Et si on inventait un centre-ville « bas carbone » pour demain à Brest ?
Et si on repensait le musée des Beaux-arts de Brest ?

Et si on expérimentait la gratuité du transport public en centre-ville de Brest ?

Csm_siam2_jyg_jy23689_92ba0673d2La gratuité des transports publics est un sujet de débat dans les grandes villes françaises et celles qui en parlent le plus sont souvent celles qui n’ont pas le plus brillé sur le sujet par le passé. Elles partent souvent d’une fréquentation basse (voire très basse) qu’elles dopent par de la gratuité.

Brest est une métropole qui a jusqu’ici misée sur l’investissement dans son réseau de transport collectif pour développer sa fréquentation. Miser sur la qualité plutôt que le coût pour l’usager est donc plutôt un pari gagnant (et attendu par les citoyens1) puisque la fréquentation ramenée au nombre d’habitants de notre métropole est même toujours au-dessus de villes ayant instauré la gratuité.

La fréquentation d’usagers d’un réseau de transport en commun est le bon indicateur pour juger à la fois de l’impact positif environnemental, mais aussi du service rendu à l’usager des transports publics urbains. Faire une gratuité totale sur Brest reviendrait à se couper de plus de 12 M€/an de recettes qui rendrait plus difficile la poursuite de l’investissement sur de futures lignes (Bellevue et Lambézellec).

Pourquoi parler de gratuité sur le centre-ville alors ?

Nous n’en avons pas nécessairement conscience, mais nos villes se sont façonnées au travers des époques en fonction des flux qui les traversaient. A la reconstruction, la morphologie urbaine de Brest a été pensée en fonction d’un développement de l’automobile. Plus récemment, l’extension urbaine est clairement la conséquence d’une mobilité facilitée par le développement de plusieurs voitures individuelles par foyers par exemple. C’est vrai aussi pour les périodes passées.

Afin de repenser le centre-ville, il faut d’abord questionner les mobilités et les externalités négatives liées à celle-ci.

Contrairement à d’autres grandes villes, le centre-ville de Brest a la caractéristique d‘être longiligne et de laisser une grande place à la voiture pour y accéder. Pour améliorer la qualité d’usage en centre-ville, il faut tout à la fois épaissir notre centre-ville (de part et d’autre des axes Siam et Jaurès) et y apporter des aménités pour ceux qui y viennent. Il faut travailler l’attractivité de notre centre-ville.

Le paradoxe de notre centre-ville est que ce qui l’irrigue : la voiture, est aussi ce qui empêche de créer de la plus-value qualitative. On a pu mesurer l’amélioration de la qualité de l’espace public avec l’arrivée du tram sur Siam et Jaurès, mais il y a une limite au report du stationnement. Quand on écoute les acteurs et les usagers du centre-ville, il faut tout à la fois redonner des espaces qualitatifs et végétaliser plus un hyper-centre vécu comme trop minéral, mais aussi ne pas supprimer les places de stationnement qui permettent aux habitants de se garer à proximité de chez eux et aux commerçants de faciliter l’accès à leur commerce.

Une solution pour sortir de ce dilemme et desserrer progressivement la pression de la voiture sur le centre-ville serait d’expérimenter la gratuité des transports publics en hyper-centre afin d’éloigner les espaces de stationnements, tout en maintenant un accès aisé et gratuit à l’hyper centre, d’un bout à l’autre.

L’expérimentation pourrait commencer sur un faible nombre de stations de l’hyper-centre et sur des portions de lignes drainant des espaces de stationnement déjà existants en proximité du centre.

A terme, une nouvelle organisation des flux de déplacement pourrait exister sur le centre-ville. Plus d’espaces pour les modes doux : marche à pied, vélos, trottinettes, ainsi que les aménagements nécessaires qui vont avec. Pourquoi pas plus d’espaces d’auto-partage entre habitants du centre-ville aussi.

Plus d’espaces aussi pour la nature en ville sur des lieux gagnés sur le stationnement reporté plus loin.

Enfin plus d’espaces piétonniers donnant une plus grande liberté d’animation aux commerces dans le centre-ville. On peut ainsi imaginer un axe rue Louis Pasteur qui irait avec le projet de requalification des halls et de l’espace Saint Louis et un travail sur le Square Marc Sangnier. Mais on peut aussi imaginer un travail sur la requalification de la rue de l’Amiral Linois, allant avec la requalification de l’espace devant le Musée des Beaux-arts.

Cette évolution des flux irait de pair avec un travail de concertation sur les modalités de stationnement dans le centre-ville, tant pour ceux qui y habitent que pour ceux qui y travaillent ou y ont des obligations. Tout cela doit se faire dans une acceptation collective d’un intérêt compris et partagé pour le centre-ville de notre métropole.

Même si elle serait très inférieure à la gratuité totale, cette expérimentation d’une gratuité sur le centre-ville aurait un coût. Comme tout le temps en politique, il s’agira d’en mesurer les bénéfices, tant pour l’attractivité que pour la transformation de notre centre-ville. C’est un choix, mais l’appropriation d’un cœur de métropole aura de toutes façons un coût.

-

1/ Sur la gratuité des transports publics, je recommande l’article récent de France 3 sur la gratuité de transports publics à Clermont-Ferrand. Cette métropole a une taille et une fréquentation de son réseau de transport public proche de notre métropole. Elle travaille sur la gratuité depuis un certain temps. C’est un cas d’école intéressant à observer.

Commentaires