Emmanuel Macron

La violence est le dernier refuge de l’incompétence

Ici vous avez toutLes vacances sont aussi le temps de prendre du recul et de réfléchir sur l’année passée. Le mouvement des Gilets jaunes en aura clairement été un marqueur fort. En plein cœur de l’été, le Monde a publié un article (ici) fort instructif par une analyse fine du mouvement à Bordeaux, considérer comme la « Capitale des Gilets jaunes ».

L’article met en lumière la fracture qui s’est installée entre les habitants de la périphérie par rapport au centre-ville (notamment des grandes métropoles). La phrase « Ici vous avez tout. Là-bas, on n’a rien » traduit bien à elle seule ce sentiment d’injustice et de relégation qui transpire des propos des manifestants. Une fracture construite d’une exclusion par le logement des habitants. Des centres-villes toujours plus agréables à vivre, où se côtoient la consommation, le luxe, la douceur de vivre, mais aussi l’immobilier spéculatif. Autour, des cités dortoirs où les habitants travaillent dans le centre-ville de l’agglo, mais se voient contraints à rentrer chez eux le soir venu, faute de moyen de partager cette vie parfois idéalisée.

Face à cette contestation, une volonté politique de dresser des murs par un courant sécuritaire affirmé (l’article le dit bien, mais plein d’autres reportages viennent témoigner de ces faits). Un gouvernement qui fera du maintien de l’ordre un écran de fumé pour nier cette montée des inégalités et taire le cri d’alarme de personnes descendues dans la rue parfois pour la première fois. Un recourt à la violence d’Etat, condamnée à de multiples reprises, comme pour mieux nier l’évidence de cette société de plus en plus divisée. Une façon tragique de défendre un modèle de société à bout de souffle.

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LREM - La quête de la croissance externe

661_magic-article-actu_c35_5a5_cd4c69089c9b284d2dab61fdc4_le-courrier-sale-de-marlene-schiappa-a-ses-collegues-du-gouvernement_c355a5cd4c69089c9b284d2dab61fdc4Dans une tribune parue dans le JDD ce weekend, Marlène Schiappa lance "l'appel du 9 juin" à destination des élus républicains. Son texte "Qui est prêt à faire passer son pays avant son parti ?" tente d'y justifier un pseudo "rassemblement national" (si l'appellation n'était pas déjà d'origine contrôlée) autour de LREM.

Marlène Schiappa décline une vision politique qui nie encore une fois les logiques partisanes en les apparentant à des logiques individuelles. Malheureusement pour elles, le ralliement de 72 élus de droite au soir de la débâcle, mortifiés par la peur de devoir porter une étiquette de "looser" (comme dirait ce cher Trump), témoigne bien que le ralliement à LREM masque des logiques individuelles intéressées par le maintien au pouvoir, plus que par le sens de sa famille politique. Il fait glisser encore un peu plus vers la droite le centre de gravité de ce mouvement.

Le rassemblement autour d'un parti qui gérerait en interne ses propres contradictions est un mensonge qui trahi bien le caractère populiste du parti présidentiel. L'unité de façade de ce parti devenu "ultra-attrape-tout" ne tient pas à leur capacité à discuter ou débattre, mais à renoncer à leurs idéaux et à accepter l'autorité d'un seul chef : Emmanuel Macron. La diversité de LREM ne tient que par la volonté d'accession au pouvoir derrière un chef qui leur a donné satisfaction. Fini les idées, les idéaux, place au suivisme, à efficacité et à l'opportunisme.

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#Européenne2019 – Les leçons d’un scrutin

Scrutin-elections-europeennes-tiendra-26-2019_0_729_460Après avoir laissé passer une semaine, quelles leçons tirer du scrutin de dimanche dernier en France. Même si la liste Envie d’Europe n’a pas atteint un score qui nous permet de siéger confortablement à Bruxelles (ce que je regrette), je trouve que les signes envoyés par les électeurs de gauche sont plutôt réjouissants. Pour cela, il ne faut pas analyser cette élection sous un prisme partisan, mais plutôt en tant que citoyen de gauche.

D’abord et c’est une première, les électeurs ont donné une claque aux statistiques de l’abstention. Une participation qui cesse de descendre pour se relever de 8 points, c’est du jamais vu. Autant le dire, ce n’était clairement pas de ce scrutin que l’on attendait cette performance. Cette mobilisation témoigne que l’Europe a pris du sens pour les citoyens qui en ont pris l’enjeu. Et ce rebond se note aussi à l’échelle européenne.

L’émergence d’un vrai positionnement écologique est aussi une bonne nouvelle. A la fois présent dans tous les programmes de gauche (et souvent comme première préoccupation), le score d’EELV derrière Yannick Jadot témoigne d’un besoin de réponses sur les crises environnementales qui secouent notre planète. L’écologie ne sera plus un sujet secondaire, mais devient un thème de premier plan.

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Suppression de la taxe d’habitation, une mesure de justice fiscale ?

Image 245875695475De nombreux marcheurs crient haut et fort que la suppression de la taxe d’habitation est une mesure de justice fiscale.

Mais est-ce vraiment le cas ?

La taxe d’habitation est considérée depuis des années comme une taxe injuste. En effet, le calcul de cet impôt se base sur des valeurs locatives fixées en 1970. Depuis 50 ans, des quartiers entiers ont muté. Aujourd’hui, des habitants d'immeubles défraîchis des années 1960 payent davantage d’impôts que ceux des centres-villes rénovés. Une réforme juste serait de revoir les bases de cet impôt.

Le Président Macron vient d’annoncer la suppression de la taxe d’habitation à l’horizon de la fin du quinquennat, sous prétexte qu’elle n’était pas juste. Afin de calmer les collectivités, il leur propose un remboursement par l’Etat des recettes non-perçues de l’impôt supprimé.

La réforme du gouvernement est-elle une réforme juste pour autant ?

Non, et pour au moins trois raisons.

  1. C’est une réforme qui grave dans le marbre les inégalités fiscales entre communes. Les communes comme Brest avec un potentiel fiscal faible auront une compensation plus faible (ramenée au nombre d’habitants) que les communes riches.
  2. C’est une réforme qui récompense les collectivités les moins vertueuses en matière de maîtrise de leur fiscalité (et donc de leurs dépenses publiques, cela va souvent avec). Comme Brest, les communes qui n’ont pas augmenté leurs impôts depuis des années percevront moins que celles qui ont fortement augmenté leurs impôts ces dernières années.
  3. C’est une réforme qui réduit une fois de plus l’autonomie des collectivités territoriales puisqu’elles ne disposeront plus d’une recette directe, mais d’une dotation supplémentaire. Ces dotation que les gouvernements successifs considèrent comme des charges et qu’ils rognent année après année pour faire baisser les déficits publics nationaux.

Enfin, le Président assure que cette mesure de son programme sera sans impact sur les budgets des collectivités publiques puisqu’il propose de la compenser. On peut voir cela très différemment.

La loi de finances 2018 exigent des budgets des 340 plus grandes collectivités de faire baisser de 13 milliards d’euros le déficit public national sur le mandat. Or la suppression de la taxe d’habitation devrait coûter plus de 10 milliards d’euro à l’Etat en compensation vers les collectivités.

Une autre lecture possible pourrait être que l’Etat compense de 10 milliards d’euro d’un coté, en demandant de réduire les dépenses de 13 milliard d’euro de l’autre. Finalement, les collectivités font plus que se payer cette suppression de la taxe d’habitation.

Loin d’être une réforme juste comme martelé par les élus marcheurs, la suppression de la taxe d’habitation proposée par le candidat Macron dans son programme fut d’abord une mesure populiste électoraliste. Elle devient aujourd’hui une mesure injuste, consolidant les inégalités entre les territoires et limitant encore un peu plus leur autonomie vis-à-vis d’un pouvoir toujours plus centralisé.