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L’étonnant classement de Brest !

BrestLe magazine l’Express vient de classer pour la seconde fois la ville de Brest dans le « TOP FIVE » des villes où il fait bon vivre. Cette année, Brest est même classée troisième sur les 100 plus grandes villes de France. Le plus marrant dans tout cela, c’est que les brestoises et les brestois n’y ont pas cru, à commencer par le Télégramme de Brest qui titrait : « L’étonnante troisième place de Brest ! », sous-entendant une légitimité toute relative du score !

On ne leur en voudra pas trop, car c’est un regard assez classique des brestois sur leur ville. Une ville détruite par les alliés et reconstruite sur ses propres ruines qui a encore du mal à s’accepter telle qu’elle est. Une ville à la culture ouvrière corrosive, dont l’autodérision est devenue une culture locale partagée qui crée une identité singulière et permet de garder les pieds sur terre. Une ville ancrée sur son territoire, où le Sud commence à Châteaulin et finit aux Glénans !

Pour autant, ce classement offre un regard extérieur sur notre ville qui nous questionne et nous ouvre les yeux sur ce que nous avons fini par considérer comme normal, habituel. Pourtant, dès que l’on prend du recul (comme en témoigne quelques arrivants sur Brest ou des brestois partis vivre ailleurs), Brest accumule bien les traits d’une ville où il fait bon vivre.

Alors allons-y, regardons objectivement les atouts de Brest … nos atouts du bien-vivre à Brest ! 

Brest, c’est d’abord la proximité d’un environnement riche et préservé. Nous vivons au cœur de quatre réserves naturelles protégées (Parc d’Iroise et d’Armorique et Zone Natura 2000 Elorn et Rade). La mer, la rade, le littoral et le centre Bretagne sont à portée de ballade, avec des paysages riches et variés. Même dans Brest, il existe de grandes trames vertes et bleues préservées en cœur de ville. La proximité de la nature est une source de bien-être, c’est une évidence et c’est probablement quelque chose d’assez partagé.

Brest, c’est ensuite une ville à taille humaine et c’est clairement un facteur du bien vivre. C’est un point qui transparait très fortement de ce classement. Les villes arrivant en premier ne sont pas des grandes métropoles à plus de 500 000 habitants, mais biens des villes à tailles raisonnées. Nous ferions bien d’en prendre conscience, les logiques qui poussent à la concentration, dans des métropoles de plus en plus grandes, souvent congestionnées et repliées sur elle-même vis-à-vis de leurs territoires proches sont clairement sur des logiques de performance économique, pas de recherche d’une qualité de vie ou d’un bien-être de leurs habitants. Les habitants les plus riches de ces agglomérations les fuient dès que possible pour des résidences secondaires souvent plus calme, au milieu de nul part. Les plus pauvres s’y sentent prisonniers, au milieu de tout mais ne pouvant rien faire par eux-mêmes.

Brest est une ville à taille humaine. A la fois on peut y vivre en espace urbain, mais il est possible aussi de prendre un bus et d’en sortir pour aller à la plage, ou se promener à la campagne toute proche. Par ailleurs, nous disposons de tout le nécessaire en matière de santé, d’éducation, de culture, de sport, de loisir ou même de transport. Tout cela, nous l’avons sur Brest en matière de service public.

Coté secteur privé, certes le commerce est en forte mutations et les villes devront continuer à s’adapter quelques décennies encore avec la poursuite du développement de l’achat sur internet. Ces évolutions s’imposent à nous, à Brest comme ailleurs, mais nous ne manquons de rien d’essentiel sur Brest.

Enfin sur la question de l’emploi, malgré la décroissance très forte des effectifs de la construction navale qui avaient secouée toute la ville à la fin des années 90, Brest a aujourd’hui un taux de chômage dans la moyenne nationale. Brest n’est pas une ville décimée, elle a su se diversifier, se créer des opportunités et maintenir un niveau d’emploi permettant à sa population de s’adapter et vivre à la pointe bretonne.

Le troisième axe du bien vivre à Brest est en lien avec le coût de la vie et notamment celui du logement qui reste modéré sur Brest. La montée du prix de l’immobilier en France fut une bonne chose pour les propriétaires et les spéculateurs, mais ne croyons pas que cela le soit pour ceux qui vivent à l’intérieur. Devoir mettre une importante quantité de son pouvoir d’achat dans un loyer, ou même dans un remboursement d’emprunt et ensuite vivre dans un logement de petite taille n’est clairement pas un gage de mieux être et de qualité de vie. C’est pourtant ce que vivent beaucoup de nos compatriotes dans d’autres villes françaises qui ont vu le prix de l’immobilier flamber. Le brestois gagne probablement moins dans l’absolue, mais a potentiellement plus de pouvoir d’achat avec ce qui lui reste, lorsqu’il a payé son loyer !

Enfin, d’autres paramètres peuvent rentrer en jeu, comme par exemple des inégalités de revenus moindres en Bretagne et particulièrement à Brest. Elles atténuent une part des tensions sociales. De même, cette capacité à coopérer et travailler ensemble, à faire preuve de solidarité, à être conscient d’avoir une identité commune et un destin commun à la pointe Bretagne sont des facteurs de cohésion social, de réassurance collective et donc d’un mieux vivre collectif.

Certes, nous ne vivons pas dans un monde parfait et il y a en permanence des aspects à améliorer, des changements à faire, des problèmes à corriger. Mais il faut aussi avoir conscience de ses atouts et de la chance que nous avons de vivre ici. D’autres nous l’envie assurément.

Alors, étonnant ce classement ? Pas si étonnant que cela finalement !

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