigotée, unie et prête à en découdre. Quand la gauche est au pouvoir, la droite est en crise et, force est de constater, que la gauche aussi !

Cet état de fait conduit irrémédiablement la droite à revenir au pouvoir plus facilement que la gauche. Mais nous pourrions faire le constat inverse : si la gauche se soignait de cette défiance naturelle vis-à-vis du pouvoir, peut-être qu’elle y resterait et qu’à terme, nous pourrions faire infléchir réellement la politique française vers la gauche, sur la durée. Mais non, il y a comme une forme d’envie suicidaire à gauche !

Ces derniers jours, avec la démission du gouvernement puis sa recomposition, nous avons assisté à un parfait exemple de ce que peut produire de plus contre-productif la gauche. Je veux bien qu’Arnaud Montebourg ne soit pas en phase avec la ligne du Premier ministre et du gouvernement, mais quand on est nommé Ministre des Finances en avril (alors que l’on était déjà à Bercy depuis deux ans), on ne fera pas croire que l’on découvre que ce n’est pas la bonne ligne politique cinq mois après (dont un mois de vacances) et juste avant l’université d’été ! Je n’imagine pas qu’Arnaud Montebourg ait découvert Manuel Valls et sa ligne politique en avril dernier, alors qu’ils furent tous deux concurrents à la primaire socialiste en 2011. Quand on n’est pas d’accord pour un job, on ne l’accepte pas. On a eu l’impression de revivre un mauvais congrès du PS, où les lignes politiques cachent des stratégies toutes personnelles …

On peut critiquer autant que l’on veut François Hollande, il y a bien eu une primaire à gauche et c’est nous qui l’avons fait candidat et qui l’avons ensuite fait Président. Dès le lendemain de l’élection, la droite s’est acharnée sur lui, remettant en cause la légitimité même de l’élection. Cette droite décomplexée dont on connait aujourd’hui un peu mieux le fondement de son idéal républicain, au travers des affaires qu’elle aura drainées, en 5 ans de mandat. Mais à la limite, que l’opposition s’oppose, y compris bêtement, cela ne devrait pas empêcher la gauche d’avancer. Là où cela fait plus mal, c’est quand celle-ci s’y met aussi.

Je ne doute pas que le parti de gauche ait raison sur toute sa ligne politique, mais il est un fait qu’il n’a pas convaincu les français. Il n’a ni gagné une primaire, ni une présidentielle. Les verts ou le PC, c’est pareil. La première chose concrète politiquement, c’est de gagner ! Gagner les suffrages des français, face à une droite qui a tout, sauf l’envie de laisser sa place. Cela nécessite plus que des positionnements politiques à l’emporte-pièce, cela nécessite de réfléchir aux attentes des Français et surtout, aux équilibres de la société française dans son ensemble.

Il n’y a eu qu’un seul gagnant, ce fut notre candidat François Hollande et moins d’une année après son élection, alors qu’une majorité de la gauche avait voté pour lui, elle s’est opposée à lui et continue à générer de l’agitation. A défaut d’avoir un but, tout cela n’a finalement qu’un seul résultat : détruire la crédibilité des personnes incarnant la gauche dans l’esprit des français.

Certains diront que François Hollande a conquit les français avec un programme très éloigné de la politique qu’il mène. C’est en effet un constat que l’on peut faire, même si cela peut se discuter sur certains axes. Mais un programme, une vision pour la France est d’abord un cap, une direction, une volonté, pas un objectif court terme qui s’affranchirait de la réalité. Croire aujourd’hui qu’un programme politique sera déroulé tel quel, sans prendre en compte le contexte, cela reste une douce illusion. La situation initiale, le contexte économique, la volonté des partenaires, la fixation des priorités, la qualité de l’équipe gouvernementale, les contradictions entre les attentes des français, le soutien de son camp, la lecture faite par les médias, sont autant de paramètres qui jouent sur la capacité à avancer. Lorsque l’on écoute les contradicteurs de gauche, on a l’impression que tout ne dépendrait que de la volonté d’un seul homme. C’est une lecture que je ne partage pas, elle cache d'ailleurs l'appel à une vision autoritaire du pouvoir.

Par contre, il y a un fait qui est sûr, c’est qu’un seul homme a été élu Président et que par le vote, nous lui avons donné notre confiance pour 5 ans. Cette confiance, ce n’est pas celle que l’on donne à une marionnette, un homme de paille qui ferait tout ce qu’on lui demande, y compris quand cela part aux quatre vents. Cette confiance, c’est celle d’enfiler le costume de Président et de devenir probablement le seul à être en mesure de juger de la situation, au poste où il est (« pour le pire et pour le meilleur », comme on dirait ailleurs).

Tous les contradicteurs pensent qu’ils feraient probablement bien mieux à la place de François Hollande, je ne le pense pas. La situation est objectivement difficile et c’est lui que nous avons collectivement choisi. Une fois que l’on a voté et jusqu’à la prochaine échéance électorale, je crois qu’il doit exister aussi une forme de loyauté des électeurs vis-à-vis de celui qu’ils ont choisi. Il ne s’agit pas de faire taire les divergences, les objections, mais il s’agit de respecter le fait qu’une seule personne a le rôle de Président. L’affaiblir, c’est autant diminuer sa capacité à porter des politiques fortes. L’affaiblir, c’est aussi affaiblir la gauche dans son ensemble.

Malgré la situation difficile et parfois même, quelques incompréhensions ou désaccords dans les politiques portées, je reste fidèle à mes choix et donc à l’homme que j’ai élu. Je ne crois pas que l’on avance en se plaçant en victime et en se construisant des boucs émissaires, surtout lorsque l'on fait de la politique. Je crois que l’on avance en essayant chacun de faire au mieux, là où l’on est.

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