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Repenser la gauche - Décentraliser, jusqu’au bout !

On a coutume de parler de décentralisation dans un seul rapport Etat / Collectivités locales. C’est un regard réducteur. La décentralisation ne devrait pas avoir de limite et peut être appliquée à toutes les échelles, y compris les plus petites.

Aujourd’hui, notre structuration politique s’articule autour de l’élection. Un arbitrage collectif (de moins en moins collectif d’ailleurs) qui donne le pouvoir à certains, pour agir au nom des autres. C’est le modèle représentatif : une forme de délégation, à durée déterminée.

Ce mode de fonctionnement était plus facilement accepté dans un monde où les connaissances et l’information circulaient lentement et n’étaient pas réparties de façon homogène dans la société. Si le pouvoir tenait en partie sur la capacité à détenir l’information que les autres n’avaient pas, ce temps est révolu. Aujourd’hui, nous sommes passés à « l’ère de l’omniscience ». Les citoyens sont plus formés et mieux informés. L’accès aux savoirs est en libre-service, les grands journaux médiatisent les guerres comme les faits divers quasiment en temps réel, et même les intrigues internes aux appareils politiques finissent dans l’heure sur Twitter !

Ce nouvel état de fait à considérablement réduit l’écart entre le citoyen lambda et le décideur. Le citoyen a rompu sa dépendance aux hommes de pouvoir pour alimenter son propre jugement, sa propre connaissance des faits. Il est devenu autonome et par là-même a gagné la liberté de donner son avis.

Cette autonomie est toute relative du fait de la qualité de l’information recueillie et de la capacité de traitement de toutes ces données. Si l’on peut avoir accès à toute l’information rapidement, la manipulation est aussi facilitée. Mais ce sentiment d’omniscience ouvre un nouvel horizon individuel. Le citoyen refuse de n’être plus qu’un pion dirigé au bon loisir de politiques qu’ils désignent. Il veut devenir plus acteur et vit comme un abus de pouvoir le refus du politique à lui laisser une place dans la décision.

De son côté, le politique ne s’en sort plus de cette contradiction d’un citoyens qui demande à la fois aux politiques d’être « homme providentiel » pour résoudre les problèmes de la société, tout en faisant face à une multitude d’avis divergents, qui demandent tous à être pris en compte individuellement.

Nous sommes clairement dans une phase de transition. Nous restons les descendants d’un modèle de pilotage hiérarchique, pyramidale, mais nous aspirons de plus en plus à être pris en compte individuellement.

Nous ne ferons pas marche arrière, sauf à tomber sous le coup d’un modèle autoritaire qui n’est pas souhaitable. La question est donc de savoir comment et vers où on avance.

Deux points peuvent être relevés.

Il est d’abord illusoire de penser que chacun peut décider de tout. C’est dans ce cadre qu’il nous faut réfléchir au principe de subsidiarité : quel type de décisions, d’arbitrages, pour quelle échelle de prise de décision ? Depuis l’individu jusqu’à l’état, il y a le choix !

Le second point est plus ardu, il est sur la méthode de délibération.

Il n’y a pas d’enjeu à recueillir des avis. La seule vraie difficulté réside dans la mise en cohérence et en actes de l’ensemble. Si l’on ne veut pas que la société se transforme de façon chaotique, il faut bien que certaines décisions soient prises et appliquées collectivement.

Aujourd’hui, le modèle de prise de décision est principalement basé sur le rapport de force : on donne un pouvoir supérieur à une ou plusieurs personnes et ensuite ceux-là décident. C’est vrai en politique, mais c’est aussi vrai dans le monde de l’entreprise, ou dans l’associatif. L’accès à ce pouvoir donne souvent d’ailleurs lieu à quelques luttes, visibles ou invisibles. Nous sommes dans un modèle de pouvoir qui se conçoit d’abord par un rapport de force.

Notons d’ailleurs que plus ce pouvoir a été acquis sans que ce rapport de force soit bien tranché et plus le responsable en question sera qualifié de faible et donc, risque d’être mis à mal par des acteurs qui tenteront de le déstabiliser en jouant eux-mêmes de leur rapport de force.

Mais ce modèle ne peut pas être décliné à l’ensemble de la société. C’est bien cela le point bloquant d’un point de vue méthodologique, nous ne pouvons pas mettre la société en tension continuellement entre les différents acteurs individuels. Le jeu de pouvoir actuel ne peut exister que s’ils se jouent sur un petit nombre d’acteurs qui se renouvellent.

Décentraliser le pouvoir, donner du pouvoir aux citoyens est une aspiration collective de notre socièté moderne à laquelle il nous faudra répondre. Cela repositionne le rôle des politiques autrement, mais cela nécessite aussi que nous innovions sur des modes de délibérations nouveaux, qui ne fassent plus intervenir le rapport de force, mais qui permette à un collectif de se construire ensemble.

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