Tinergie : une success-story made in Brest !
Le paradigme de la voiture sans conducteur

Réponse à la tribune de Monsieur Alexandre Lhomme

Monsieur Lhomme, vous signez sur le site de Médiapart une tribune qui ré-écrit de façon volontairement mensongère les évènements qui se sont déroulés pendant le conseil municipal de Brest, le jeudi 10 mars dernier. Ce faisant, vous vous permettez de me citer au travers de propos que j’ai écrit, comme pour mieux ré affirmer votre propre point de vue. Puisque vous semblez vous intéresser au fond de ma pensée, permettez-moi donc de vous la donner.

D’abord apprenez que je n’ai pas de leçons à recevoir de vous. J’ai grandi dans une famille très engagée sur l’accueil, l’intégration et l’alphabétisation des réfugiés en France. Lors de mon premier mandat, avec Marc Sawicki, je fus de ceux qui œuvrèrent activement pour l’organisation des parrainages républicains célébrés à Brest, afin de prévenir et d’aider des familles avec enfants sous le coup d'expulsions programmées par Nicolas Sarkozy, alors Ministre de l’intérieur. En effet, je suis très sensible à la cause de ces peuples qui perdent leurs maisons, leurs familles, leurs pays du fait de l’intolérance et de la violence qu’ils subissent. Je crois que notre majorité y est tout autant sensible et met en place, avec l’appui de l’Etat, les conditions de l’accueil des familles de réfugiés.

Ensuite, le récit que vous faites de la dernière séance du conseil municipal de Brest est une odieuse version, motivée par des fins purement politiques. Vous donnez l’impression d’un climat bon-enfant qui aurait dégénéré par la faute d’une municipalité sourde à la discussion. Pire, vous accusez des élus et des fonctionnaires d’avoir provoqué et voulu en découdre avec les manifestants. Vos propos ne sont que mensonges, travestissements et manipulations de la réalité.

Dès la rentrée des manifestants dans la salle du conseil le climat fut tendu et les propos violents. Alors que leur demande exigeait une réponse du Maire, il eut toutes les peines à s’exprimer dans une cohue de propos virulents et insultants. A aucun moment, il ne put finir une seule de ses phrases, plusieurs manifestants étant dans un état que personne ne tentait plus de contrôler. C’est pour cela que le conseil fut suspendu, dans l’attente d’un retour au calme.

Durant de longues heures, il y a eu un jeu d’observation pendant lequel, malgré le calme de la municipalité, les manifestants ont tout tenté pour provoquer et pouvoir en découdre. Vous parlez des clowns, quels clowns ? Ceux qui vinrent devant le Maire avec un petit miroir, le mirent devant son visage et haranguant la salle, déclamèrent : « nous avons une nouvelle, le Maire peut encore se regarder dans la glace ». Est-ce cela que vous appelez des clowns ? Moi pas. La présence d’un faux-nez rouge ne trompe pas l’intention qui se cache derrière. Un clown est bienveillant, change les regards et ne produit pas un pseudo humour par des techniques d’humiliation publique. Le clown c’est la beauté de l’innocence d’un regard d'enfant, pas une expression manipulatrice et dégradante.

Vous parlez de cette « opposition de gauche » en la personne de Madame Julie Le Goïc, qui aurait eu le courage de discuter avec les manifestants. Je ne me livrerai pas là à des accusations sur sa responsabilité dans la présence des manifestants. Ce qui est certain en revanche, c’est que cette élue a fait bien plus que discuter avec des manifestants qu’elle connaissait apparemment très bien. Tout le monde a pu constater qu’elle était en symbiose avec eux, tant dans son comportement et ses actes que dans sa volonté de provoquer ou dans ses propos tenus.

Enfin, vous essayez de décrire un climat bon-enfant de manifestants chantants : « Cuillandre, le changement, c’est maintenant ! » Certes, ce slogan a bien été chanté. Mais dans un environnement tout autre, mêlé de cris, de hurlements, de menaces, d’insultes, pour finir par des propos d’appels à la haine et au meurtre : « Social traitre, une balle dans la tête ». Est-cela, Monsieur Lhomme, que vous qualifiez un climat d’échanges et de discussions avec des élus ?

Pendant ces très longues heures, à aucun moment il n'y eu d’espace pour une discussion apaisée. Malgré des élus restés calmes et patients, aucun échange ne fut réellement possible et d’ailleurs, probablement attendu par ce groupe hétérogène, mêlé de citoyens engagés et probablement sincères dans leurs combats et leurs engagements, mais aussi d'individus cagoulés et agressifs qui instrumentalisent ce débat, comme pour mieux en découdre avec un système démocratique qu’ils veulent voir disparaitre.

C’est face à cette impossibilité de communiquer qu’une tentative de reprise du conseil fut engagée, un peu avant 21h. Devant la montée rapide de la violence verbale et physique (jet de nombreux objets dans le dos des élus présents), le Maire ordonna l’arrêt définitif du conseil et nous demanda de quitter la salle avant que cela ne dégénère plus encore. C’est à ce moment-là que certains des manifestants ont suivi les élus et les services qui évacuaient calmement la salle pour en découdre physiquement. Certes, ils ne furent pas nombreux, mais leur présence témoigne bien de la gangrène de ce type de mouvement qui accepte la violence comme mode d’action face à une représentation démocratique. En effet, certains élus et fonctionnaires ont eu le courage de bloquer l’accès à la salle suivante où tous les élus, les fonctionnaires et les journalistes s’étaient repliés. Mais vous inverser les rôles Monsieur Lhomme, l’agression venait bien des manifestants, pas d’élus ou d’une administration qui ne demanda d’ailleurs même pas la venue des forces de l’ordre.

Monsieur Lhomme, votre tribune dans Médiapart prend le parti de la violence et des postures haineuses qui se sont manifestées, jeudi dernier. On vous connait une grande proximité avec Madame Le Goïc, ce qui ne fait que renforcer la thèse d’une collusion politique entre ces actes et cette élue qui ne représente plus qu’elle-même aujourd’hui. Comme l’ensemble de la majorité municipale et de son maire, j'en appelle moi aussi à sa démission. Celle qui fut élue sur les voix de notre programme politique le renie aujourd’hui en soutenant la violence et les extrémismes. Ses nombreuses justifications dans la presse locale n’y changeront rien.

Monsieur Lhomme, en reprenant mes propos, vous travestissez ma pensée. En tant qu’élu et en tant que responsable du PS de Brest, je ne soutiendrai jamais la violence, ni demanderai aux autres d'en faire l'apologie. La question des migrants et des réfugiés est un sujet infiniment trop complexe, infiniment trop douloureux, pour se voir traiter par les invectives, les menaces et les actes violents inacceptables que nous avons tous vu. Pratiquer ainsi relève de l’instrumentalisation politique à des fins très personnelles, mais en aucun cas de l’aide et de la bienveillance à autrui.

Thierry Fayret

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