Droit de réponse à Ouest-France
Des citoyens plus matures dans une démocratie en déclin

Réponse au « droit de réponse » de monsieur Salami

Réza SalamiChose promise, chose due dit un proverbe populaire ! À la suite de mon avant-dernière note : Faux témoignage en Conseil muncipal de Brest, traitant des contrevérités exprimées publiquement par monsieur Salami sur l'affaire Vivre à Brest, celui-ci m'a répondu sur Facebook (ici), mais aussi dans les commentaires de ce blog, sous la note en question. Je lui ai promis une réponse au titre d'un débat sur ce que nous avançons chacun comme arguments. J'honore donc ma promesse ci-dessous !

Avant de commencer, je salue le courage de monsieur Salami à s'être autorisé cette réponse à ma note. La majorité municipale actuelle brille par son silence et son absence de réponse à des questions éthiques. Actons au moins que lui s'y est essayé.

Monsieur Salami valide ce que j'ai dit

Le premier point intéressant de son propos en réponse, est qu'il valide en creux ce que j'affirmais en clair dans la note en question.

Si l'on reprend l'enregistrement vidéo du Conseil municipal (ici), monsieur Salami dit clairement :

« Je voudrais apporter mon témoignage en tant qu’un de vos adjoints, monsieur le maire. Je ne faisais pas partie de cette association. Vous ne m'avez jamais menacé, je n'ai jamais subi de contraintes, de « prisonnement » et j'ai continué à exercer comme adjoint auprès de vous et de mes collègues depuis 2008. »

Dans sa réponse à ma note, monsieur Salami exprime bien d’autres choses :

« J’ai été élu en mars 2008 et ai découvert cette association et sa pratique de redistribution. Je l’ai contestée et combattue, notamment auprès de vous et de Marc Coatanéa, alors responsable du PS. J’ai, comme vous le dites aussi, contacté un avocat qui, après plusieurs mois d’investigation, m’a indiqué que ce système n’était pas illégal. Près d’une année entière, je n’ai pas reçu un seul centime d’indemnité, ce que monsieur Masson a essayé de corriger par la suite.

J’ai aussitôt conditionné la poursuite de mon mandat au fait de ne pas appartenir à cette association et l’ai donc quittée.

Ce que je dis pendant le Conseil municipal, où il a été indiqué que les socialistes étaient menacés et contraints d’appartenir à cette association, c’est que ces neuf dernières années je ne faisais pas partie de « Vivre à Brest ». Le maire ne m’a pas retiré sa confiance pour autant. Mes délégations ne m’ont pas été ôtées. Preuve, s’il en était besoin, que j’ai pu agir en toute liberté et que je n’ai subi aucune pression. »

Monsieur Salami exprime donc clairement dans sa réponse le fait d’avoir « contesté et combattu » l’association et sa pratique de redistribution et avoir même « contacté un avocat » pour « plusieurs mois d’investigations ». Plus loin, il est bien avoué que ce ne fut que les neuf dernières années qu’il ne fit plus partie de l’association, c’est-à-dire qu’il en faisait partie avant, entre 2008 et 2014.

Détail de l’analyse, sa conclusion de n’avoir plus fait partie de l’association à partir de 2014 est toutefois un peu rapide et contestable. Le fait de ne plus avoir versé ses indemnités dans l’association n’est pas suffisant pour être considéré comme non membre. Le « président supposé », Alain Masson, ne versait plus à priori ses indemnités depuis 2001 et monsieur Cuillandre n’a jamais clarifié devant la justice s’il était resté membre ou pas de l’association, après 2001, bien qu’il n’y versât plus ses indemnités non plus. L’affirmation de monsieur Salami apparait dès lors un peu rapide, puisqu’il continua bien à bénéficier des réunions du groupe que l’association finançait. Comme je l'explique dans le premier chapitre du livre L'affaire Vivre à Brest, de nombreuses personnes (dont le maire) ont d’ailleurs expliqué devant la justice que l’association était confondue avec le groupe socialiste, voire le groupe de la majorité municipale, dont monsieur Salami ne peut nier avoir été membre.

Nous sommes donc très loin du sens des paroles tenues lors du Conseil, comprises aussi ainsi par les journalistes présents, affirmant face caméra, ne pas avoir fait partie de l’association depuis 2008 et ne jamais avoir subi de contraintes !

Actons que le propos de ma précédente note fut beaucoup plus proche de la vérité avouée dans sa réponse par monsieur Salami, que ses paroles en Conseil, dont j’avais osé critiquer la sincérité.

Mouiller n’est pas jouer !

Un point mérite cependant d’être corrigé dans ce propos de réponse, où il affirme avoir contesté le Vivre à Brest auprès de moi (et Marc Coatanéa). Je ne vois pas ce que je viens faire là-dedans, en 2008 ! Cette petite tentative de monsieur Salami de me mouiller dans le système en place est vaine et se retourne contre lui.

En effet, je n’ai pris des responsabilités au PS Brestois qu’en 2012 (non en 2008) et je n’ai aucun souvenir qu’il ait contesté auprès de moi son appartenance à cette association. Pour preuve, lors de l’appel à candidatures socialistes pour les municipales de 2014, monsieur Salami signa sans contestation, juste en-dessous de la mention : « Si je suis élu(e), je m’engage à être adhérent du groupe des élus socialistes et à lui verser intégralement mes indemnités. » En 2014, il n’y avait donc pas d’ambiguïté sur le fait que monsieur Salami accepterai d’adhérer au dispositif sur le mandat 2014-2020, comme tous les autres élus sortants se portant à nouveau candidat.

En revanche, ce que révèlent les derniers propos de monsieur Salami, c’est qu’en 2014, il semble y avoir eu des « petits arrangements entre amis » pour qu’il ne fasse plus partie de la mutualisation avec ses petits camarades socialistes. Un « passe-droit » négocié en off, dans le back-office opaque de l’association, sans que les autres élus ne le sachent. Le fait que monsieur Salami ne participe plus à la mutualisation ne fut ensuite évoqué qu'en cours de mandat et la nature de ses accommodements financiers ne fut connue qu’à la découverte des comptes de l’association.

Mais j’acte qu’en 2014, ce dernier signa son engagement à poursuivre le dispositif et qu’à ce titre, je ne vois pas quelle pseudo responsabilité il insinue pouvoir m’imputer.

Des arguments éculés, éléments de langage de monsieur Cuillandre

Pour le reste de la réponse et comme je l’ai déjà répondu rapidement sur Facebook, monsieur Salami ressort des arguments éculés, pour une large part repris d’éléments de langage du maire dans la presse :

Je n’aurai jamais contesté le dispositif : non, en effet, je l’ai même défendu dans deux notes sur ce blog ! Vivre à Brest nous était présenté comme un système de mutualisation, en ligne avec nos valeurs socialistes (et c’est ce qu’il a été sur la période où Pierre Maille fut maire). Il m’apparaissait donc en effet vertueux. Ce qui est critiquable et probablement condamnable, ce sont les dérives et les abus de confiance qui eurent lieux dans notre dos.

C’est le principe toute escroquerie que de cacher la vérité (et les quelques petits arrangements entre amis) derrière une belle vitrine construite pour séduire les pigeons. C’est bien cela qui constitue le renvoi en correctionnel aujourd’hui.

Je devrais rembourser le trop-perçu : tout système de mutualisation génère des gagnant et des perdants au niveau financier. Il n’y a pas d’exigence de remboursement. L'important est le respect des règles connues et collectivement fixées au départ. Mais peut-être que monsieur Salami souhaite demander à la CPAM ou à Pole Emploi de rembourser leur trop-perçu à tous ceux qui ont été malades ou chômeurs ... idem pour la retraite par répartition aussi ! C’est une proposition politique intéressante … pas très socialiste, mais intéressante sur le plan de la philosophie politique de son auteur !

Je n’ai pas déclaré les sommes réellement perçues au fisc : les impots sur les indemnités d’élus étaient prélevées à la source, sauf la dernière année. Il n’y a donc pas eu de gain ou de perte pour les prélèvements sociaux ou fiscaux. Cela a été clairement dit par le maire en conférence de presse, écrit par les élus de sa majorité dans leur réponse à la CRC, je suis aussi en ligne avec cela et le fisc n’a redressé aucun élu, à ma connaissance. Pas la peine de tenter de faire croire à de la fraude, là où il n’y en a pas.

Il m’est opposé que j’ai perdu la désignation interne au PS, face au maire : je rappellerai aimablement que cette désignation fut à mes yeux irrégulière et que j’ai depuis porté le sujet devant les tribunaux (voir ici). Nous en reparlerons bientôt (en détails), quand le jugement aura eu lieu sur ce sujet. Dans l’attente, le dernier congrès du Parti socialiste a donné un bel aperçu des « pratiques éthiques » dont certains responsables de ce parti sont aujourd’hui capables : mensonges, fraudes, menaces, etc … Je ne crois plus être le seul à déplorer et dénoncer des irrégularités lors des phases de désignation !

Il m’est opposé que j’ai rejoint ensuite une liste concurrente (Petite précision importante : après avoir refusé de me porter candidat sur la liste du maire sortant, mis en examen et briguant un 4ème mandat, interdit par les statuts du PS !) : ce reproche est un comble de la part de monsieur Salami qui fronda l’accord de la NUPES et se présenta face au candidat soutenu par le PS aux législatives de 2022, avec le soutien du maire et de celui qui me succéda en tant que responsable du PS Brestois, monsieur Guével. Je rappelle que, pour juste avoir rallié une liste écologiste de gauche, avec laquelle ils allaient fusionner au second tour, ces deux derniers exigèrent de ma part une démission pleine et entière du Parti socialiste. En 2022, monsieur Salami fut juste « suspendu » temporairement du Parti socialiste pour son « écart ».

Il y a bien deux poids, deux mesures à Brest. Une clé de lecture évidente à ce décalage est bien-sûr le soutien ou pas à monsieur Cuillandre. Aussi surement que celui-ci déchire lui-même les affiches de ses concurents, s'opposer au maire de Brest, c'est s'exposer à une violente chasse aux sorcières. Le PS Brestois n’est plus dans des fonctionnements de parti démocratique, ouvert au débat et géré par des règles collectivement partagées (statuts et règlement intérieur notamment). Il est dans un régime de baronies locales, soumis à des jeux de féodalité, à l’opposé des fondements émancipateurs de l’idéologie socialiste. Monsieur Salami, comme messieurs Cuillandre ou Guével, sont très mal placés pour parler d’honnêteté et de loyauté à leur parti … et je ne parle même pas des idées !

Pour ma part et durant toutes les années où je fus adhérent au Parti socialiste, je resterai honnête et loyal à mon engagement. Mais c’est vrai, pas à ceux qui tenteront de le pervertir par d’obscurs calculs et des pratiques trompant la confiance des militants sincèrement engagés. Chacun fait ses choix dans la vie, je ne regrette pas les miens.

Il m’est opposé que je n’aurai rien fait durant la pandémie, tout en percevant des indemnités de 7000 €/mois : argument déjà employé dans la presse par monsieur Cuillandre en septembre dernier (lui ne parlait alors que de 5000 € … cela doit être l’inflation !) J’y ai répondu en détail dans la note : Deux contrevérités et un aveu du maire, fin septembre 2022.

En synthèse, je n’ai jamais touché 5000 € et encore moins 7000 € et si je n’ai rien pu faire durant la pandémie, alors que j’étais encore 1er adjoint, c’est bien parce que je fus volontairement ostracisé et mis au placard durant toute cette période par monsieur Cuillandre et tous les élus candidats derrière lui. Certainement pas par une volonté de ma part. Les autres élus (dont monsieur Salami) le savent parfaitement bien, surtout les écologistes qui subirent cet état de fait tout comme moi. Une situation singulière qui n’arriva pas dans les autres grandes villes françaises, où un sursaut républicain pris le pas sur les petits calculs électoraux, face aux enjeux de santé publique de cette épidémie mondiale.

Et sur les indemnités, là encore, monsieur Salami est très mal placé pour critiquer. Je n’ai cumulé une double indemnité (portant mes indemnités à 3950 € net /mois et non 5000 ou 7000 €) que durant mes deux dernières années de mandats, à la demande de monsieur Cuillandre. De 2002 à 2017, j’ai touché les versements de Vivre à Brest, correspondant à un peu plus (15%) que mes indemnités de vice-président et d’élu municipal, sans jamais aucun cumul avec un mandat à un autre échelon territorial. La critique venant d’un élu qui cumula ses deux indemnités issues du bloc communal, avec celle du conseil départemental entre 2008 et 2021 est pour le moins original !

Enfin, il m’est opposé d’être un homme aigri, préférant jouer le rôle de justicier, de chevalier blanc, afin de ne pas me regarder dans la glace : Sympathique argument ! Mais là aussi, c’est le discours déjà employé par monsieur Cuillandre, auquel j’ai déjà répondu en septembre (ici). Faire porter le débat sur les sentiments de l’adversaire, pour éviter de donner des réponses factuelles, c’est de la petite rhétorique à deux balles.

Les faits que j’avance sont argumentés et vérifiables. On s’en moque qu’ils soient ou pas poussés par de la rancœur, du ressentiment ou de l’aigreur, comme il m’en est fait à chaque fois le procès, pour mieux détourner l’attention du sujet. Ce qui est intéressant, c’est la qualité des réponses. Objectivement, celles des socialistes brestois ne sont pas très robustes à la critique.

Au risque de me répéter, contrairement à ce que l’équipe Cuillandre colporte inlassablement à mon sujet, mon action n’est pas liée à des sentiments issus d’un passé commun peu reluisant, mais plutôt à une envie d’avoir dans le futur des représentants exemplaires, dignes de ce que l’on peut en attendre à Brest. Les citoyens de cette ville méritent mieux que ce théâtre, sans vie, sans envie, juste bon à proroger tous les six ans des privilèges envers des élus qui n’inspirent plus rien. Elevons le débat et laissons les sentiments au placard. Ils sont souvent l’apanage des populistes et non des progressistes.

Toutes ces reprises d’arguments déjà bien usés (et contredits par les faits) ne portent plus, en-dehors du petit microcosme, champion de l’entre-soi, qu’est devenu le PS brestois. Pas étonnant que monsieur Salami les répètent. Se mentir à soi-même fini par devenir la seule issue.

Une condescendance déplacée

Pour finir, je ne résiste pas au plaisir de répondre à la conclusion du propos de « Messire Salami ». Après son long commentaire (peu convaincant) sur Facebook, il se reprend par une double posture condescendante … qui correspondent finalement bien au personnage !

« Je n’ai pas l’habitude de participer à de vaines querelles en alimentant ces réseaux dits sociaux qui ne sont en réalité qu’un café du commerce à l’échelle mondiale. »

Puis me profère ce gentil conseil :

« Puisque visiblement vous avez du temps, je vous conseille de le mettre plutôt à profit en apprenant à écrire correctement cette belle langue qui est maternellement la vôtre ! »

Depuis de longues années déjà, l’expression « les réseaux dits sociaux » est LA formule de monsieur Cuillandre pour parler des réseaux sociaux et bien exprimer qu’il s’en tient éloigné (ce qui est une réalité dans son cas, puisqu’il soustraite cela à son Cabinet). La reprise de cette expression par monsieur Salami en dit long de son émancipation à son mai(t)re, en termes d’éléments de langage … et peut-être même de pensée ! Surtout lorsque l’on sait qu’au moins trois des précédents arguments furent des reprises de ceux du maire dans la presse.

Mais ce qui m’a le plus amusé, c’est l'usage de l’expression assez méprisante de « café du commerce mondial » pour les réseaux sociaux. Des modes de communication accessibles et populaires, utilisés tous les jours par une très grande partie de la population mondiale, jeunes ou moins jeunes, pour échanger et se parler … plus ou moins utilement, il est vrai. Les belles paroles qui sortent de la bouche de monsieur Salami seraient-elles trop importantes, trop précieuses, trop intelligentes pour figurer en pareil virtuels lieux ? On peut sincèrement en douter après l’argumentation renvoyée à Madame Malgorn lors du dernier Conseil municipal, sur l’affaire Vivre à Brest : un joli bobard (objet de la précédente note) et un joli bottage en touche issu du champ lexical des bars rennais : « la mère fouettard » ou « Bernis la matraque ». Là, on est dans du « café du commerce », homologué … Bien loin d’échanges dignes de ce nom en Conseil municipal !

Enfin, sur la petite pique horteaugrafick finale, je ne saurais trop lui conseiller de visionner cette succulente conférence TEDxRennes, faite par deux linguistes humanistes et humoristes, anciens professeurs de français : La faute de l’orthographe.

Il y découvrira peut-être que la complexité de la grammaire française fut au service d’une aristocratie des lettres, donnant aux élites, aux plus érudits, aux mieux éduqués, le droit de s’exprimer et aux autres, le devoir de se taire. Ils y expliquent d’ailleurs fort bien que l’orthographe est toujours utilisée pour disqualifier une pensée et qu’il s’agit, en soi, d’une forme de discrimination.

Je me permets de vous « spoiler » la fin de leur excellente intervention :

« Et si l'orthographe française était un dogme ? Quand vous faites une faute, on ne juge pas votre orthographe, on vous juge, vous, sur base de votre orthographe.

En 1694, dans les cahiers préparatoires du tout premier dictionnaire de l'Académie Française, il est écrit :

« L'orthographe servira à distinguer les gens de lettres, des ignorants et des simples femmes ». »

Je m’étonne donc qu’un « socialiste » puisse encore user de ce type d’argument, sans être vraiment étonné que monsieur Salami l’emploie !

Rassurez-vous, en tant qu’ancien dyslexique et probablement aussi dysorthographique, je suis parfaitement émancipé et décomplexé sur ce genre de remarques déplacées. D’autant plus depuis que je suis l’auteur d’un livre à succès ! Je compte bien continuer à m’exprimer, même si quelques malheureuses fautes signent mon propos et que quelques mauvais esprits me reprochent l'envie d'écrire. L'orthographe ne changera jamais le monde ... quelques pensées et bonnes idées, c'est moins sûr !

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Voilà, j’en termine-là, en espérant avoir complètement tenu la promesse d’une réponse argumentée, à la réponse de Messire Salami 😊

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