Eric Roy écorne les certitudes affichées des Le Saint
dimanche 25 mai 2025
Il y a un mois, en mettant en ligne ma contribution à l'enquête publique sur le projet de nouveau stade au Froutven, j'étais loin d'imaginer qu'un des membres les plus éminents du Stade Brestois viendrait conforter mon argumentation dans le journal L'Équipe.
« Le club breton peut-il encore rêver de Coupe d'Europe ? Réponse cash [de l'entraîneur, Eric Roy] : « Malheureusement, non. On m'a fait part de l'état financier du club. Je ne pense pas qu'il y aura beaucoup d'investissement l'année prochaine au Stade Brestois. Et heureusement qu'il y a eu cette aventure en Ligue des champions, parce que je pense que s'il n'y avait pas eu, on aurait mis la clé sous la porte. Donc je pense que le Stade Brestois est pour l'instant condamné à déjà jouer son maintien. »
« Merci messieurs », a alors coupé l'attaché de presse. Les derniers propos de Roy rejoignent le communiqué diffusé il y a quelques jours par le co-président Gérard Le Saint, lequel appelait à repenser le modèle économique de son club. »
Article Éric Roy inquiet pour la situation financière de Brest
dans l'Équipe, le 15 mai 2025
Je ne suis pas un lecteur assez assidu de l'Équipe pour avoir vu passer l'article, mais des lecteurs de ce blog se sont chargés de m'en faire l'écho. Merci à eux pour cela.
Dans la contribution que j'ai écrite dans le cadre de l'enquête publique, si toute la première partie porte sur la nécessité et le montage du projet face à une rénovation de Le Blé, toute la seconde partie porte bien sur l'état du foot français, notamment financier, par suite d’années d’excès.
Le projet pharaonique de nouveau stade à Brest est à lire dans ce contexte, et le propos d'Éric Roy est pour le moins sans équivoque. Sans ces quelques matchs miraculeux qui ont propulsé le Stade Brestois en Ligue des Champions, le club « aurait mis la clé sous la porte. » Et, à la question : « Le club breton peut-il encore rêver de Coupe d'Europe ? », la réponse est sans ambiguïté : « Malheureusement, non. » CQFD
Fini le rêve. Attachez vos ceintures, parce que l'atterrissage va secouer un peu. Il va y avoir quelques turbulences !
Sauf que, côté décideurs locaux, cela ne bouge pas beaucoup. C'est le déni de la situation qui prédomine. À Brest, on continue à pousser les réacteurs vers un projet qui va au crash dans la décennie qui suivra l'inauguration en grande pompe de ce stade aux formes d'un bateau pirate (d'après l'architecte). Les 10 premières années permettront bien aux acteurs privés de récolter les bénéfices commerciaux du nouvel équipement, placé dans un lieu stratégique et sans aucune contrainte commerciale, mais pour la suite et les dettes, les Brestoises et les Brestois payeront. Et ils payeront chers.
À grand coup d'argent public (près de 50 M€ en investissement), nous allons financer un fiasco sportif qui handicapera les finances de la métropole pour 30 à 40 ans et qui, au passage, tuera le foot à Brest. Avis aux amateurs de foot et aux fans du Stade Brestois, après le crash, ne comptez pas remonter dans l'avion avant de nombreuses années. Au mieux, après le remboursement de la dette de ce pharaonique projet, qui est prévu en 2080 ! Et seulement si les municipalités futures priorisent la rénovation d'une enceinte au passé bien trouble, à coup de dizaines de millions supplémentaires, dans un contexte financier qui sera assurément très différent.
L’Arkéa Park semble bien parti pour devenir entre 2040 et 2050 l’épave du bateau pirate du Stade Brestois, échouée au Froutven, que les générations futures regarderont avec amertume et regret, en pensant à ces capitaines imbéciles, nourris d’égos et surtout de rêve de magots.
Grand merci à Éric Roy pour la sincérité de son propos, vite interrompu par l'attaché de presse du Stade Brestois, ce qui n'étonnera personne vu l'opacité entretenue par une poignée de décideurs, publics comme privés, autour de ce projet. On notera que les frères Le Saint ne l'ont ni attaqué pour diffamation, ni démenti, ni licencié. Au contraire, il s'est vu reconduire dans son contrat d'entraîneur.
La vérité paye, aurait-on pu en conclure un peu rapidement de cette histoire. Probablement pas ! Sans lui, les frères Le Saint auraient potentiellement mis la clé sous la porte, dès 2024. Ils ont eu au moins la sagesse de ne pas tuer leur poule aux œufs d'or… nourrie aux bons grains, à 70 k€/an tout de même ! Plus cher que les joueurs brestois qui ne sont « qu’à » 50 k€/mois en moyenne.