Pierre Rosanvallon dans l'émission A voix nue
Tout savoir sur le futur téléphérique de Brest

Bernadette Malgorn : Incantation n’est pas action

Bernadette MalgornDans son interview de campagne au Télégramme du 11 mars dernier, Bernadette Malgorn ne fait pas mentir son surnom en s’en prenant à la majorité socialiste.

Fort peu de propositions concrètes dans son propos uniquement accusateur. On sait tout sur ce qu’elle supprimera, mais on peine à comprendre ce qu’elle fera sur les compétences propres du futur conseil départemental.

Ainsi, à l’instar de la droite historique au Conseil général qui négligeait Brest dans ses politiques, elle s’engage à défaire le Contrat de territoire avec la métropole brestoise qui nous fait bénéficier de financements sur nos projets métropolitains. On regrette un peu qu’elle ne s’en soit pas rendue compte, mais ces projets sont déjà largement engagés. L’absence des ces financements pèsera donc directement sur les contribuables de la métropole. Est-ce cela son ambition, supprimer les contributions du département pour augmenter l’impôt sur Brest ?

Elle accuse aussi la gauche d'avoir augmenté les effectifs du Conseil général, en comparant à celui de 1998. La gauche aurait embauché 600 personnes (sans que cela ne se voit, semble-t-il !) Mauvaise foi, inculture politique, perte de mémoire précoce ou simplement une ancienne préfète qui prend les brestois pour des imbéciles ? Rappelons que c’est Jean-Pierre Raffarin (gauchiste bien connu) qui transféra en 2005 une partie des compétences détenus par l’Etat vers les collectivités territoriales lors de ce que l’on a appelé l’Acte II de la décentralisation. Ce ne sont pas des embauches que les Conseils généraux ont faites partout en France, mais surtout l’intégration de fonctionnaires de l’Etat en charge des compétences politiques transférés (avec une partie des recettes d’ailleurs).

Enfin, faute de mieux, on finit par tomber bien bas dans le débat public. Si on aurait pu se flatter qu’elle puisse estimer que certains élus de la majorité soient de « vrais pro », la réalité est bien une attaque sur le cumul des élus de Brest ou de la métropole. L’humilité ne semble pas être la qualité principale de l’intéressée qui, en plus d’être magistrate pour le compte de l’Etat, siège au Conseil municipal de Brest, au Conseil de métropole et au Conseil régional de Bretagne … tout en caressant l’ambition de présider le futur Conseil départemental, semble-t-il. Elle n’est donc pas à priori la personne la plus qualifiée pour défendre le non-cumul des mandats. Si la critique n’est pas dénuée de fondement, elle est bien aussi à double tranchant puisque la majorité des élus de droite siégeant dans l’opposition brestoise sont aussi candidats à ces élections départementales, ainsi que le Maire UMP de Guilers Pierre Ogor, lui-même aussi vice président de la métropole. A contrario, si certains de nos candidats ont en effet déjà aussi un mandat à la ville ou à la métropole, notre chef de fil socialiste Nathalie Sarrabézolles ne cumule rien, par exemple.

La réalité est bien que sur le non-cumul comme sur le thème de la parité, la gauche à Brest et en Finistère a quelques longueurs d’avances sur la droite conservatrice (lire ici). Ce scrutin voté par la gauche au pouvoir et obligeant à une parité stricte en est l’exemple et sera d’ailleurs une première en France.

Sur le fond, le seul véritable discours affiché de cette campagne par Bernadette Malgorn est de dénoncer une soi disant « gabegie » des élus du Finistère et de la gestion de Pierre Maille. Selon ses dires, les élus auraient abusé de l’impôt, auraient fait un « gâchis de l’argent public ». Pas de chance, le site plutôt libéral « contribuables associées, contre l’oppression fiscale » donne les notes de 18/20 pour le faible niveau d’imposition et 16/20 sur la question de la gestion de la dette pour le Conseil général du Finistère (ici et ).

Rappelons qu’entre les lignes, ce qui fait le programme de Bernadette Malgorn, c’est avant tout le désengagement des associations, du sport et de la culture comme en témoigne son absence de soutien aux diverses associations brestoise lors des votes de son groupe politique en conseil municipal de Brest.

En dehors d’une vision décliniste de Brest et une aversion pour le téléphérique, étendard de la résistance brestoise à droite, on ne voit pas trop où sont les propositions alternatives. En effet, beaucoup de points évoqués dans son programme sont déjà des actions menées et reconnues dans le Finistère comme sur Brest.

Incantation n’est pas action. Les brestois, qui pour leur part aiment leur ville, le savent bien.

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