Fin de mandat à Brest métropole aménagement
Elargissement de la Métropole : pourquoi, pour qui et comment ?

Association d’élus ou association de malfaiteurs !?

Hier, le Télégramme publiait une page entière sur un « système » mis en place depuis 30 ans par les élus socialistes de Brest, sous la forme d'une association mutualisant nos indemnités. On y lit l'avis de juristes qualifiant d'illégal un fonctionnement qu'ils n'ont même pas pris eux-mêmes la peine d'étudier ou d'en questionner les responsables.

Derrière ces mots résonne une autre chansonnette : système opaque, association de malfaiteurs, argent sale, combines, etc ... Cet article a de quoi questionner le citoyen (à juste titre) sur ce que font leurs élus de l'argent public. Alors de quoi nous accuse-t-on ? De quoi suis-je accusé, moi qui suis un des membres de cette association ?

Je n’ai pas le sentiment d’avoir commis un acte illégal. Je n’ai pas non plus le sentiment d’avoir commis une faute moral. En début de mandat, j'ai autorisé la ville de Brest à verser mes indemnités d'élus sur le compte bancaire d'une association dirigée par des collègues élus, plutôt que sur mon propre compte. Cela ne s'est pas fait contre mon accord. J'ai signé en toute connaissance de cause un document autorisant ce principe, tout comme je l'avais fait lors de mes deux mandats précédents. Est-ce illégale ? J'en doute, ou il faudra le prouver un peu mieux qu'avec des bouts de phrases de juristes que l'on a été chercher à l'autre bout de la France. A-t-on manqué à une quelconque éthique ? Probablement à une éthique libérale qui considérerait la solidarité comme le renoncement à toute liberté individuelle, mais c'est assez loin de l'éthique qui est la mienne ! Je revendique d'ailleurs ma liberté individuelle à utiliser mon indemnité (qui est de l’argent privé une fois versée), comme je le veux. Je vais même choquer encore plus en vous livrant un nouveau scoop, les élus socialistes de la ville de Brest et du Finistère versent aussi (librement) un mois de leurs indemnités annuelle (8%) à un parti politique ! Délirant non ?

Cet article tente de faire du sensationnel avec du banal. Ainsi dit-t-il révéler le niveau d'indemnisation des élus qui est non seulement public parce que voté dans des délibérations du conseil, mais aussi que l'on retrouve très facilement sur internet (ici, ou encore ) puisqu'il s'agit de grilles fixées nationalement par la loi. Et oui, cela fait des grosses sommes quand on les multiplie par douze mois et par le nombre d'élus de la ville de Brest (qui plus est sur 30 ans, comme le fait sans aucune démagogie la droite brestoise ce matin dans la presse). Mais il s'agit d'indemnités que touchent tous les élus de France et l'article aurait pu d'ailleurs justement mentionner que les élus de la ville de Brest n'ont pas voté les taux maximums d'indemnités pour les élus, les adjoints ou même le maire, comme le font d'autres villes et comme l'autorise la loi.

Alors oui, les élus sont indemnisés et les montants des indemnités des adjoints et des vice-présidents qui avoisinent les 2200 € net par mois (une fois prélevées les charges sociales, la CSG et avant impôts) peuvent être considérés comme conséquents au vu du salaire minimum en France. Mais c'est regarder d'une façon bien polémiste l'indemnisation de personnes qui perdent leur salaire le temps de leurs absences de leur emploi pour remplir leur fonction d’élus ; qui font souvent l'impasse sur leur carrière professionnelle ; qui ne comptent pas leurs heures le soir sur des semaines à rallonge, le samedi, parfois même le dimanche ; qui ont des astreintes plusieurs semaines par ans ; qui font le bonheur des baby-sitters par leurs absences répétées de la maison pour assister aux réunions le soir ; qui ont le droit à quelques insomnies après des réunions publiques agitées ; qui se font interpeller dans la rue ou en allant au marché et au final, qui continent à s'engager pour répondre tant bien que mal aux enjeux de notre société et tenter, à leur échelle, d'améliorer les choses. Tout cela n'est jamais chiffré et probablement certains élus en font moins que d'autres, mais je trouve injuste de critiquer ceux qui mettent leur temps, leur énergie et tout une partie de leur vie au service de ce qui leur semble être l'intérêt général, sous prétexte de plaire à une société en quête de sensationnalisme, quand ce n'est pas tout simplement de boucs émissaires.

L'association dont l'article fait état n'est pas secrète et j'ai toujours été fier que les élus de Brest fonctionnent ainsi. Il s'agit d'un principe de solidarité afin de limiter les inégalités qui pouvaient exister entre élus. Mais c'est aussi une façon de se constituer une caisse commune à même de se donner des moyens collectifs dans l'exercice de nos mandats politiques et de permettre des temps en commun, soit de travail soit de convivialité, soit les deux en même temps parfois. Cela ne se fait pas sur le dos des contribuables puisque ces indemnités sont un droit de chaque élu en France, que chaque élu les perçoit et est libre de les utiliser comme bon lui semble. Simplement, fort d'une histoire ancienne de 30 ans, nous avons décidé de continuer à fonctionner ainsi. Cette caisse commune constitue une partie de notre modèle de fonctionnement. Parce qu'une équipe qui fonctionne bien, ce n'est pas une succession d'individualités qui cohabitent (je laisse la droite brestoise donner des exemples de ce que cela peut donner sur la durée !), mais bien un collectif qui partage des valeurs et des objectifs communs qui se construisent et se renouvellent ensemble dans le temps. A coup de réunions de « Team building », les entreprises ont bien compris cela depuis des années, les élus socialistes de Brest aussi !

Ce type d'article qui jette l'accusation sur des élus en faisant croire en des révélations mensongères ou déjà dans le domaine public n'est pas là par hasard. Il n'y a qu'à voir dès ce matin comment l'opposition s'est engouffrée, sans même savoir, dans ce filon polémique de politique purement politicienne.

Le doute paye toujours, il est sûr que cela fait vendre du papier, mais est-ce bon pour notre société ? La presse reste ce que l'on appelle le quatrième pouvoir dans nos démocraties modernes. Elle doit rester un espace d'information et de débat d'idées ou d'opinions, pas entrainer les citoyens dans des logiques complotistes qui n'ont pas lieux d'être et qui ne sont pas fondées. Je trouve triste que certains prennent le pas des populistes via leur plume journalistique, plutôt que d'essayer d'élever le débat collectif, dans une société qui en a toujours grand besoin.

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Article du Télégramme du 1er mars portant des accusations infondées ici.

Droit de réponse du 2 mars des élus de Brest (avec en bonus les élucubrations de la droite brestoise !)

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