La stratégie du Projet

Macron parce que cest mon projet 2En 2017, Emmanuel Macron résuma sa vision politique par ces mots magiques « parce que c’est notre projet » et il fut élu. Avec l’habileté orale que nous lui connaissons, il projeta ses troupes et son électorat dans une perspective plus désirable que ces concurrents. Avant, il avait su s’affranchir du passif des partis et avait su rompre avec celui qui l’avait mis sur les rails politiques, un François Hollande au plus bas.

Cette stratégie du projet, utilisée en 2017, il est difficile de la lui reprocher. C’est le propre d’une campagne d’établir une compétition entre projets. Même s’il est vrai que certains partent avec plus d’handicaps que d’autres en la matière, Emmanuel Macron a su s’affranchir de cela et faire des propositions intéressantes, tranchantes, marquantes … notamment sur les retraites puisqu’il s’était engagé à ne pas relever l’âge.

Petit retour en arrière, quand Emmanuel Macron qualifiait d’hypocrite le fait de reculer l’âge légal à 64 ans.

Cette semaine, dans son allocution télévisée, le Président a dégainé à nouveau la stratégie du projet. Une stratégie politique très efficace, mais qui dévoyée, ne fait que creuser la défiance des Français envers ceux qui les dirigent.

La stratégie du projet est vieille comme le monde. Lorsqu’il y a un problème ou une tension dans le présent, elle permet de projeter les regards vers l’avenir. Basiquement, c’est l’habileté des meilleurs prestidigitateurs : distraire pour mieux passer son tour de passe-passe.

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Vivre à Brest : Vers un déni de justice ?

OFL’information est tombée en fin de matinée (ici) et a de quoi surprendre à plus d’un titre. Sous la plume des deux journalistes d’Ouest-France qui rapportent son propos, le procureur de la République de Brest, monsieur Miansoni affirme :

« Sur l’affaire Vivre à Brest, je suis en train de réfléchir à la façon dont la justice doit clore cette affaire. Les principaux protagonistes, ceux qui étaient au centre de l’histoire, ceux qui auraient dû être jugés, sont décédés. On ne va pas juger les morts. […] Faire comparaître le maire de Brest, François Cuillandre, seul, en audience publique, alors qu’il n’est concerné que par une toute petite partie du dossier me semblerait aujourd’hui bizarre et inadéquat ».

Plus loin, il dit se donner le temps de la réflexion pour « proposer la forme de justice la plus adaptée à la situation actuelle. »

Voilà un propos assez étonnant de la part d’un procureur de la République, dans le cadre de ce dossier qui concerne le 1er magistrat de la ville, le maire de Brest.

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Des citoyens plus matures dans une démocratie en déclin

IntersyndicaleLa loi sur l'allongement de l'âge de départ en retraite montre à quel point notre démocratie est en train de se transformer et aussi comment le pouvoir, les pouvoirs actuels, sont en décalage vis-à-vis de cette montée en maturité de l'écosystème qu’est une démocratique. L’affirmation d’un « déni de démocratie » traduit le sentiment d’une incapacité de nos dirigeants à s'ajuster à une attente collective et n’en faire plutôt qu’à leur tête. Cet état de fait et la violence qui en découle caractérisent un déclin du pacte social qu'est une démocratie.

Les réponses aux mouvements contre la réforme des retraites, comme celles face à la contestation des bassines ou sur des projets plus locaux, opposent l'opinion publique à la légitimité d'un processus, qualifié de démocratique.

Ainsi le président et le gouvernement se réfugient dans « le respect du cheminement démocratique » et l'usage d'une procédure d'exception qu'est le 49-3, pour justifier la légitimité de leur réforme. L'entourage du Président se drape dans la légitimité de l'élection pour défendre son projet : « si les gens ne voulaient pas des 64 ans, il ne fallait pas l'élire ». Depuis la Chine, mercredi dernier, Emmanuel Macron opposait même l’opinion publique à l’existence d’un Président de la République : « Si le rôle d’un président de la République est de prendre des décisions en suivant l’opinion publique, point n’est besoin d’avoir une élection présidentielle. Faites des sondages tous les mois, et un ombudsman [un médiateur] peut gérer le pays ». Enfin, de son côté, la première ministre osait faire un procès en illégitimité aux organisations syndicales qui parlait de démocratie, les reléguant au seul droit à avoir un discours sur les questions sociales.

Nous sommes en plein délire. La démocratie n’est pas la prérogative de certains ou d’un processus. Elle n’est pas une question privatisée, mais bien collective, publique. Elle est le lieu du débat et de la confrontation des idées. Le sens de la démocratie est bien une tentative d’alignement du pouvoir à l’opinion publique majoritaire. Dans une démocratie, faire croire que les processus et les rôles l’emportent sur l’opinion est un non-sens.

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Réponse au « droit de réponse » de monsieur Salami

Réza SalamiChose promise, chose due dit un proverbe populaire ! À la suite de mon avant-dernière note : Faux témoignage en Conseil muncipal de Brest, traitant des contrevérités exprimées publiquement par monsieur Salami sur l'affaire Vivre à Brest, celui-ci m'a répondu sur Facebook (ici), mais aussi dans les commentaires de ce blog, sous la note en question. Je lui ai promis une réponse au titre d'un débat sur ce que nous avançons chacun comme arguments. J'honore donc ma promesse ci-dessous !

Avant de commencer, je salue le courage de monsieur Salami à s'être autorisé cette réponse à ma note. La majorité municipale actuelle brille par son silence et son absence de réponse à des questions éthiques. Actons au moins que lui s'y est essayé.

Monsieur Salami valide ce que j'ai dit

Le premier point intéressant de son propos en réponse, est qu'il valide en creux ce que j'affirmais en clair dans la note en question.

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Droit de réponse à Ouest-France

Ouest France - Vivre à BrestIl y a presque un mois maintenant, le 28 janvier, le journal Ouest-France publiait un article « Affaire Vivre à Brest - Que contient vraiment le dossier ? ». Le quotidien régional ne lésinait pas sur les moyens pour augmenter la visibilité de son article puisque le titre apparaissait sur les trottoirs Brestois, comme la promesse de sulfureuses révélations sur « l'affaire du jour ».

Je n'ai évidemment pas manqué de m'intéresser à l’article en question, trop heureux que la PQR se saisisse (enfin) du dossier et s'y intéresse « vraiment ».

Si toute une partie repend le contexte de l’ordonnance de renvoi en correctionnel de François Cuillandre par la juge d’instruction, à la suite du même avis du procureur presque un an avant, trois éléments me choquèrent profondément à la lecture de l’article.

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Faux témoignage en Conseil municipal de Brest

Réza SalamiJeudi dernier avait lieux le Conseil municipal de Brest. Premier de l’année 2023, mais surtout, premier Conseil après l’annonce du renvoi en correctionnel du maire, François Cuillandre. L’affaire Vivre à Brest où il fut mis en examen, dès octobre 2019. Il aurait été surprenant que l’affaire ne soit pas évoquée à la suite de ce rebondissement, après 40 long mois d’attente. Aucun doute que chacun avait fourbi ses arguments, en prévision d’une passe d’armes attendue, lors du débat de politique général ouvrant chaque Conseil.

La presse locale s’en fait écho dans un article du Télégramme (ici) et un article du Ouest-France ().

Madame Malgorn semble avoir ouvert le bal en tirant une salve, pour le moins retenue, dont principal extrait cité est :

« Ce qui nous a choqués, c’est que nous avons découvert qu’un certain nombre de collègues élus étaient liés par des arrangements financiers de nature à aliéner leur liberté au sein de notre assemblée. »

Je ne sais pas si madame Malgorn a lu le livre que j’ai écrit sur cette affaire (ici), mais en effet, c’est le moins que l’on puisse dire.

Monsieur Salami semble avoir été l’élu désigné pour mener la contrattaque à l’interpellation du maire par son opposition et lancer un contre-feu pour détourner le sujet. Pour reprendre le propos rapporté dans le Ouest France, il aurait dit :

« Faux, répond l’élu socialiste Réza Salami : « Je ne faisais pas partie de cette association (Vivre à Brest, NDLR) et je n’ai jamais subi de pressions. J’ai continué d’exercer en tant qu’adjoint ».

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Le PS est-il devenu une imposture du socialisme ?

Php0HCESj - CopieDécidément, la semaine fut bien remplie. Après le renvoi au tribunal correctionnel du maire de Brest, François Cuillandre, dans l’affaire « Vivre à Brest » pour laquelle je suis partie civile (lire ici), voilà que le Parti socialiste apporte une démonstration éclatante sur l’absence de règles qui règne aujourd’hui en son sein, lors des élections. Etat de fait contre lequel, faute d’avoir été entendu en interne, je me suis élevé en assignant le Parti socialiste en justice (ici).

Dans cette période de manifestations contre la réforme des retraites, je pourrais parler de « convergence des luttes » (de « mes luttes ») contre ce qui s’est déroulé au Parti socialiste, à Brest et en Finistère, et qui semble bien avoir contaminé sévèrement le niveau national.

Les plus hauts responsables à la tête du Parti socialiste dénoncent aujourd’hui des fraudes lors de la désignation du Premier secrétaire. N’est-ce pas une fraude que j'ai moi-même dénoncée ? Une assignation balayée du revers de la main par les responsable locaux et nationaux fin septembre 2022, dans la presse locale (ici).

Malheureusement, toutes ces tricheries mises en lumière dans la presse cette semaine sont parfaitement connues et tolérées depuis longtemps. Ainsi en octobre 2019, lors de la désignation de la tête de liste aux municipales, voici quelques exemples amusants et éclairants de ce que je pus observer :

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Affaire Vivre à Brest : Renvoi en correctionnelle

Télégramme François Cuillandre renvoyé en correctionnelleLa nouvelle est tombée sans prévenir hier soir, à 18h, confirmée par un premier article du Télégramme, à 19h : « Le maire, François Cuillandre, renvoyé en correctionnelle ». Cette annonce était attendue depuis de long mois. Elle est une bonne nouvelle pour la santé de notre démocratie locale. Enfin la vérité sur cette affaire publique va pouvoir s’exprimer dans un cadre où la parole est véritablement questionnée, au regard des faits accumulés par le travail d’enquête de la police judiciaire, puis de la juge d’instruction.

Comme je le rappelle au tout début du livre que j’ai consacré à cette enquête (ici), l’affaire Vivre à Brest, c’est 4 ans de procédures, 57 auditions, 500 pages de procès-verbaux et 35 pages relatant le contenu d’écoutes téléphoniques. Et je ne parle pas de tout le travail fait pour démêler les comptes opaques de l’association. Il est donc très étonnant de lire à la fin de l’article du Télégramme la réponse de l’avocat de Monsieur Cuillandre suite à cette ordonnance de renvoi en correctionnelle :

« La juge a décidé de renvoyer mon client pour un motif finalement limité à une avance de 4 000 €, datant de 2012, et qui a depuis été remboursée […] par ailleurs ces avances étaient « pratique courante au sein de l’association. »

Qui peut encore croire qu’une juge renvoie en correctionnelle un maire/président d’une métropole pour 4 000 € emprunté en 2012 et qui aurait été remboursés ? Personne. Un tel préjudice relève d’un différend mineur, pas d’un renvoi devant une cour correctionnelle. La juge est par ailleurs plus explicite que l'avocat de monsieur Cuillandre dans son ordonnance :

« M. Cuillandre ne pouvait ignorer que Vivre à Brest n'était pas un organisme ayant vocation à distribuer des prêts, ni à consentir des avances alors même qu'il ne participait pas au système de mutualisation ».

Et la juge d'ajouter : « En acceptant ces avances et prêts, il recelait sciemment des fonds qui étaient détournés de leur destination par ceux qui en étaient dépositaires », évoquant un « dévoiement des fonds de l'association à des fins personnelles. »

Article du France Bleu (ici).

Depuis 2001, l’association Vivre à Brest a vécu sur une jolie fable de « mutualisation juste et solidaire, légale et vertueuse » racontée aux élus et aux proches du parti socialiste. Des personnes n’ayant aucune possibilité de vérifier les dires de ces « responsables » publiques, dans lesquels ils plaçaient leur confiance. Il semble clair qu’en 2023, la stratégie n’a pas changé d’un iota. Sans préjuger de ce que le procès délibérera, une jolie fable nous est encore contée aujourd’hui.

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L'affaire Vivre à Brest - Premiers retours de lecteurs

Fayret Thierry Capucins Ecrire le livre « L’affaire Vivre à Brest » fut un exercice solitaire. Après avoir rassemblé de nombreux documents, travaillé ma mémoire sur des évènements issus de différentes époques, réfléchi les situations et les interactions, le travail d’écriture est venu compléter la réflexion.

Au fil des mots, de nouvelles idées viennent, des relations, des liens qui n’étaient pas apparus juste avant. Un plaisir de l'exploration de la découverte digne de Sherlock Holmes : fouiller, poser, relier les faits et les récits contradictoires, dans le brouillard d'une histoire où chaque vérité affirmée peut être questionnée.

Mais au fil des pages, si l'enquête et le sentiment de s'être un peu plus rapproché de la vérité progressent, l’impression de se perdre dans son texte apparait aussi. Au final, il devient compliqué de juger ce que l’on a produit (d'autant plus pour un premier livre). Il devient difficile de prendre de la distance vis-à-vis des mots et des phrases que l’on a posé, modifié puis lu et relu parfois des dizaines de fois.

Rendre public, donner à lire est donc un exercice dont il est difficile de prédire l’issue. Des retours espérés, autant que redoutés. C’est donc avec appétit, mais aussi anxiété que l’avis de ses premiers lecteurs est attendu.

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Diffamation ou intimidation ?

Cuillandre-Francois-IMG_3050-002Lorsqu’un pouvoir en manque de légitimité est critiqué et que de bonnes questions commencent réellement à le déranger, il ne cherche pas à y répondre. Il faint d’abord de les ignorer, puis il réagit en lançant des procédures contre ses opposants. C’est ce que l’on appelle des procédures-bâillons.

Une procédure-bâillon, ou poursuite-bâillon ou poursuite stratégique contre la mobilisation publique est une action en justice visant à intimider et à faire taire un journaliste ou lanceur d'alerte ou à entraver la participation politique et le militantisme.

Il s'agit le plus souvent d’une poursuite civile en diffamation, intentée contre un individu ou un organisme ayant pris parti dans le cadre d’un enjeu public. Le concept inclut les menaces de poursuite. Le succès d'une telle opération n'est pas tant une victoire devant les tribunaux qu'une intimidation suffisante de la partie défenderesse (celle attaquée) et/ou un épuisement financier la réduisant au silence.

Wikipédia : Procédure-bâillon

Je ne fus donc pas très surpris de recevoir, le 1er décembre dernier, un avis de passage du facteur pour venir chercher un « recommandé avec avis de réception ».

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