La maison ne brûle pas, mais elle est vermoulue de dettes
Les journées de la mer à Brest

Principe de précaution

Bombe Hier et aujourd’hui, un quartier de Brest est clos pour raison de déminage. Comme le 2 août dernier, les 15, 16 et 22 août toute une partie de la ville est et sera évacuée afin de procéder à des déminages possibles de bombes laissées suite à la dernière guerre, sur des terrains en cours de « nettoyage pyrotechnique » avant construction.

Le 2 août, 16 000 « personnes potentielles » furent forcées d’évacuer leur logement de 7h à 19h. Je dis potentielles car certaines personnes (comme moi) avaient la chance d’être parties en vacances ce jour-là.

Ces évacuations sont faites au nom du fameux principe de précaution, mais il serait bon de se poser parfois quelques questions sur le rapport risque, désordre, coût de ce type d’opération.

Il ne s’agit pas de dire qu’il ne faut évacuer personne et ne rien faire en terme de gestion des risques, mais l’évacuation de 16 000 personnes n’est pas une anecdote non plus (plus de 10% de la population brestoise). Que dire de procédures d’évacuations différentes entre terrains militaires et terrains civiles quand ces terrains militaires sont au cœur d’une même ville. Par exemple, en site militaire, on évacue sur simple présomption, quand en ville il faut avoir vu la dite bombe pour déclencher la procédure. Que dire des découpages de périmètres d’évacuation où les voisins d’une même barre d’immeuble sont pour certains obligés de partir et pour d’autres autorisés à passer une journée tranquille. Que dire enfin du jeu de patate chaude auquel l’Etat joue avec les factures à payer pour ce type d’opération qu’il supervise.

Est-ce que tout cela est bien raisonnable et bien raisonné, je ne le crois pas. L’usage du principe de précaution à grands coups (ou coûts) de projecteurs médiatiques me semble plus relever d’un mauvais usage du pouvoir étatique que d’un véritable penchant pour le zéro risque et la préservation absolue de la santé de nos concitoyens. Le danger potentiel, le risque est utilisé pour mettre en valeur ceux qui le maîtrisent, ceux qui ont droit à en parler et l’opération théâtralise le soin porté à la population face à un risque, quel qu’en soit le coût final (est-il compté quelque part d’ailleurs !) pour la population : le contribuable.

Je crains que nous soyons sur le même syndrome que pour la grippe A/H1N1. On prend plaisir à se faire peur avec des chiffres et des hypothèses effrayantes parce que non mises en perspective et on ne compte pas à la dépense afin de témoigner d’une volonté protectrice pour la population. Qui profite de cela ? Trois acteurs : les "cassandres", les protecteurs et l’économie que cela fait tourner … dans le cas de la grippe A : certains spécialistes, le gouvernement et des labos. Des voies commencent d’ailleurs à se faire entendre pour qualifier le caractère irraisonnable de la réponse : cette grippe n’a tué que quelques centaines de personnes dans le monde quand une grippe classique peut en tuer 5000 par année, rien qu’en France ; les improbables montants déjà dépensés par précaution deviennent quelques peu démesurés et décalés lorsque l’on sait ce qui est mis pour des maladies telles que le paludisme ou le sida … des maladies qui tuent massivement et de façon avérées, elles.

Si nos dirigeants veulent commencer honnêtement et sereinement avec le principe de précaution, alors qu’ils ferment les salons à UV puisqu’ils viennent d’être jugés scientifiquement cancérigènes, qu’ils renforcent la lutte et la prévention contre le tabac et l’alcool au lieu d’assouplir la pub sur le sujet, qu’ils regardent de près les problèmes sur les OGM ou le nucléaire, ou encore, qu’ils combattent vraiment l’obésité puisque c’est un critère aggravant de la grippe H1N1.

Ce siècle a commencé par la plus grosse arnaque au principe de précaution : le bug de l’an 2000. Des milliards ont été dépensés pour combattre le virus le plus prévisible qui soit, tout en effrayant le monde entier sur une improbable fin du monde numérique : un crash informatique géant. A l’heure dite, j’étais sous la tour Eiffel et il y bien eu quelques explosions, mais ce furent celles d’un gigantesque feu d’artifice … ni celle de la fin du monde, ni celle d’une bombe !

Il y a tant de causes sérieuses et à très gros enjeux qui nécessitent d’urgence que nous prenions plus de précautions que la première et la plus basique des précautions serait de savoir si nous dépensons notre argent pour la bonne cause.

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