Politique : les conflits d’usages
Rapport 2010 du Médiateur de la République

Politique : penser et panser la société

Pansement Faire de la politique nécessite par définition de faire des arbitrages et aucun n’est facile [lire note sur les conflits d’usages]. On dit d’ailleurs de façon imagée : trancher sur un dossier ou sur un sujet. Le premier rôle du politique est donc de réfléchir à la meilleure organisation de la société, de l’espace, de l’économie, de la justice, etc… et de décider en fonction de ce qui lui semble être le meilleur respect de l’intérêt général. Mais cela ne s’arrête pas là.

Trancher, c’est aussi nécessairement faire des déçus, faire mal, au sens où ces arbitrages peuvent être accueillis douloureusement par certains. Même si la décision nous aura semblé plus juste, qu’elle aura été prise sous la contrainte financière ou simplement parce que la société ne semblait pas prête du fait de son histoire, chaque arbitrage possède une contrepartie négative. Des personnes ne se reconnaîtront pas dans cette décision et potentiellement la subiront, voire en pâtiront. Chaque choix ou décisions politiques créent ainsi des lignes de fractures, des lignes de tensions dans la société qui, souvent d’ailleurs, se rajoutent à celles héritées de l’histoire.

Le second rôle du politique n’est pas du second ordre. S’il doit penser la société, la réfléchir en terme prospectif, il doit aussi panser les lignes de fractures de celle-ci. Il doit faire en sorte d’apaiser ce qui fait tension et doit porter une attention toute particulière à ne pas attiser, par son discours ou ces actes, les foyers de tension qui coexistent forcément.

Il n’est pas nouveau que des politiques jouent de ces divisions pour en tirer un profit personnel (souvent court terme d’ailleurs). « Diviser pour mieux régner » reste une vieille règle de stratégie qui n’a pas pris une ride, dans le monde politique et bien au-delà ! Pour autant, ce ne doit pas être une règle de conduite et les électeurs devraient sanctionner ceux qui en usent, car ce ne sont jamais ceux-là qui amènent à construire l’intérêt général.

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