Voiture sans conducteur et transport public
Violence politique

Voiture sans conducteur et acceptabilité sociale

S1Un des grands freins à la voiture autonome serait son acceptabilité par les usagers, la potentielle non-acceptation d’une perte de contrôle sur le véhicule. Il est plus que probable que cela ne sera pas le cas et qu’au contraire, il y aura pour une majorité d’entre nous une aspiration à utiliser un véhicule autonome du fait des bénéfices d’un tel usage.

Le véhicule autonome n’évite pas le risque d’accident. Toutefois, il diminue de façon significative tous les risques qui sont aujourd’hui produits par les limites humaines et qui génèrent, qu’on le veuille ou non, la grande majorité des accidents.

Récemment, la presse à largement fait échos de l’accident que la GoogleCar aurait produit et pour laquelle elle porterait une certaine responsabilité1 (après une dizaine d’autres accidents dont la responsabilité incombe aux autres véhicules). Tout d’abord il n’est pas très clair dans ce dernier accident si la responsabilité tient d’une initiative du testeur ou du logiciel, mais surtout, l’accident s’est produit à 3 km/h ! Cela témoigne bien d’une autre réalité, après plus de 3 millions de kilomètres parcourus.

Le risque d’accident est accepté à partir du moment où il est extrêmement faible. On ne connait pas de moyens de transport qui n’ai jamais eu d’accident. S’il en était autrement, nous ne rentrerions plus dans les cars, les trains, les avions, les ascenseurs ou même les téléphériques car tous ont déjà connu des accidents. Le risque nul n’existe pas, mais à partir du moment où il est très faible, nous l’acceptons.

Aujourd’hui, ce n’est pas le cas de nos voitures où le risque d’accident est relativement élevé. S’il l’était tout autant dans les transports aériens, nous ne mettrions pas un pied dans un avion (en tous cas moi !) Comme le rappelle Chris Urmson2, il y a 1,2 millions de mort par an du fait de la voiture, rien qu’aux Etats-Unis cela représente 5 crashs par semaine de Boing 737 ! En France, ce serait un crash tous les 10 jours … Croyons-bien que les compagnies aériennes feraient faillite rapidement, ce qui ne semble pas le cas des constructeurs automobiles !

Bardé de plusieurs dizaines de capteurs, regardant devant comme derrière plusieurs fois par seconde et conservant une attention sans faille, la capacité à maîtriser l’environnement sera très supérieure à tout ce qu’un humain pourrait faire. Reste à développer les logiciels d’anticipation et de compréhension des intentions des autres acteurs en tous genres sur la route. Mais ce travail n’est pas impossible, loin de là. En tous cas, il produira assurément des performances meilleures que celles humaines en matière d’évitement des accidents !

L’acceptabilité des véhicules autonome ira de pair avec une bien meilleure sécurité pour les passagers. C’est le sens du travail fait par les industriels qui travaillent sur le domaine. Une fois l’assurance que l’on est significativement plus en sécurité, croyons bien que le développement se fera sur la seule limite du coût, car les autres bénéfices sont importants, notamment celui de pouvoir disposer de son temps comme dans une « voiture avec chauffeur » !

Même s’ils seront très limités, le risque d’accident ne sera pas nul. Pour le dire plus brutalement, il y aura forcément des morts. Cela pose deux problèmes nouveaux qui ne sont aujourd’hui pas résolus, mais sur lesquels des spécialistes se questionnent déjà.

Le premier est celui de la nécessité de doter le logiciel d’un algorithme qui devra décider qui doit « mourir » dans une configuration où plusieurs risques mortels ne peuvent être évités. Aujourd’hui, dans les cas où le conducteur à conscience de l’imminence de l’accident (pas forcément si fréquent que cela), c’est le conducteur qui arbitre entre les différentes options. Il peut mettre sa vie en danger en provoquant une sortie de route pour éviter un piéton, par exemple. Demain, c’est un logiciel qui devra arbitrer entre la mise en danger du ou des passager(s) ou celles d’autres personnes en dehors du véhicule. Arriver à coder cela relève de question éthique plus que technique sur lesquels il nous faudra un jour nous positionner. Ces règles pourraient d’ailleurs être différentes entre pays par exemple. Il s’agit de comparer le prix des vies.

Le second problème sera celui de l’assurance en cas d’accident. Les passagers ou mêmes propriétaires des véhicules n’endosseront plus la responsabilité de l’accident. Cela risque d’être le constructeur de la voiture, voire du logiciel ou des capteurs défaillants qui seront mis en accusation. Dans ce type de conflit, il y a fort à parier que le dédommagement soit plus important que s’il s’agissait d’une responsabilité individuelle. Les accidents vont significativement baisser, mais les dédommagements risquent d’augmenter.

On le voit, par la baisse du nombre d’accident, les véhicules autonomes seront plus fiables que les voitures actuelles. Les réticences que nous avons aujourd’hui face à ce type d’avenir s’effaceront vite au regard des usages nouveaux qui se développeront. Reste tout de même un certains nombre de questions non techniques à décider ensemble.

A suivre

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Précédentes notes sur la voiture autonome :

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1/ Sur l'accident de la Google Car TF1, Sciences & Avenir, Huffington Post

 

2/ Conférence TED de Chris Urmson : "Permettez-moi d'abord de vous parler du problème. C'est un sérieux pépin : tous les ans, 1,2 million de personnes sont tuées dans le monde. Aux États-Unis, 33 000 personnes perdent la vie sur les routes. A titre de comparaison, c'est l'équivalent d'un Boeing 737 qui s'écrase 5 fois par semaine. C'est impensable.

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