Et si on faisait de Brest une capitale de la lutte contre les inégalités ?
Et si on donnait la possibilité aux habitants de se créer des tiers lieux citoyens de quartier ?

Et si on pensait la proximité en fonction du vécu des quartiers ?

PSA-ERCS_Pictogrammes - Engagement_ProximitéLe lieu où l’on vit, son quartier est à la fois une source d’identité, un espace de services et une sphère de rencontre au quotidien. L’émergence des mobilités puis des communications modernes ont eu tendance à effacer les logiques de proximité au profit de logiques de réseaux ou d’intérêts. Des relations inscrites dans un espace toujours plus large, voire aujourd’hui mondial.

Pourtant, cet espace de proximité est un facteur de bien-vivre dans la ville. Comment reconstituer cet espace de proximité aujourd’hui pour demain ?

La proximité a surtout été prise par le prisme des services administratifs que l’on devait produire pour les habitants. C’est sur cette logique qu’ont été mises en place des mairies de quartier. Mais cette façon de voir dessine des territoires de plus ou moins 20 000 habitants sur Brest, ce qui ne correspond clairement pas à un vécu de proximité.

La proximité vécue est plutôt celle à l’échelle d’une école, d’une boulangerie, d’un jardin public, d’un bureau de tabac. Elle est là l’échelle du quotidien des habitants, où des jeunes jouent ensemble, où des mêmes personnes se croisent régulièrement et se disent bonjour, se rencontrent et tape la discute, partagent des intérêts communs de la vie de tous les jours. Elle se joue probablement à une échelle de 6 000 à 8 000 habitants, peut-être moins parfois.

Pourquoi cette échelle est importante. Parce que c’est aussi celle de la compréhension, de l’action, de l’engagement, de la solidarité, de l’entraide, de la coopération et de la rupture de l’isolement.

Les citoyens ne peuvent se mobiliser à des échelles qui les dépassent. Ainsi on observe un retrait de l’engagement autour de la vie de la cité quand l’échelle est trop grande, trop large dans nos grandes cités. Le citoyen délègue alors à la puissance publique ce qui n’est pas « chez lui ». Une France des propriétaires qui porte un regard toujours plus critique sur cette copropriété qu’est l’espace public et sur laquelle il méconnaît ce qui y est fait. Les responsables politiques se sont d’ailleurs plutôt satisfaits de cet état de fait qui leur conférait une image de chef d’entreprise dans une société qui idolâtrait les responsables économiques. Mais à sous-traiter la question publique, politique et le sens de l’intérêt général, on perd la compréhension, la motivation, les énergies, l’imagination, l’envie et aussi l’altruisme.

La proximité, c’est cette échelle qu’il nous faut repenser, expérimenter à l’horizon nouveau de tout ce que nous a apporté la modernité. C’est l’échelle de demain pour répondre à ces nombreux enjeux. Mais ce sera surtout l’échelle d’un bien-vivre partagé dans son quartier. Nous devons redonner du pouvoir d’agir aux habitants à cette échelle-là.

Nos grandes villes ont un caractère aliénant et déresponsabilisant, comme tous les grands systèmes organisés qui dépasse la compréhension humaine dans leur globalité. Il nous faut trouver de nouvelles échelles et des modalités pour retrouver des dynamiques et de l’autonomie sur l’espace public, au plus près des vécus des habitants. Cela sera cela la proximité qui portera un sens.

Commentaires