La vérité n'est pas le sujet !
jeudi 02 mai 2013
Je ne pensais pas si bien dire dans ma précédente note, en parlant de « mensonge organisé ». Un article du Nouvel Obs paru quatre jours plus tard, donne un éclairant témoignage sur ce monde paradoxalement obscur de la communication.
L’article [ici] traite d’Anne Hommel, la nouvelle communicante de Cahuzac (qui est aussi celle de DSK), après que celui-ci ait été lâché par Stéphane Fouks, patron de Havas Worldwilde (ex-Euro RSCG). Mais les méthodes sont exactement les mêmes. Anne Hommel est d’ailleurs une ancienne de l’agence de communication Euro RSCG, qui a fondé sa « propre petite entreprise » : Majorelle.
Dans son entretient, elle a cette phrase qui en dis long, surtout pour une communicante experte en éléments de langage : « La vérité n’est pas mon sujet ».
Nous sommes là dans un monde construit à partir d’éléments de communication et où la vérité, la réalité des faits n’importent plus vraiment. C’est l’établissement d’une forme d’intouchabilité sous couvert de la communication adéquat. Ce système génère ses perdants, ceux qui se font prendre et qui doivent ensuite changer d’agence de com. de façon à ne pas ternir la belle image de celles du front office. Mais l’entretient est révélateur de la réalité de ce microcosme.
On aurait tord de penser que le système politique est à la base de ce mensonge organisé. Au dire de Stéphane Fouks lui-même, le « conseil » au politique ne représente que 1% du Chiffre d’Affaire d’Havas Worldewilde. L’agence fait 99% de son CA avec des entreprises, publiques ou privées … avec, à n’en pas douter, des méthodes similaires sur le rapport à la vérité du propos : ils façonnent des images, quelle que soit la réalité du produit vendu.
Cette dérive d’une partie de la sphère politique n’est donc pas structurellement liée au monde politique, mais vient du monde économique. Un monde où le mensonge et le cynisme ont finalement eu raison de toute valeur morale. Un monde où l’intérêt général qui est le socle d'une société a été remplacé par des intérêts supérieurs économiques, bien obscurs. Un monde où l’argent à l’excès laisse à penser que les hommes ne sont plus tous égaux et qu’un bon mensonge vaut bien pour protéger ces soi-disant intérêts supérieurs. Un monde que le politique n’a jamais réussit à stopper et qui finit, par renoncement à ses propres ambitions, par déteindre sur lui, petit à petit.
C’est une posture dangereuse, car elle ternie toute l’image de la politique et devient, de fait, très toxique à l’idée même de démocratie où le peuple doit avoir la bonne information, pour faire les bons choix. Comme je le disais précédemment, il est donc urgent de travailler sur l'éthique en politique, mais aussi dans la société tout entière.