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Le quatrième pouvoir en question

France-24-journalNous vivons une période complexe à décrypter. Une façon facile de faire serait de choisir un bouc émissaire et tirer dessus, en espérant que les problèmes partiront avec. C’est le principe du « Holland Bashing », une lecture simpliste de ceux qui n’ont pas grand chose d’autre à proposer. Penser que l'on règlera un seul problème ainsi est une croyance qui rejoint celle de l'autruche, quand elle se met la tête sous terre !

Nous vivons une crise politique systémique, c'est-à-dire que le problème ne s’incarne pas dans un homme, mais dans des institutions et des fonctionnements institutionnels.

On parle souvent de l’impuissance de l'exécutif et de son Président, pensé comme un homme providentiel qu’il ne sera jamais. On parle de la médiocrité des législateurs, trop souvent jalousement décrits par le prisme de leurs avantages ou de ceux qui fraudes et baignent dans les affaires, sans jamais vraiment montrer la réalité de leur fonction et de leur engagement. Mais on ne s'autorise guère à porter une analyse sur le 4ème pouvoir : la presse les médias.

Pourtant, dans le contexte actuel, on pourrait se demander à quel jeu ils s’affairent. S'ils sont ce 4ème pouvoir (politique), c'est bien que leur fonction est reconnue dans le système démocratique. C'est bien que leur influence, leur rôle social est central dans la stabilité du pays et l'activation des politiques publiques.

La question n’est pas de remettre en cause la liberté de la presse ou la qualité du travail des journalistes. La question est de s’autoriser à chercher à comprendre ce que le 4ème pouvoir produit par ses choix éditoriaux, dans l’équilibre des sujets traités et aussi l’angle qui est pris pour le faire.

 

La presse est-elle dans son rôle quand elle fait régulièrement et méthodiquement l'état des opinions défavorables sur un chef de l'État, élu démocratiquement pour une durée déterminée ? La presse est-elle dans son rôle lorsqu’elle donne l’impression de rejouer une élection, hors campagne électorale, à coup de sondages sur des échantillons de 1000 personnes ? La presse est-elle dans son rôle lorsqu’elle se substitue à la justice et se fait la caisse de résonance des malversations d'hommes politiques peu scrupuleux ? La presse est-elle dans son rôle lorsqu’elle déconstruit chaque discours politique dans les secondes qui suivent leur expression ? La presse est-elle dans son rôle lorsqu’elle se fait avant tout l’écho des cassandres plus que des visionnaires ou des initiateurs ?

Autant de questions qui peuvent être posées dans le contexte actuel.

Si la liberté de la presse est un principe fondamental de la séparation des pouvoirs, la réciproque n’est-elle pas vraie aussi ? Remettre en cause la légitimité d’un chef de l'État à coup de sondages ou de focus sur sa vie privée, est-ce une bonne façon de faire vivre la démocratie ? Vouloir faire la justice à la place des juges en prenant à témoin l’opinion publique, est-ce une bonne façon d’alimenter la réflexion dans une démocratie ? Empêcher le pouvoir en place de construire des éléments de compréhension et de mobilisation autour d’une politique, est-ce une façon d’autoriser un pays à se réformer ?

Il ne m’appartient pas d’y répondre, mais une chose est sûre, lorsque le débat politique tombe jusqu’à faire la part belle à des polémistes qui remettent en cause l'histoire du régime de Vichy et lorsque les urnes se remplissent à nouveau de bulletins des héritiers du national-socialisme du siècle passé, ce n'est pas au seul Président de la république de se poser des questions, mais à l'ensemble des quatre pouvoirs et aux responsables qui les contrôlent.

Chacun à une place, chacun joue un rôle essentiel, et l’un n’est pas moins responsable de la situation générale que les autres.

En gagnant sa liberté et son autonomie, la presse et les média ont aussi acquis une responsabilité dans le fonctionnement politique du pays. Leur rôle ne se résume pas seulement à une dimension économique : faire de l’audience, pour ensuite faire des profits par les différents supports disponibles.

Du fait de la multitude des informations et des canaux qui les remontent, le rôle du 4ème pouvoir n’a jamais été aussi grand dans la médiation entre les responsables politiques élus et la population. Comme chacun des trois premiers pouvoir, son action doit être portée par une vision pour la société, une volonté de transformation qui guide ensuite une ligne stratégique globale. La crise politique actuelle ne trouvera pas de réponse sans que la réflexion ne soit portée aussi à ce niveau-là.

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