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Été 2024 : un révélateur de la période que nous vivons

Ceremonie ouverture des JO Pascal Le SegretainL'été se termine. Point d'éclaircie à l'horizon, au contraire. En France, les élections européennes ont servi de catalyseurs au mal qui ronge la France depuis des années : un glissement vers une extrême droite que « nous n’aurions jamais essayée », poussée par une défiance croissante envers des partis républicains dans le déni de ce qu’ils sont devenus aux yeux du peuple. Une crise dans une sphère politique qui n'a plus de boussole et ne dirige plus rien. Nous allons tout droit dans le piège tendu par les nationalistes de toutes nations, sous couvert de servir une économie autocentrée sur ses profits à court terme, qui se moque bien des enjeux démocratiques. 

On ne sait plus qui critiquer. Une gauche incapable de se mettre d'accord et de négocier un Premier ministre, alors que les électeurs lui ont redonné un peu d'entrain. Un parti présidentiel vassalisé par un Président omnipotent, dans le déni de sa politique et son mépris de classe, sanctionné dans les urnes. La droite dure qui saisit la bouée de sauvetage tendue par un président aux abois, lui laissant croire qu'elle existe encore, mais en réalité prise en étaux entre deux forces qui la dévorent.

Le gouvernement démissionnaire aura tenu tout l'été, le temps des Fêtes olympiques parisiennes, avant de replonger dans la mélasse de la constitution d'un gouvernement en sursis qui ne compte plus qu'à un fil, dans la main du RN, pour durer. 

La boule à neige olympique

Oui, la parenthèse olympique fut belle. Comme l'a dit Thomas Joly, le chef d'orchestre d'une cérémonie longuement commentée, l'ambition fut de « renverser la boule à neige » et c'est ce qu'il a fait, avec brio. Mais le principe même d’une boule à neige, c'est que les paillettes ne tardent pas à retomber, pour laisser place à la réalité.

J'ai aussi trouvé cette cérémonie d’ouverture très belle, mais avec un arrière-gout amer. Elle était à l'image de la France que nous aimerions avoir, pas de celle que nous vivons. Une France fantasmée, très éloignée de la réalité (je conseille la lecture de ce brillant billet ici qui témoigne parfaitement de ce fossé entre image et réalité). 

Sans revenir sur la polémique sur la scène de la cène sur la Seine qui aura fait couler beaucoup d’encre sur la planète entière, la fin de cette cérémonie m'a vraiment fait penser à une autre mise en scène moins connue, cinématographique celle-là et surtout, plus en lien avec le moment que nous vivons.

Tant l'organisation de l'espace au Trocadéro, dérogeant du cadre ovale d’un stade, qu'une cérémonie haute en couleur, masquant la réalité de ce qu'est devenue la France, m'ont fait penser aux cérémonies d'ouverture des Hunger Games. Évidemment, dans le rôle du président Coriolanus Snow : Emmanuel Macron. Au centre de ce faux grand cirque, sa prise de parole solennelle, après celle du président d'un comité olympique que l'on sait particulièrement corrompu, déclarant : « Je proclame ouverts les Jeux de Paris, célébrant la 33e olympiade des temps modernes », n'était pas sans faire penser à celle, plus explicite et cynique, du président Snow : « Tributs, soyez les bienvenus. Nous saluons votre courage et votre sacrifice et nous vous souhaitons de joyeux Hunger Games. » Bien, actons que Snow n'était pas sifflé dans le film, lui !

La neige est retombée, le voile des jeux s'est levé et la France est redevenue ce qu'elle est réellement : un pays en très forte tension, de moins en moins gouvernable, en crise profonde des partis républicains censés produire des responsables pour diriger le pays et apporter le sens d’une démocratie juste et appaisée aux citoyens.

Au lendemain de l'annonce de la Team Barnier, la France semble juste être passée d'un gouvernement démissionnaire à un gouvernement précaire, en CDD que l'on pressent plutôt court. Emmanuel Macron a lui-même plongé la France dans une crise durable, qui risque de se poursuivre par l'accès au pouvoir du RN, sans résistance.

L'été toujours plus meurtrier dans le monde

Sur le plan international, en dehors du remplacement de Joe Biden par Kamala Harris le 21 juillet, qui redonne un peu de perspective à la candidature démocrate face à la folie Trumpiste, point de bonnes nouvelles, non plus.

Évidemment, nous sommes tous marqués par notre impuissance face à la guerre en Ukraine, aux portes de l'Europe et par l'escalade du conflit Israël/Hamas, avec une prise en otage inhumaine des populations civiles, produisant un terrible désastre humanitaire. Mais en Asie, il y a aussi de fortes inquiétudes autour de Taïwan et des deux Corées, dans un contexte de crise économique chinoise qui pourrait, tel le COVID, contaminer l’économie mondiale. À l’heure où le moteur économique européen allemand marque un fort signe d’essoufflement, nous risquons une année 2025 chaotique. Plus largement, la crise alimentaire en Afrique met en exergue les instabilités géopolitiques, dont nos pays occidentaux n'ont pas toujours joué le meilleur rôle dans l’accaparation de leurs ressources.

Enfin, comme si tout cela n’était déjà pas suffisant, la crise climatique a encore frappé cet été, présageant des lendemains qui déchanteront. Des sécheresses, des vagues de chaleur extrêmes partout dans le monde, des méga-feux en Amérique et en Europe et des inondations catastrophiques en Asie du Sud. Symbole de cette désynchronisation de nos dirigeants politiques face aux vrais enjeux de demain, au moment où nous célébrions dans la joie la clôture des Jeux olympiques d’Athènes à Paris, les Athéniens luttaient contre des flammes aux portes de leur ville. Qu'importe les crises, pourvu que l'on distraie les peuples !

Un bouclier démocratique devenu impuissant

Cet été 2024 marque véritablement un glissement dans cet autre monde, où les crises multiples risquent de rentrer en résonance entre elles, sans que nos dirigeants tentent de régler les problèmes. Au contraire, aux ordres des puissances économiques opposant leur véto aux possibles solutions, ils génèrent eux-mêmes leurs propres crises, nous faisant basculer dans un monde d'insécurité généralisé.

Il n’y a plus beaucoup de doute sur le fait que dans le système politico-médiatique actuel, ce sont les plus tordus, les plus corrompus et les plus fous qui accèdent aujourd’hui aux pouvoirs. Notre système démocratique libéral, centré sur une élection compétitive, a atteint ses limites. Le libéralisme a gagné, faisant même naitre un « libertarisme agressif », sans limite pour la domination de ceux qui ont accumulé le plus de richesse. L’ère des dirigeants égotistes et égoïstes décomplexés est ouverte. Trump et Musk sont la caricature du monde qui nous attend demain. En France, les assauts de Vincent Bolloré sur la captation des esprits, au travers de son emprise médiatique d’extrême droite, prennent la même direction. Il est temps de penser la démocratie différemment, plus coopérative que libérale et avec de vrais contrepouvoirs (notamment judiciaires et médiatiques) car sinon, les peuples en seront dépossédés.

La Chronique brestoise de l'été

Bien loin de cette furie du monde qui s'annonce, sur le plan local, nous célébrons le stade brestois, après le passage de la flamme olympique et des fêtes nautiques un peu rabotées, mais toujours en beauté grâce à notre belle rade de Brest. C’est oublié un peu vite qu’à l’autre bout de la rade, les SNLE et les frégates se préparent sans bruit à la réalité du monde de demain.

Pour terminer de façon amusante cette note plutôt sombre (j’en conviens), sur le plan de la politique bresto-brestoise, ma prophétie d'il y a quatre ans (ici) est sur le point de se réaliser. Stéphane Roudaut vient d'inaugurer son local à Brest, juste en face de la pharmacie du Serpent. Un célèbre établissement tenu jusqu'à sa retraite par Yannick Marzin, patron de l'opposition brestoise de 2001 à 2008, dans laquelle le jeune Roudaut siégeait, avant de s’émanciper judicieusement à Gouesnou en 2014.

Côté gauche, il commence à devenir clair pour de nombreux observateurs que le maire, bien qu'il ait certifié le contraire, prépare sa cinquième candidature. En 2020, ma prophétie avait été qualifiée de « grand n’importe quoi » par le principal intéressé (ici) et personne n'y avait cru. Rassurez-vous, je ne revendique pas de statut de « prophète », c'est juste de l'observation d'une personnalité sans grande originalité et donc tout à fait prévisible. A l’instar d’un Macron qui joue avec l’extrême droite pour se maintenir au pouvoir, nous avons à Brest un Cuillandre qui joue avec la droite, pour conserver ses indemnités ! Y compris à gauche, il n’est plus à exclure que le maire Gouesnousien de droite devienne aux yeux des brestois la seule alternative pour se débarrasser de celui qui collectionne les affaires publiques, plutôt que les bonnes politiques publiques.

Bon, tout cela n'est pas très grave, le Stade brestois a gagné 2-1 au Roudourou ! L'été 2024 est bien fini.

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