La pol'éthique, une boussole pour la politique de demain
lundi 22 avril 2013
Il y a un ou deux ans, j’ai créé une nouvelle catégorie pour ce blog nommée « Pol’éthique ». L’ambition était alors plus orientée sur les thématiques du développement durable, sur la volonté de prise de conscience des enjeux, des crises qui nous font face, mais que nous n’arrivons toujours pas à regarder en face.
Le concept de pol’éthique traduisait la nécessité d’une sincérité dans le propos en politique, le fait d’arrêter de mentir aux citoyens sous prétexte de les caresser dans le sens du poil, de leur dire ce qu’ils voulaient entendre. Certains politiques finissent ainsi par devenir les paravents d’une société qui ne veut pas changer et qui attend qu’on lui renvoie une image rassurante d’elle-même afin d’éviter la remise en cause. Certes, le mensonge a quelques vertus sur le court terme, mais il est toujours désastreux sur le long terme.
La question de l’éthique en politique fait son grand retour avec l’affaire Cahuzac, sous une forme différente. Mais sur le fond, rien ne change. C’est la question de la sincérité de la parole politique qui est en question, avec son pendant, la confiance des citoyens dans la politique. Avec l’affaire Cahuzac, c’est tout le système qui est ébranlé, parce que le mal est plus profond que l’on ne le croit et qu’il a fini par fragiliser la société.
Depuis quelques années, les politiques et les médias sont tombés collectivement dans le piège du mensonge organisé. Je ne parle pas là des escrocs à la façon d’un Cahuzac. Non, il s’agit de bien autre chose, de plus sophistiqué, en lien avec les dynamiques comportementales collectives.
Du jour où des économistes se sont rendu compte qu’une absurdité prononcée avec aplomb devenait auto-génératrice d’un comportement pouvant aller à l’encontre des théories économiques, les discours ont évolué. Il ne s’agissait plus de dire la vérité dans les médias, mais de tordre la réalité pour entrainer les acteurs économiques dans un mouvement de masse. Ainsi est né l’optimisme farouche des économistes, de peur que la réalité n’entraine les masses dans une spirale négative pour l’économie.
Sauf que le système trouve aussi sa limite et que l’acteur économique, aussi petit soit-il, fini bien par se rendre compte que la réalité ne colle pas avec le discours. Il s’en suit une rupture de confiance, dans un climat beaucoup plus dégradé que celui du début. Il s’en suit une crise, dans laquelle la situation économique est devenue dure et avec des politiques dans l’incapacité de manœuvrer l’ensemble, tant la défiance et le cynisme se sont installés de part et d’autre.
La vérité n’est pas une option, elle est la seule façon de conduire durablement un collectif, sans reporter à plus tard les problèmes à traiter ensemble. Mais le corollaire à cela, c’est d’avoir aussi des citoyens adultes, en capacité à comprendre le monde qui les entoure et en capacité à accepter les décisions difficiles, celles qui ne font pas toujours plaisir à entendre et qui s’accommodent aussi parfois de renoncement.
L’un n’ira jamais sans l’autre, c’est au politique et aux citoyens d’aller vers plus de maturité, afin de répondre aux enjeux de ce siècle, mais aussi aux excès de la société dans laquelle nous vivons. Ces réponses, pour qu’elles soient acceptables, devront nécessairement intégrer un effort de chacun, allié à une solidarité sécurisante pour tous. Pour y arriver, il nous faudra probablement trouver les clés de cette pol’éthique.
[Image : Boussole de marky_mark444]