Violence

Violences urbaines : Vouloir la paix, est-ce vouloir la justice ?

649f01fe6c372c12b1033697Le 14 juin dernier, les lycéens français étaient mis à l’épreuve sur un sujet de philosophie qui allait donner toute sa dimension, seulement 13 jours plus tard.

On peut imaginer que les auteurs du bac philo 2023 : « Vouloir la paix, est-ce vouloir la justice ? » avaient alors en tête le conflit ukrainien et l’impossible justice d’un retour à la paix, face à un dictateur devenu criminel de guerre. Mais il est impossible de ne pas faire le lien entre la question posée à tous les bacheliers et les déchainements de violence qui arrivèrent dans de nombreuses villes de France, après la mort d’un jeune, en âge de passer le bac.

De nombreux articles ont été écrits ces derniers jours par des spécialistes de différents horizons et c’est assurément un apport à la réflexion collective (je mets en fin de note quelques-uns des articles les plus intéressants que j’ai pu lire). On ne peut donc nier que les problèmes ayant fait naître ces violences sont multifactoriels et agir que sur un seul axe ne peut donner de résultat.

Vu de ma fenêtre (qui est étroite, comme celle de chacun de nous, pris individuellement), au moins trois dysfonctionnements méritent d’être regardés dans les causalités profondes de ces violences urbaines.

  • La question centrale du rapport à la justice dans les inégalités.
  • La question de la doctrine de maintien de l’ordre ou de la paix.
  • La question du sensible dans nos quartiers prioritaires.

 

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Des citoyens plus matures dans une démocratie en déclin

IntersyndicaleLa loi sur l'allongement de l'âge de départ en retraite montre à quel point notre démocratie est en train de se transformer et aussi comment le pouvoir, les pouvoirs actuels, sont en décalage vis-à-vis de cette montée en maturité de l'écosystème qu’est une démocratique. L’affirmation d’un « déni de démocratie » traduit le sentiment d’une incapacité de nos dirigeants à s'ajuster à une attente collective et n’en faire plutôt qu’à leur tête. Cet état de fait et la violence qui en découle caractérisent un déclin du pacte social qu'est une démocratie.

Les réponses aux mouvements contre la réforme des retraites, comme celles face à la contestation des bassines ou sur des projets plus locaux, opposent l'opinion publique à la légitimité d'un processus, qualifié de démocratique.

Ainsi le président et le gouvernement se réfugient dans « le respect du cheminement démocratique » et l'usage d'une procédure d'exception qu'est le 49-3, pour justifier la légitimité de leur réforme. L'entourage du Président se drape dans la légitimité de l'élection pour défendre son projet : « si les gens ne voulaient pas des 64 ans, il ne fallait pas l'élire ». Depuis la Chine, mercredi dernier, Emmanuel Macron opposait même l’opinion publique à l’existence d’un Président de la République : « Si le rôle d’un président de la République est de prendre des décisions en suivant l’opinion publique, point n’est besoin d’avoir une élection présidentielle. Faites des sondages tous les mois, et un ombudsman [un médiateur] peut gérer le pays ». Enfin, de son côté, la première ministre osait faire un procès en illégitimité aux organisations syndicales qui parlait de démocratie, les reléguant au seul droit à avoir un discours sur les questions sociales.

Nous sommes en plein délire. La démocratie n’est pas la prérogative de certains ou d’un processus. Elle n’est pas une question privatisée, mais bien collective, publique. Elle est le lieu du débat et de la confrontation des idées. Le sens de la démocratie est bien une tentative d’alignement du pouvoir à l’opinion publique majoritaire. Dans une démocratie, faire croire que les processus et les rôles l’emportent sur l’opinion est un non-sens.

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La violence est le dernier refuge de l’incompétence

Ici vous avez toutLes vacances sont aussi le temps de prendre du recul et de réfléchir sur l’année passée. Le mouvement des Gilets jaunes en aura clairement été un marqueur fort. En plein cœur de l’été, le Monde a publié un article (ici) fort instructif par une analyse fine du mouvement à Bordeaux, considérer comme la « Capitale des Gilets jaunes ».

L’article met en lumière la fracture qui s’est installée entre les habitants de la périphérie par rapport au centre-ville (notamment des grandes métropoles). La phrase « Ici vous avez tout. Là-bas, on n’a rien » traduit bien à elle seule ce sentiment d’injustice et de relégation qui transpire des propos des manifestants. Une fracture construite d’une exclusion par le logement des habitants. Des centres-villes toujours plus agréables à vivre, où se côtoient la consommation, le luxe, la douceur de vivre, mais aussi l’immobilier spéculatif. Autour, des cités dortoirs où les habitants travaillent dans le centre-ville de l’agglo, mais se voient contraints à rentrer chez eux le soir venu, faute de moyen de partager cette vie parfois idéalisée.

Face à cette contestation, une volonté politique de dresser des murs par un courant sécuritaire affirmé (l’article le dit bien, mais plein d’autres reportages viennent témoigner de ces faits). Un gouvernement qui fera du maintien de l’ordre un écran de fumé pour nier cette montée des inégalités et taire le cri d’alarme de personnes descendues dans la rue parfois pour la première fois. Un recourt à la violence d’Etat, condamnée à de multiples reprises, comme pour mieux nier l’évidence de cette société de plus en plus divisée. Une façon tragique de défendre un modèle de société à bout de souffle.

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Terrorisme : la guerre de la pensée

Keep calm I m muslim not a terroristLe terrorisme n’est pas une guerre au sens propre, au sens historique du terme : entre états et armées, avec un objectif de lutte pour un autre territoire. Le terrorisme est avant tout une guerre de la pensée politique, instrumentalisée par la peur.

Le principe opérationnel du terrorisme, est la terreur. L’objectif est de marquer les esprits pour semer la terreur sur des actions revendiquées comme autant de victoires. Pour cela, tous les codes tombent. Toutes les lâchetés sont possibles voire nécessaires : attaquer les plus faibles, par surprise, pour que personne ne puisse plus se sentir en sécurité. L’objectif du terrorisme est d’atteindre trois objectifs : faire le plus de morts et de blessés, le faire savoir en le revendiquant (si possible avec un maximum d’images produites par les victimes elles-même) et faire que tout le monde se ressente potentiellement comme une cible.

L’objectif de Daesh n’est pas à court terme de conquérir des territoires en Europe. Les terroristes sont peu nombreux et, même si les images sont choquantes et les morts bien réels, ils sont aujourd’hui dans l’incapacité à nous infliger de lourdes pertes qui viendraient atteindre la capacité de la nation à se défendre, comme c’est le cas lors de conflits armés. Sur le fond, la stratégie de Daesh n’est pas de prendre notre territoire (ils ont déjà du mal à défendre le leur), mais de nous convertir à son modèle de pensée, qui est loin d’être que religieux.

La stratégie de Daesh en occident repose sur le concept de « réduction de la zone grise ». La « zone grise » est l’espace de coexistence entre croyants et incroyants, entre « fidèles et infidèles ». Un espace où les musulmans sont intégrés à nos sociétés, y trouvent leur place et s’y sentent chez eux. L’objectif du terrorisme est de réduire cet espace au profit de deux autres, celui de ceux qui les rejoindront dans une guerre du Califat contre l’occident et celui de ceux qui combattront ce Califat et tous ceux qui s'en rapprochent. Comme souvent dans les modèles politiques portés par des extrémistes, le modèle est binaire et tente de réduire tout ce qui ne l'est pas. Pour cela, l'acte de tuer n'est pas une fin, mais un moyen pour nous prendre à nos propres pièges. Il n'y a pas de victoire à tuer des faibles qui ne représentent pas en soi une menace. Il y a victoire des terroristes si cela conduit à produire de la radicalisation, de la discorde, si cela conduit à réduire un peu plus la zone grise. Les terroristes misent sur la préexistence d’un terreau xénophobe dans nos pays et de la fragilité de notre modèle démocratique face aux divisions politiques que la multiplication d’actes meurtriers et aveugles fera naître.

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Violence politique

Vendredi dernier, alors que Jean-Jacques Urvoas discutait avec des militants, les locaux du Parti Socialiste à Brest ont été une nouvelle fois attaqués par une trentaine d’individus. Les banderoles et les slogans revendicateurs ont rapidement laissé la place à des actes de violence et de casse contre le bâtiment. Les militants présents ont dû s’enfermer pour ne pas être envahi et pris à partie. La police a dû intervenir pour disperser les agresseurs.

Cet épisode fait suite à toute une série de dégradations, majoritairement de nuit, sur les locaux du Parti Socialiste depuis plus d’un an. Cet épisode fait aussi suite à l’attaque très violente intervenue contre ces mêmes locaux, le 27 octobre 2014, suite aux débordements d’une manifestation contre les violences policières, après à la mort de Rémi Fraisse dans le Tarn.

Vendredi dernier, il y avait comme d’habitude quelques individus cagoulés, les visages masqués, prêts à user de la violence comme seul mode d’expression. Mais il y avait aussi des syndicalistes connus à Brest et des citoyens à visage découvert, qui légitimaient par leur accompagnement et leur passivité cette violence qui se déployait sous leurs yeux, comme si tout cela était devenu normal.

A l’intérieur des locaux, quelques dizaines de militants : personnes engagées dans des associations, syndicalistes, élus, venus-là pour échanger avec un camarade devenu Ministre. Ce n’était pas l’image d’Epinal d’un échange entre un Ministre et quelques militants beni-oui-oui, venus là sur ordre pour faire la claque. Au contraire, chacun était là pour s’écouter, tenter de comprendre et de se forger sa propre opinion. Les militants qui ne se privaient pas de poser leurs interrogations sur la situation actuelle et leurs doutes sur les lois en débat. Le ministre tentait d’expliquer, de clarifier une situation politique française complexe, mais exprimait aussi autant ses doutes que ses convictions.

Le rôle des partis politiques dans une société démocratique est justement d’être la place où le débat, l’échange politique puisse avoir lieu dans un cadre pacifié, ordonné et respectueux des divergences. C’est le lieu où chacun doit pouvoir s’exprimer, partager, être entendu par ceux qui sont en responsabilité et qui dirigent. C’est l’endroit où les projets politiques se travaillent, s’affrontent et se confrontent de façon à nourrir des programmes électoraux soumis à la sanction des citoyens. Tout cela ne se fait probablement pas de façon ordonnée et méthodique, mais les échanges, les rencontres, les discussions y sont bien le reflet de ce qu’est la société.

Dans une république démocratique les partis ne doivent pas devenir les boucs-émissaires faciles d’une société en perte de repères. Ils sont utiles pour que les divergences, les tensions qui existent dans tout groupe humain, arrivent à construire des politiques sans que la violence, la terreur et la domination aient leur place.

Les agressions violentes qui se multiplient contre les partis politiques sont bien une expression politique. Cette expression est la négation de nos valeurs républicaines. Cette expression est le témoignage d’une volonté de domination sans en passer par le débat, l’échange et la construction d’un monde commun. Nous habitons un pays où le vote est un droit, où la liberté d’expression, la liberté de contester et de manifester existent. De nombreux pays se battent encore, souvent aux prix de nombreuses vies, pour simplement acquérir ces droits politiques fondamentaux. Nous ne devons pas laisser cette violence guider nos attentes, car loin d’apporter des réponses, elle sera le ferment d’une monté de la peur et de la haine, déchirant le pays comme c’est arrivé souvent dans l’histoire.

Nous rejetons la violence contre les partis politiques, car elle est l’expression d’une vision politique conduisant à la peur, la haine et l’abandon des valeurs que nous défendons.


Réponse à la tribune de Monsieur Alexandre Lhomme

Monsieur Lhomme, vous signez sur le site de Médiapart une tribune qui ré-écrit de façon volontairement mensongère les évènements qui se sont déroulés pendant le conseil municipal de Brest, le jeudi 10 mars dernier. Ce faisant, vous vous permettez de me citer au travers de propos que j’ai écrit, comme pour mieux ré affirmer votre propre point de vue. Puisque vous semblez vous intéresser au fond de ma pensée, permettez-moi donc de vous la donner.

D’abord apprenez que je n’ai pas de leçons à recevoir de vous. J’ai grandi dans une famille très engagée sur l’accueil, l’intégration et l’alphabétisation des réfugiés en France. Lors de mon premier mandat, avec Marc Sawicki, je fus de ceux qui œuvrèrent activement pour l’organisation des parrainages républicains célébrés à Brest, afin de prévenir et d’aider des familles avec enfants sous le coup d'expulsions programmées par Nicolas Sarkozy, alors Ministre de l’intérieur. En effet, je suis très sensible à la cause de ces peuples qui perdent leurs maisons, leurs familles, leurs pays du fait de l’intolérance et de la violence qu’ils subissent. Je crois que notre majorité y est tout autant sensible et met en place, avec l’appui de l’Etat, les conditions de l’accueil des familles de réfugiés.

Ensuite, le récit que vous faites de la dernière séance du conseil municipal de Brest est une odieuse version, motivée par des fins purement politiques. Vous donnez l’impression d’un climat bon-enfant qui aurait dégénéré par la faute d’une municipalité sourde à la discussion. Pire, vous accusez des élus et des fonctionnaires d’avoir provoqué et voulu en découdre avec les manifestants. Vos propos ne sont que mensonges, travestissements et manipulations de la réalité.

Dès la rentrée des manifestants dans la salle du conseil le climat fut tendu et les propos violents. Alors que leur demande exigeait une réponse du Maire, il eut toutes les peines à s’exprimer dans une cohue de propos virulents et insultants. A aucun moment, il ne put finir une seule de ses phrases, plusieurs manifestants étant dans un état que personne ne tentait plus de contrôler. C’est pour cela que le conseil fut suspendu, dans l’attente d’un retour au calme.

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Les deux réponses à la peur

Paris 13 NovC’est au réveil ce matin que j’ai appris les événements terroristes de Paris de cette soirée du 13 novembre. Effroi, tristesse et choc furent comme beaucoup d’entre nous les émotions qui me traversèrent. Comme en janvier, plus que le nombre de morts, c’est le mode opératoire et l’absence d’humanité qui me blesse le plus profondément. Parce que ceux qui perpétuent cela, ce sont aussi des Hommes, des individus d’une même espèce que leurs victimes et que cela ne les arrêtent pas.

Les commentateurs dessineront des monstres. Ils sont probablement des personnes fragiles, facilement influençables et manipulables par d’autres qui agissent dans l’ombre et qui, quant à eux, ne porteront jamais de ceintures explosives. Ils n’en demeurent pas moins humains comme nous tous.

Le projet des commanditaires de ces attentats n’est autre que de poursuivre cette manipulation à une plus grande échelle. Ces groupes terroristes agissent comme des Chevaux de Troie contre notre société. Leur projet n’est autre qu’une radicalisation des populations, des nations vers un ordre autoritaire, un régime où ils régneraient en maître sur les autres. Les postures politiques ou les religions revendiquées ne sont que les véhicules d’un vison extrémiste, axée sur une domination des populations et des plus faibles.

L’extrémisme dans l’histoire est et a toujours été multiforme, mais il partage toujours l’ambition d’une accaparation du pouvoir et des richesses et aussi le sang de victimes innocentes, comme pour mieux asservir les esprits par la peur. L’objet du terrorisme, c’est l’instauration de la peur, de la terreur. Une peur face à laquelle notre société doit trouver une réponse si elle veut rester en accord avec ses propres valeurs.

Comme le dit très bien Mireille Delmas-Marty dans son entretien au Monde (ici), il existe deux réponses à la peur. La première favorise la haine et l’exclusion. C’est clairement l’arme des extrêmes (droites, gauches comme religieuses) qui manipulent les faits, pointent des coupables et appel à un repli sur soi des individus comme des nations. Elles ne sont pas moins sur des logiques de domination par la peur. La seconde réponse à la peur est celle de la solidarité. C’est celle des manifestations pour Charlie. C’est aujourd’hui celle qui se manifeste spontanément avec un afflux de donneurs de sang, comme pour mieux combattre l’inhumanité de ceux qui l’on fait couler.

La peur est un risque et une opportunité face à notre propre humanité intérieure. Qu’est ce qui nous habite ? Quelle vision du monde désirons-nous ? Qu’est-ce que nous sommes prêts à donner pour cet idéal hérité que nous pouvons transmettre ?

Ces actes terroristes sont comme un tremblement de terre qui découvre nos réalités enfouies. C’est à chacun de trouver ses réponses. Je fais juste le vœu que celles-ci nous éloignent le plus possible de ces terroristes et nous rapprochent le plus des Lumières et de cette solidarité qui constitue clairement le socle de la nation que nous aimons.


Agression à Brest. La sécurité est d’abord l’affaire de tous.

PoliceCe matin dans le Télégramme, un article fait écho à l’agression d’une jeune fille, accompagnée de son petit frère, place Guérin en début de mois (ici). Les parents, éprouvés par l’agression subie par leurs enfants, en ont fait état sur leur page Facebook. De nombreux brestois ont alors témoigné leur soutien et leur inquiétude face aux problèmes d’insécurité et de violence qui existent à Brest.

L’article relate les faits, mais pointe aussi sur l’interpellation qui est faite au Maire et aux élus de la ville. Une pétition a d’ailleurs été ouverte pour demander de « tout mettre en œuvre pour assurer la tranquillité des brestois ».

En tant que parent de jeunes enfants, je partage totalement l’indignation et l’inquiétude des parents d’Amandine. Le bonheur et la sécurité de nos enfants sont notre priorité. Nous aspirons plus que tout à les protéger et à les voir grandir dans un monde où la violence à leur encontre n’aurait pas sa place.

En tant qu’élu, je suis choqué par le fond de l’article. Je comprends que, sous le coup de l’émotion, les victimes se retournent vers leurs élus et souvent les plus proches d’eux, leurs élus locaux. C’est une attente qui est légitime. Par contre, j’avoue moins bien comprendre la logique de fond de l’article qui se résume pour partie par les commentaires qui l’accompagnent : « les élus sont payés, et bien … qu’ils fassent leur travail. » La pétition, créée pour l’occasion, ne dit d’ailleurs rien d’autre. Il s’agit d’une sorte d’ultimatum envoyé à la municipalité de régler les problèmes.

Ce type d’article, comme souvent le traitement médiatique de la question de la sécurité à Brest, m’interpelle à plus d’un titre sur la santé de notre démocratie. Sur un sujet comme la sécurité, ce n’est pas le rôle des élus d’être dans la réaction face à un évènement émotionnellement fort. Aucun problème ne se résout ainsi. Il s’agit avant tout de bien poser le problème et d'y répondre collectivement.

L’objet de mon propos n’est pas dans l’affirmation d’une absence ou d’une minimisation de problèmes bien réels à notre société. Mon propos est politique et interroge sur la façon dont une société comprend et décide de résoudre (ou pas) les problèmes auxquelles elle fait face.

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Sidération et colère

10906284_10153035128377590_2697482977264888442_nSidération et colère, tels sont les sentiments qui viennent après l’attentat meurtrier contre les journalistes de Charlie Hebdo ce midi. Cet attentat est d’autant plus choquant qu’il est à l’opposé des valeurs qui fondent notre engagement politique.

En cette période de vœux, je crois qu’il est essentiel de réaffirmer notre attachement à la liberté d’expression ; notre attachement à la lutte contre les fanatismes, les extrémismes, contre tous les extrémismes ; notre attachement à travailler encore et toujours sur le vivre ensemble dans le respect de nos différences, de nos opinions et de nos croyances.

Cet acte de barbarie sera dans les semaines à venir le fruit tombé de l’arbre que certains essayeront de récupérer pour opposer et diviser. Je crois qu’un tel acte n’engage que ceux qui l’ont commis et qu’en aucune façon, il doit servir à stigmatiser un groupe ou un autre. Il ne doit pas changer notre regard ou nos habitudes. Au contraire, cet acte doit nous rassembler et au-delà de nos différences ou désaccords, faire prendre conscience de la chance que nous avons de vivre dans un pays pacifié ou ce genre d’acte ne peut être toléré.

Lors du grand rassemblement place de la Liberté à Brest ce soir, la Ligue des droits de l’Homme a dénoncé cette attaque contre notre République laïque et je crois aussi que c’est bien de cela qu’il s’agit.

On ne répond tout simplement pas à des mots avec des armes et aucun Dieu, aucune croyance n’appelle à tuer d’autres hommes. Ces croyances-là sont celles de fous.


Pourquoi tant de haine ? - Réponse à Monsieur Brussieux

Au fil des tweet politiques qui défilent tous les soirs, il en vient parfois un qui vous interpelle. Hier soir, c’est celui de Monsieur Brussieux, colistier de Madame Malgorn, qui me questionnait en disant : « Pourquoi tant de haine ce soir ? »

En voilà une vraie bonne question et politique qui plus est, puisque « la forme, c’est le fond qui remonte à la surface » disait Victor Hugo. Pourquoi tant de haine dans cette campagne ?

Mon cher monsieur Brussieux, la teneur des propos qu’a pris la campagne n’est pas en effet dans les habitudes brestoises (du moins pour les dernières campagnes). Certes, il est d’usage de ne pas se faire de cadeaux entre droite et gauche, mais là, il faut reconnaitre que le niveau de violence verbale dans les échanges a franchi un cap nouveau pour Brest.

Cette violence a commencé bien avant que nous ne rentrions en campagne, quand déjà dans les meetings de Madame Malgorn on proposait de « chasser les socialistes de la ville », on nous accusait de « cadenasser le milieu associatif » et de « faire du clientélisme ». Elle-même se lançait ainsi dans sa campagne : « Nous allons disqualifier les socialistes pour gérer la ville de Brest ».

Déjà les fondamentaux d’une campagne s’appuyant sur une outrance verbale semblaient bien posés. Nous n’étions que fin octobre 2013 ! [ici et ]

Depuis les échanges n’ont fait que monter en violence, teintée d’une mauvaise foi caractérisée et de désinformation. Je ne vais pas vous faire l’énumération des attaques dans la presse. Récemment, l’une des plus violentes fut le discours du 13 février dernier, au Mac Orlan [ici].

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Mort de n’avoir pas été d’accord

Clement-mericL’actualité vient nous rappeler avec brutalité la nature des extrêmes. Ces extrêmes qui se cachent derrière des partis politiques de façade. Ces extrêmes que certains politiques aux abois finissent par accepter, quand ce n’est pas légitimer en singeant leurs idées.

L‘histoire n’a pas changé, les extrêmes mènent à la violence, à l’intolérance et à la destruction de toute société civilisée et humaniste.

La marque de fabrique de ces extrêmes est son incapacité à comprendre l’altérité, la différence. C’est aussi le rejet du débat, de l’échange, au profit de la force, d’un rapport de force par la violence physique. C’est enfin une incapacité à concevoir l’évolution, l’amélioration, sans passer par l’élimination.

La liberté de penser, la liberté d’opinion est un droit fondamental à notre société. Rien ni personne ne doit altérer ce droit et il est de la responsabilité de notre République de combattre et de chasser sans cesse tous ceux qui remettent en cause cela.

Hier, dans les rue de Paris, Clément Méric est mort, sous les coups de lâches, venus en nombre, qui croyaient que la force leur donnerait raison. Hier, dans les rue de Paris, un petit zef est mort, de n’avoir pas été d’accord.


11 septembre 2001

WTC C’était un jour comme les autres, jusqu’à ce que l’incroyable nouvelle ne parvienne. Incroyable, au premier sens du terme, je n’y ai d’abord pas cru. Ces tours, je les avais vu, nous y étions montés, rien ne pouvait leur arriver. Mais quand plusieurs personnes, la mine effarée, ont commencé à parler d’une même voie, alors l’incroyable est devenu possible puis réalité.

La surprise fut très rapidement effacée par de la peur. Peur pour des proches qui se habitaient là-bas et prenaient tous les jours le métro de Brooklyn, passant sous les tours. Peur pour ce qui pouvait encore se produire et que l’on n’osait plus imaginer.

Je me souviens être vite rentré à la maison et avoir allumé la télé au moment de l’effondrement de la seconde tour. Je me souviens des propos des journalistes, ne sachant comment commenter en directe l’effroyable tragédie qui se déroulaient devant leurs yeux, des images répétées ensuite en boucle sur toutes les chaines, comme dans l’esprit d’un monde en état de choc.

Plus que tout autre jour, internet permis de relier Manhattan au reste du monde. Très rapidement, via quelques mails, nous avons pu échanger quelques mots vites écrits, comme un cordon reliant à la vie de ceux qui nous étaient chers, puis comme un canal d’échange d’informations entre eux et nous. Eux qui vivaient l’évènement sans trop comprendre, dans l’inertie de l’effervescence new yorkaise qui s'arrêtait. Nous qui l’observions à plusieurs milliers de kilomètres de distance, mais avec souvent un meilleur niveau d’information.

Je me souviens avoir été envahi d’une grande tristesse, pas tant pour les victimes d’ailleurs que pour l’absence d’humanité qu’un tel acte représentait. C’était notre monde et il allait falloir vivre avec. C’était il y a dix ans.


Radicalisation

Manif Alors que la loi sur les retraites a été votée sans réel débat et sans prise en compte des oppositions, la gronde sociale passe du stade de la revendication, à la radicalisation. Le temps n’est plus à demander des modifications de texte, le temps est au rejet d’une situation vécue jusqu’à l’écœurement, à laquelle nombre de citoyens ne savent plus comment répondre.

Suite aux promesses électorales de la campagne présidentielle et au regard de ce qu’était la réalité de la politique de la droite et plus particulièrement celle de Nicolas Sarkozy, nombre d’observateurs craignaient déjà ce qui se passe aujourd’hui. Il était alors difficile d’en parler. La campagne avait eu lieu, la sanction démocratique avait sonnée et n’était pas discutable. Elle n’était donc pas à discuter.

Pour autant, nous présentions déjà que cela ne passerait pas, que la façon de gouverner de Nicolas Sarkozy et de ses acolytes laisserait surtout un gout de déconvenue, le gout de la tromperie face aux espoirs suscités pendant la campagne. La tromperie allait être grande face à une politique préférentielle, orientée vers le monde du pouvoir, le monde de l’argent.

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L’été de la honte et de l’incertitude

Flickr blogcpolitic Le début de l’été fut largement dévolu à l’affaire Woerth-Bettencourt, son déballage sur le monde et les mœurs de l’hyper richesse et de ses connivences avec certains politiques. Le milieu de l’été sonna le retour en force du discours sécuritaire de Nicolas Sarkozy et de ses portes-flingues, comme pour mieux étouffer ce qui n’aurait pas du être vu … quelques semaines plus tôt. La fin de l’été prend l’allure d’une gueule de bois face au ravage d’un discours que nous prenons trop à la légère, qui engage l’image de la France dans le reste du monde, mais aussi dans les esprits de nos concitoyens.

Il y a un principe en sociologie qui dit que l’être humain a besoin pour son équilibre, de savoir qu’il y a quelqu’un en dessous de lui, qu’il n’est pas « le dernier ». C’est vrai à tous les niveaux. Chacun cherche à ne pas s’estimer « en dessous de tout », souvent en trouvant une forme de démarcation singulière.

En remettant le couvert sur l’insécurité, l’immigration et les Roms dans le discours de Grenoble, Nicolas Sarkozy n’a rien fait d’autre que d’utiliser ce principe pour calmer le mécontentement des français et tenter, encore une fois, de semer le trouble dans les esprits.

Cet été, la presse a mis en lumière que la France fonctionnait à deux vitesses, qu’il y avait bel et bien une caste cachée très au-dessus des autres et un fossé infranchissable entre les deux. Une caste « d'intouchables », mais à l’envers !

Cette vision est par nature inacceptable aux yeux des citoyens. Elle est révoltante tant l’écart est grand entre le vécu de ceux qui subissent la crise, et ceux qui finalement ont très largement tiré profit de la période qui l’a engendrée. Ceux-là même qui maintenant se retrouvent à l’abri, en laissant aux autres le soin de rétablir la situation. De plus, il a été aussi largement montré que le pouvoir en place travaillait plus pour le maintien de cette situation et de ces privilèges, que dans le sens du rétablissement d’un équilibre et pour une justice collective.

Qui dit faits révoltants, dit risque de révolte. Face à ces deux castes qui se sont implicitement constituées au gré de ces derniers évènements, Nicolas Sarkozy en a créé une troisième de toute pièce : celle de ceux à qui l’on peut retirer les droits ; celle de ceux qui seraient moins que les autres ; celle de ceux que nous pourrions mépriser pour passer notre rage et notre frustration de n’être que dans la classe moyenne et potentiellement, de ne jamais pouvoir en sortir (sauf par le bas … peut-être).

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Lepénisation des esprits chez les jeunes UMP

Benjamin Lancar « C’est une équipe de racailles. C’était clairement une équipe de caïds. Voilà la vérité ! »

« Il y a eu des tensions ethniques dans cette équipe, on le voit bien […] même Emmanuel Petit parlait d’islamisation de cette équipe. »

Benjamin Lancar, président des Jeunes UMP, le 25 juin 2010 sur Beur FM dans l'émission l'Actu au Karsher. [ici]

S’il y a eu une génération Mitterrand, il y aura aussi la génération Sarkozy, dont la marque de fabrique sera la lepénisation des esprits et un discours raciste décomplexé, mélangé au gré des sujets de société.

Le président des Jeunes UMP nous offre un exemple édifiant du résultat final de la démarche de Sarkozy pour tenter de récupérer les voies du FN. Son interview mélange un échec sportif, l’échec d’une équipe et d’une stratégie, avec des propos insultants à connotation raciale et religieuse ... pour faire bien et se la jouer jeun's !

Pour un jeune « politique », si la parole a encore un sens et les mots un poids, nous tombons là dans les tréfonds de la bêtise humaine sans même que le principal intéressé ne semble s’en apercevoir d’ailleurs.

Voilà le résultat de la politique sécuritaire de Sarkozy, voilà où elle mène dans les propos de tous les jours. Car sur le terrain, le nombre d’atteintes à la personne ou de violences à autrui n’a jamais été aussi grand et les commissariats (compétence de l’Etat et du Président) n’ont jamais été aussi vides pour remplir le service que les citoyens attendent d’eux.


L’indécence des chiffres, l’indécence des faits

Picasso Nu au plateau de sculpteur Il y a trois jours, sur la même feuille de journal, figuraient deux chiffres sans grands rapport, aux premiers abords.

Le premier article traitait du record mondial de la vente aux enchères d’un tableau de Picasso : « Nu au plateau de sculpteur », adjugé à un peu moins de 110 millions de dollars (82 million d’euros). Le second article traitait de la situation grecque et des violences de rue, face aux efforts demandés (plan d’austérité) pour avoir les 110 milliards d’euros d’aides afin de sauver de la faillite un pays criblé de dettes publiques.

Un Picasso reste un bout de tissu, aussi beau soit-il, cela ne reste qu’une peinture. Comment des sommes aussi importantes peuvent encore s’échanger quand des pays finissent par faire faillite et leur peuple devoir rembourser des dettes pour lesquelles ils n’ont, le plus souvent, aucune responsabilité. Comment ses peuples peuvent comprendre ce décalage sans sombrer dans la violence.

Il fut un temps où la rigueur, l’austérité s’entendaient car elles avaient un sens, une perspective et qu’elles soutenaient un projet. Aujourd’hui ses termes n’ont plus de sens et n’ambitionnent aucun projet dans l’esprit de peuples qui croyaient s’émanciper et progresser et qui se retrouvent aujourd’hui trompés et redevables au reste du monde.

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Huit ans

Cet été, j’ai regardé la première saison de la série Brothers & Sister. Une phrase m’a étonné. Parlant du 11 septembre, Kitty Walker (Calista Flockart) journaliste républicaine a dit : « They have attacked our way of life. »

Je ne suis pas sûr que si cela était arrivé ailleurs, les habitants auraient pensé la même chose. La façon dont les américains ont ressenti ces attentats n’est pas quelque chose de simple à comprendre ... peut-être parce que l’identité américaine, au regard du reste du monde, ne l’est pas non plus.


Mondialisation jusqu’à l’écoeurement

Envoyé spécial Jeudi dernier, le magazine Envoyé spécial proposait le reportage « Bébés made in india ». Il montrait comment des occidentaux (pas seulement) allaient en Inde afin de se procurer les services de mères porteuses, sur la base d’une fécondation in vitro à partir des gènes (ou du gène, dans le cas de gays) des « clients ». Après les cliniques plasticiennes low-cost, c’est ce type de touriste qui se développe en Inde : la « location de ventres », comme cela était décrit.

Au-delà de la question éthique sur la mère porteuse qui forcément questionne et doit faire débat, je trouve que la partie la plus marquante du reportage était sur la mondialisation et cette horreur humaine que nous produisons collectivement, loin de tout regard et de tout débat.

Cet exemple montrait à quel point la mondialisation se sert des écarts relatifs de richesses entre nations et des no man’s land juridiques internationaux, pour faire proliférer une ignominie économique.

S’il est peut-être nécessaire de ne pas fermer les frontières à l’économie, il est plus qu’urgent de débattre de l’économie que l’on souhaite. Il est urgent que nos pays riches réfléchissent à ce qu’ils exportent dans le monde, alors qu’ils ne l’acceptent pas chez eux.


Violence, de Max Dorra

Violence 2 Il y a un peu plus d’une semaine, j’écrivais une réponse à l’intervention de Laurent Prunier sur les violences urbaines [ici]. Hier, j’ai lu dans le Monde l’article « De l'illusionnisme en politique », de Max Dorra.

Il me semble que les opinions se rejoignent …

« Violence.

On ne naît pas violent, on le devient. Et ce d'autant que l'on a moins de mots à sa disposition pour exprimer une révolte. L'angoisse, un sentiment d'humiliation sont presque toujours la face cachée d'une violence que les Taser ou les Flash-Ball ne font que redoubler. Combattre efficacement la violence, c'est avant tout la prévenir. Ni "naïveté" ni "tolérance zéro", être radical, c'est prendre les choses à la racine, c'est-à-dire à l'enfance. Diminuer drastiquement par exemple, dès la maternelle, le nombre d'élèves par classe. Que les rentrées soient moins blêmes. Les grands soirs passent par les petits matins. »

Max Dorra. Ecrivain et professeur de médecine

Article « De l'illusionnisme en politique » paru dans l'édition du Monde du 27.12.08.


Réponse ouverte à Laurent Prunier

Manif Vendredi dernier, lors du conseil municipal de Brest, Laurent Prunier (leader UMP d’une des divisions de l’opposition brestoise) a interpellé fermement le Maire et les élus de la majorité sur les violences urbaines de ces derniers jours, survenues en parallèle des manifestations lycéennes : « … J’attends ce soir de tous les bancs de cette salle, une unanimité dans la condamnation des violences. Cela va peut être de soi, mais cela va encore mieux en le disant ! »

Selon lui, la majorité municipale n’aurait pas assez condamné fortement ces débordements de violence et il appelait les élus de gauche à le faire officiellement en séance. Le Maire de Brest lui a rappelé l’avoir fait dans la presse au moment opportun [ici], en son propre nom et au nom de toute la majorité municipale, mais cette interpellation de l’UMP aux élus de la gauche brestoise m’interroge à plus d’un titre. C’est pourquoi je souhaite ici y apporter ma réponse (qui fait d’ailleurs écho à une précédente note [ici], écrite il y a déjà un an).

D’abord la requête de l’UMP brestoise me questionne : pourquoi demander une condamnation plus officielle de la majorité municipale à des actes de violence intervenus au sein de notre ville ? Serions-nous à leurs yeux un groupe de « terroristes » qui pratiquerait la politique au travers d’actes de violences ou par du vandalisme anonyme ? Ne serions-nous pas, comme eux, des démocrates ayant choisi la voix de la discussion et du débat, au sein des instances démocratiques où nous siégeons ensemble ? Enfin, quelle bénéfice tirerions-nous à manigancer des dégradations au sein même de la ville que nous essayons de bâtir, malgré un retrait constant de l’état UMP ? Non, je crois que nos engagements et nos actes suffisent à démontrer que nous ne cautionnons pas de tels agissements et il n’est nul besoin de le crier haut et fort pour convaincre.

En second, et puisque monsieur Prunier nous interpelle sur ce sujet, je tenais à dire mon sentiment face à ce qui s’est passé. Mon premier sentiment ne fut pas de porter un jugement sur certains par une condamnation, qui n'a à mon avis de sens que pour ramener les esprits à la raison (ce qui a été fait par le Maire de Brest). Mon premier sentiment fut d’abord de la tristesse pour cette jeunesse qui en arrive à de tels actes et un vrai questionnement sur les raisons qui nous mènent aujourd’hui de plus en plus à un tel résultat.

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Police : un mal-être qui ne fait pas de bruit

Arme_policeCinq petites lignes dans le journal de vendredi dernier : « POLICE, 23 suicides depuis janvier ». Il n’y a pas que dans le techno-centre de Renault que la souffrance au travail fait des ravages, mais celle-ci attire moins les médias.

L’article ne dit pas grand chose. On n’en saura pas plus sur les raisons qui poussent autant de nos gardiens de la paix à utiliser leurs propres armes contre eux-même, comme cela, en pleine rue.

Comme dans beaucoup de drames professionnels de ce type qui se produisent au-delà d’un service ou d’une équipe particulière, la raison profonde du mal-être est souvent inscrite dans les méthodes de management des hommes.

Pour ceux qui aiment le management par objectif et la politique du résultat, en voilà un qui n’est vraiment pas bon, Monsieur l’ancien Ministre de l’intérieur.


Kandahar

376692141_29fa326247_o English/Anglais
AR2007-G001-0006
18 Janvier 2007
Kandahar, Afghanistan

An Afghan girl seated on a makeshift 'chair' made of clothing which had been distributed by Canadian soldiers from Joint Task Force Afghanistan. The items - school supplies, clothing and food, were donated by Canadian citizens from across the country, and distributed by Canadian soldiers to the school at
Camp Shirzai, an Afghan National Army base located near Kandahar Airfield.

Joint Task Force Afghanistan(JTF-Afg) is Canada’s contribution to NATO’s International Security Assistance Force (ISAF) in Afghanistan. The focus of this mission is to help Afghans rebuild their lives, families, communities and nation. Canadian Forces personnel in Afghanistan are working to improve the quality of life of Afghans by providing a more secure environment in which Afghan society can recover from more than 25 years of conflict.

The Canadian Forces (CF) contribution in
Afghanistan comprises about 2,500 soldiers, most of who serve in Kandahar province with a smaller number of personnel assigned to Kabul, various military headquarters, and civilian organizations.

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A l’heure où la presse parle de « bourbier afghan » pour qualifier l’intervention canadienne en Afghanistan, il faut se poser la question de ce que la France ira faire là-bas.

Je suis tombé par hasard sur cette galerie de photo (lafrancevi) qui recense beaucoup d’images des troupes canadiennes basées à Kandahar. Ce qui me frappe dans cette succession de photos qui montrent la vie telle qu’elle est vécue là-bas par les soldats canadiens, ce sont à la fois les images de retours des cercueils au pays et à la fois une forte présence d’images d’enfants dans un pays en guerre, au contact des soldats. Comme si la souffrance des uns était un miroir à la souffrance des autres. Comme si finalement, la seule justification que les hommes de troupe trouvent sur place à leur intervention était d’apporter un peu de justice pour ces enfants qui ressemblent à tant d’autres.

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Bêtise urbaine

Excroissance_urbaine_3Albert Einstein a dit : « Il n’existe que deux choses infinies, l’univers et la bêtise humaine … mais pour l’univers, je n’ai pas de certitude absolue. » L’actualité nous permet encore une fois de vérifier les théories de ce grand scientifique ... malheureusement, pas en ce qui concerne l’univers !

Beethoven s’est immiscé dans le débat public français au travers de cet éclair de génie qu’est le système répulsif anti-jeunes, mis au point par un ancien ingénieur britannique qui souhaitait mettre fin au harcèlement de sa fille par d’autres jeunes. Quelques commerciaux ont du sentir là un marché potentiel et le tour était joué. Evidemment, ce dispositif fait grand débat en frappant sélectivement une population donnée, quand bien même elle ne produirait pas les nuisances dont on l’accuse. Nous sommes ici dans le règne la frappe chirurgicale préventive !

Si Beethoven a loupé son coup commercial en France (quoi que …), la philosophie même du produit n’est pas à son balbutiement : comment fragmenter l’espace public pour que les honnêtes gens ne soit plus importunés par certaines nuisances … humaines ?

Dans le même esprit, j’ai trouvé ces quelques images sur Fickr qui offrent une galerie impressionnante sur les excroissances urbaines anti-SDF. En se promenant dans les rues, on n’imagine pas que telle forme ou telle autre, peuvent avoir été pensées dans un but bien précis. Ces quelques images donnent à réfléchir sur certains mouvements architecturaux que l’on peut trouver esthétiques, mais qui ont d’abord vocation à l’exclusion.

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Sport : le grand écart

240431974_603afdd99d_bAvec l’affaire de la banderole du PSG au stade de France et celle des Jeux Olympiques en Chine, le sport réapparait sous sa forme la plus sombre.

Dans l’imaginaire collectif, le sport reste encore synonyme de valeurs très positives. En plus d’être un signe extérieur de bonne santé, le sport est souvent combiné avec l’idée d’esprit d’équipe, du dépassement de soi, du respect de son adversaire et dans le cas des JO, l’idée que la participation est plus importante que la victoire.

Il est clair que la désillusion est brutale par les temps qui courent : lancement des JO dans un pays où la répression fait rage … où la communauté internationale préfère tourner la tête par peur des représailles économiques et propos violents et xénophobes dans les stades. Mais cela ne s’arrête pas là et la liste serait bien longue : dopage et atteinte à la santé des sportifs, pouvoir de l’argent et achat des joueurs, règne de la compétition jusqu’à l’absurde, quasi acceptation d’une violence gratuite dans les gradins et sur le terrain (coup de boule de zizou), etc …

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Laurent Prunier : Tranquille !

2186468113_cdb2ef0580_3 Je lis sa note sur la tranquillité publique à Brest et j’ai envie de lui répondre ici.

Il est faux de dire que la vidéo surveillance est acceptée partout. En effet ce débat traverse les courants droite-gauche habituels, mais des villes de droites comme de gauche y sont encore farouchement opposées. Là dessus, il n'y a pas de règle.

Pour ma part, je préfère avoir des policiers dans la rue que derrière des écrans, car il est là l'arbitrage. Pour un effectif donné des forces de l'ordre, combien seront sur le terrain à régler les problèmes avec les habitants et combien scruteront les écrans ?

La vidéo surveillance, c'est la montée en puissance d'une force de l'ordre "coup de point" : moins de présence sur le terrain, mais une police d’intervention musclée pour compenser. Personnellement, je pense que la présence de la police sur le terrain est, par elle-même, capable de répondre à certains problèmes naissants et qu’en cas de gros pépins, elle connaît mieux le terrain en y passant du temps.

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Amnesty International

Surement parce qu'il est bon de temps en temps de se souvenir que nous avons la chance de vivre dans un pays démocratique, où la paix règne.

Surement aussi parce qu'il est bon de se souvenir que malgré notre chance, il faut rester mobilisé pour garder nos valeurs humanistes et faire en sorte de les contaniner ailleurs.


Violence

114351595_3f884d1857_2J’entends autour de moi, à droite bien sûr, mais aussi parfois à gauche, des voix qui condamnent les violences urbaines, sans aucune réserve.

Il y a dans ce courant de pensée dominant (issu de la droite dure) comme un retour à une forme de pensée unique, d’un monde sur un autre. Comme si l’acte de violence pouvait structurer la société entre les bons et les méchants … comme pour faire oublier nos responsabilités collectives.

Loin de moi l’idée de légitimer ici la violence, bien au contraire. La violence est d’abord l’expression de l’échec d’une société, d’un modèle éducatif, d’un modèle social, d’un modèle politique. C’est l’expression individuelle d’une frustration à laquelle la société ne donne, ni réponse, ni espoir. La violence, c’est une réponse immature face au sentiment d'impuissance.

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Justices et territoires

394747833_d01644d8a0 Il y a un parallèle dans le traitement de l’affaire de l’Arche de Zoé et le traitement de l’accident intervenu à Villiers-le-Bel et qui a donné lieu à quelques jours de violence : c’est la considération portée sur l’exercice de la Justice.

Quand le Président de la république française, Nicolas Sarkozy, va s’occuper de la libération de personnes qui sont inculpées d’enlèvement d’enfants et que l’on fait comprendre au Tchad que la justice française sera bien mieux pour rendre LA Justice, c’est une façon de considérer qu’il y a deux poids et deux mesures : qu’il y a deux territoires et deux type d'Hommes. Certes, le Tchad n’est pas un modèle démocratique, mais l’enlèvement d’enfant, aux yeux d’une population européenne ou africaine, n’est pas une affaire banale non plus.

Ce qui vient de se passer à Villiers-le-Bel, relève de la même vision de la justice : une vision prédéterminée des bons et des méchants, mais aussi de deux territoire quand à l’application de la justice. La tentative désinformation du gouvernement au travers d’un rapport (faux) de l’IGPN sur les dégradations qui auraient été faites à la voiture de police, par des individus du quartier, avec des barres de fer est l'exemple même de ce qu'il ne faudrait jamais faire.

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