Réponse au « droit de réponse » de monsieur Salami
Vivre à Brest : Vers un déni de justice ?

Des citoyens plus matures dans une démocratie en déclin

IntersyndicaleLa loi sur l'allongement de l'âge de départ en retraite montre à quel point notre démocratie est en train de se transformer et aussi comment le pouvoir, les pouvoirs actuels, sont en décalage vis-à-vis de cette montée en maturité de l'écosystème qu’est une démocratique. L’affirmation d’un « déni de démocratie » traduit le sentiment d’une incapacité de nos dirigeants à s'ajuster à une attente collective et n’en faire plutôt qu’à leur tête. Cet état de fait et la violence qui en découle caractérisent un déclin du pacte social qu'est une démocratie.

Les réponses aux mouvements contre la réforme des retraites, comme celles face à la contestation des bassines ou sur des projets plus locaux, opposent l'opinion publique à la légitimité d'un processus, qualifié de démocratique.

Ainsi le président et le gouvernement se réfugient dans « le respect du cheminement démocratique » et l'usage d'une procédure d'exception qu'est le 49-3, pour justifier la légitimité de leur réforme. L'entourage du Président se drape dans la légitimité de l'élection pour défendre son projet : « si les gens ne voulaient pas des 64 ans, il ne fallait pas l'élire ». Depuis la Chine, mercredi dernier, Emmanuel Macron opposait même l’opinion publique à l’existence d’un Président de la République : « Si le rôle d’un président de la République est de prendre des décisions en suivant l’opinion publique, point n’est besoin d’avoir une élection présidentielle. Faites des sondages tous les mois, et un ombudsman [un médiateur] peut gérer le pays ». Enfin, de son côté, la première ministre osait faire un procès en illégitimité aux organisations syndicales qui parlait de démocratie, les reléguant au seul droit à avoir un discours sur les questions sociales.

Nous sommes en plein délire. La démocratie n’est pas la prérogative de certains ou d’un processus. Elle n’est pas une question privatisée, mais bien collective, publique. Elle est le lieu du débat et de la confrontation des idées. Le sens de la démocratie est bien une tentative d’alignement du pouvoir à l’opinion publique majoritaire. Dans une démocratie, faire croire que les processus et les rôles l’emportent sur l’opinion est un non-sens.

Un pouvoir d’autant plus autoritaire que sa légitimité est faible

Nos dirigeants, dont la légitimité initiale est de plus en plus faible, continuent à se réfugier derrière le respect des règles pour justifier la violence et faire perdurer un monde qui marche sur la tête.

Une 2022, seul un Français sur cinq a voté pour Emmanuel Macron au 1er tour de la présidentielle (probablement un peu moins encore si l'on considère la réalité de non-inscrits, les décrocheurs de la République). Son élection au second tour ne lui confère aucune légitimité supplémentaire, dans un duel attendu et de plus en plus tendu face à Marine Le Pen. S'il est en effet élu en suivant le processus électoral, il ne l'est que du fait de 20% de l'électorat, ce qui est objectivement et symboliquement très faible. Emmanuel Macron est un Président légitime, mais élu fortement par défaut.

Si un Président peut puiser le commencement de sa légitimité dans l'élection, cela ne s'arrête pas là. La légitimité issue de l’élection n'est pas un « bon pour accord », valant sur la durée d'un mandat. Cette légitimité issue de la règle élective démocratique s'évapore vite, si elle ne se conforte pas dans une reconnaissance de la légitimité des décisions et des actes, tout au long du mandat. Je ne développerai pas ici ce que Pierre Rosanvallon a très bien décrit à ce sujet dans son dernier livre : « La Légitimité démocratique - Impartialité, réflexivité, proximité ».

La particularité d'Emmanuel Macron est qu'il récupère les graines qu'il a lui-même semées, dès sa première élection en 2017. Celle-ci fut rapidement décrite comme un hold-up démocratique par certains observateurs. Un documentaire affichait la couleur : « Macron à l'Elysée, le casse du siècle ». Tout fut dit à posteriori de sa stratégie de conquête. La préparation, la mise en scène, la dissolution de tout passif partisan dans un « mouvement » créé pour l’occasion ont masqué la réalité du personnage, ses liens et ses intentions. Un discours centriste, « ni de droite, ni de gauche », marketé pour plaire au plus grand nombre et se nourrir habillement du rejet des partis républicains, à la façon dont le faisaient déjà les extrêmes. Dans sa quête d’une place sur l'échiquier, il a réussi à vaporiser les deux grands blocs historiques français (qui l’ont un peu aidé, il est vrai), se nourrissant de leur électorat, tout en faisant aussi grossir celui des extrêmes.

Emmanuel Macron a volontairement fracturé l'échiquier politique pour se faire une place à l’Elysée. Mais comme toujours, un pouvoir finit par avoir les oppositions qu'il mérite. Traitez les contre-pouvoirs avec raison et vous aurez des opposants respectueux et intelligents. Traitez-les avec mépris et vous aurez des meutes de chiens enragés.

Aujourd'hui, la France est au bord de l'ingouvernabilité. Les ex-partis républicains fragilisés, à gauche comme à droite, n'ont plus eu comme horizon que de rallier les extrêmes ou de se dissoudre dans une « sociale démocratie » illisible, fataliste et cynique, devenue le bateau ivre d’une mondialisation gouvernée par la seule économie de marché. Le débat démocratique n'est plus entre des valeurs de gauche ou de droite, mais entre un centrisme populiste, marqué à droite, et deux blocs d’oppositions radicaux jouant du rejet, de l’obstruction et du populisme, pour rallier des électorats orphelins et déboussolés face à l’absence d’alternatives construites.

Mais les populismes ont une constante. S’ils permettent d’accéder au pouvoir plus facilement, ils limitent fortement les capacités à gouverner ensuite, sans user, voir abuser d’autoritarisme. C’est exactement ce qui est en train de se passer pour Emmanuel Macron. Le recours récurent à la violence d’Etat, de l'affaire Benalla aux assauts de Sainte-Soline, est finalement la meilleure démonstration du populisme qui lui aura permis d’accéder au pouvoir. Impuissants à tenir leurs belles promesses, ces gouvernants s’enferment dans leurs certitudes. Ils s’abritent derrière des règles toutes écrites, incapable de percevoir la réalité du besoin d'aujourd'hui. Parfois même, comme cela peut s’entrevoir aujourd’hui, ils sont prisonniers de conflits d'intérêts ou sous l'influence des puissants les ayant fait roi.

Un monde en changement face à un président d’un autre temps

Emmanuel Macron a pris le pouvoir dans un monde en pleine mutation. Si sa stratégie d'accès au pouvoir était finement pensée, sa façon d’exercer le pouvoir est héritée d'un monde plus que dépassé. Un pouvoir à la française, personnifié, centralisé, autocentré et volontairement sourd aux messages qui remontent. Un pouvoir qui se conçoit dès le départ comme tout puissant, plus intelligent, omniscient et seul capable de résoudre les problèmes qui se posent à lui. Dans les faits, un pouvoir prisonnier d'une bulle de pensée, aligné sur les attentes de puissances économiques et d’une hiérarchie sociétale, en contradiction avec l'espérance de changement d'une base en fort mouvement.

Car notre monde a changé, plus vite que le logiciel de nos gouvernants. La multitude des canaux de communications est souvent critiquée pour la bêtise qui y fait régulièrement le buzz. Cependant, c'est oublier un peu vite une vraie lame de fond. Ce qui ressort de cette nouvelle culture est loin d’être que du négatif. De nombreux citoyens (voire une majorité !) sont équipés d’un cerveau et ils ont appris à discerner le vrai du faux. C’est que qui les éloigne d’ailleurs de plus en plus de leurs élus, de moins en moins disposés à cet exercice pourtant essentiel, enfermés dans des carcans idéologiques dans lesquels l’éthique est trop souvent absente. Des sphères où le mensonge, la tricherie et le non-respect des règles transparaissent quotidiennement dans les médias, tout en restant assimilés à des vérités, des méthodes justifiées pour servir son camp, accéder ou se maintenir au pouvoir. La monté de l'abstension et de la défiance sont de très bons indicateurs qualitatifs de ce désalignement.

Si ces nouvelles technologies font des coups d'éclats en termes de désinformation, sur le moyen terme, elles renforcent l’esprit critique de toute une génération. Car il existe aussi de multiples canaux qui témoignent d’une autre réalité, qui enseignent une prise de distance, une émancipation vis-à-vis de l'information qui est servie par ceux qui dominent les canaux de communication officiels. A chaque désinformation qui est démontée, et elles finissent par l'être avec le temps, les citoyens gagnent en maturité (et en défiance aussi vis-à-vis de leurs gouvernants). Ces nouveaux outils transforment chaque jour un peu plus la réalité de nos démocraties. Depuis la naissance d'internet il y a trente ans, la conscience collective citoyenne s’est ainsi élevée et la dysmétrie d'accès à l'information entre gouvernants et gouvernés s'est fortement amoindrie. L’information fut souvent un pouvoir détenu stratégiquement et fébrilement par les puissants. La révolution numérique a renversé la donne.

Bien sûr, il reste des hurluberlus pour penser que la terre est plate et que personne n’est allé sur la lune. Bien sûr, il reste des citoyens biberonnés aux chaines d'info qui préfèrent rester dans le confort de cette propagande moderne, servie sur leur chaine préférée. Mais il existe aujourd'hui la liberté de s'affranchir de cet enfermement, de s’en distancier et de s'émanciper. Cette nouvelle réalité silencieuse est celle d'aujourd'hui et ne fera que s'amplifier avec le temps et les générations. Nos dirigeants ne semblent pas l’avoir comprise.

Des messages pourtant évidents

Ce que nous dit l'opposition à la réforme des retraites, c'est que cette réalité d'un pouvoir qui décide tout seul, les citoyens n'en veulent plus. La légitimité à gouverner, c'est à dire orienter, à diriger, doit se faire en produisant du sens et non en se drapant dans la légitimité théorique de process démocratiques. ll y a une adhésion collective à aller chercher, où à minima un consentement. Il faut arrêter de prendre les citoyens pour des imbéciles en opposant la fatalité de situations soi-disant insolubles, lorsque des solutions radicales furent trouvées en quelques jours pour la pandémie du Covid, par exemple. D’autres choix politiques sont toujours possibles, c’est une évidence. Le fait qu’ils ne soient pas mis en œuvre est une volonté délibérée de choix politiques, pour garantir le maintien d’une hiérarchie rassurante, entre les gagnants et les perdants du système en place.

La question des retraites est bien plus profonde que le seul fait de repousser l'âge de départ de deux années. Ce qui est combattu aujourd'hui est la remise en cause du sens et du rôle social du travail dans notre société. Si le travail est historiquement reconnu comme ce qui constitue l'armature du développement des sociétés, il est aussi une des clés de répartition de la richesse produite. Le rôle social du travail est cassé sur ces deux aspects centraux.

Une majorité de travailleurs expriment le fait de ne plus arriver à trouver de sens à leur travail. Un travail imposé par la nécessité économique, dont les méthodes ou les finalités heurtent parfois leurs propres valeurs. Le travail est aujourd’hui plus synonyme de destruction et de domination, que de progrès et d'émancipation. Pas étonnant que la retraite soit attendue comme une libération par de plus en plus de travailleurs.

OBI - Mortalité par professionPar ailleurs, le travail n'est plus un outil de répartition juste de la valeur, de la richesse produite, voire tout simplement de la reconnaissance d’une contribution individuelle au bénéfice collectif. Il n'y a qu'à regarder le graphique ci-contre qui présente la sur ou sous-mortalité par profession [1]. Plus les métiers sont durs, moins ils sont payés et plus ils écourtent les vies. Où est la justice là-dedans, quand vient en plus se greffer un déterminisme puissant, qui annihile toute mobilité sociale ascendante au bénéfice d’une solide structuration de classes, basée sur l’héritage plus que sur le mérite. Le tout chapeauté par l'affichage ostentatoire d'une caste d’intouchables richissimes, aux patrimoines stratosphériques et aux pouvoirs plus grands que des états.

Alors oui, faire payer encore aux mêmes le déséquilibre des comptes sociaux, alors que les richesses existent, sont froidement privatisées par le haut et que les salariés de la base sont déjà objectivement les perdants d’un système figé ne peut que générer de la colère, puis de la violence face à un pouvoir qui leur est sourd.

La question environnementale aux multiples facettes et qui se cristallise ces derniers jours autour d’une « privatisation autorisée par des processus démocratiques » d’une ressource en eau à Sainte-Soline est exactement du même ordre. Il faut comprendre ce qui est produit et changer d'attitude.

Un seul graphique sur le sujet environnemental le plus brulant, le dérèglement climatique, suffit à comprendre toute la profondeur des enjeux [2].

Image répartition emmission C02 par groupe de population PNUE

Les plus riches, puis les très riches, suivis des hyper-riches et maintenant les ultra-riches (cette classification se mesure avec une échelle logarithmique sur laquelle la fortune de Mr Arnault est estimée à 2 x 1011 $, en avril 2023) ont longtemps tenu à distance le petit peuple sur la fable du ruissellement et d'une croissance qui allait être bénéfique à toutes et tous ... à la fin ! Mais c'était une fable. Il s’agit bien d’une appropriation grandissante des richesses produites, grâce aux infrastructures collectives [3], envers lesquelles ces souverains modernes échappent aux financements … en suivant des règles démocratiques !

La réalité systémique de l'économie du vaisseau « Terre » est de mieux en mieux comprise. Notre monde a des limites. Une large part des ressources sont finies et ce qui va à l'un n'ira pas à l'autre et encore moins aux générations suivantes (sauf la transmission de dettes en tous genres). Cela se voit, il y a une accumulation, une appropriation de la richesse produite collectivement par quelques-uns, dans le temps présent. Qu’ils soient nommés milliardaires à l’Ouest et oligarques à l’Est, cela ne change pas grand-chose au constat final ... si ce n’est un débat sur leur légitimité, là encore.

Car le vrai débat, comme pour l’eau, n’est plus celui de la consommation des ressources, mais celui de la privatisation et/ou de la dégradation des communs. L'autre réalité qui se profile est bien pire, les plus riches dégradent les biens communs que l'humanité n'est très probablement pas en capacité à réparer. La dégradation du climat (idem pour la biodiversité ou la pollution des rivières et des océans) est principalement due aux pays développés. Mais les crises toucheront en premier les populations les moins aisées, les plus fragiles et continuent à être massivement aggravées par les plus riches de la planète. Malgré cet état de fait connu scientifiquement et afin de tirer jusqu’aux derniers profits, ces derniers bloquent cyniquement les processus (démocratiques, là aussi) pour tenter de rentrer dans une trajectoire qui atténuerait les effets de ces crises pour l'humanité à venir.

C'est cela la réalité brute qui se dessine sous la bassine de Sainte-Soline. C’est cette réalité qui fait sens pour de plus en plus de citoyens. Cette impuissance à faire cesser ce qui parait logiquement inacceptable pour l’intérêt général génèrera nécessairement de la violence et la rendra de plus en plus acceptable à certains, face à un pouvoir qui ne prend pas de mesures claires face à ces enjeux évidents.

Une démocratie en déclin

Quand les rues et les prairies se transforment en champs de bataille, où des bastions armés usent de la violence et s'affrontent sous les yeux d'un pouvoir qui ment pour se justifier, alors oui, la démocratie, notre démocratie est en déclin. Elle est en déclin car elle n'arrive pas à se renouveler. Elle est en déclin car elle n'arrive pas à poser les diagnostics justes aux maux qui lui font face, ainsi qu'à l'exigence de changements collectifs et radicaux que notre période de l'histoire impose pour protéger les plus faibles et notre avenir commun.

Il y a en effet urgence à faire une pause et à regarder droit dans les yeux le monde que l'on veut pour demain. Si le choix est celui d’un monde ne répondant pas aux principaux enjeux et où les inégalités sociales, environnementales et démocratiques croitront, alors le résultat est facile à prédire. Un principe premier de la physique nous apprend que la violence d’un flux libre est proportionnelle à la différence de potentiel entre deux pôles. C'est vrai pour les écoulements d'eau et les cacades, pour l'électricité et les courts-circuits, les éclairs d’orages, où même le vent et les ouragans. C'est tout aussi vrai pour les écosystèmes humains. La violence d'une société est proportionnelle au niveau des inégalités en son sein, à la différence de potentiel entre un groupe A et un groupe B [4] . Il est clair que nous nous dirigeons aujourd'hui vers une société dont les dirigeants ne prennent pas en considération cette dérive vers plus de violence. Chaque jour, nous nous éloignons un peu plus d'une socièté apaisée, pour faire perdurer des bénéfices qui n'auront de toute façon qu'une durée limitée.

Si nous voulons sortir de l'escalade de la violence, la réponse n'est pas à chercher sur les champs de bataille, entre manifestants et CRS, mais bien dans les politiques de nos dirigeants. Il ne faut surtout pas se laisser emporter par le flux incessant de l'information continue qui nous traine dans le cautionnement d'une fatalité que certains voudraient nous imposer. Nous avons démontré en 2020 que de grandes décisions et de fortes remises en causes étaient possibles, parce que nous savions pour qui et pourquoi nous le faisions. Il faut simplement se poser la question du monde que nous construisons aujourd’hui et la question du monde que nous voulons construire ensemble pour demain.

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[1] Ce graphique présente la sur ou sous-mortalité par profession. La taille des barres est proportionnelle au pourcentage de mortalité en plus ou en moins par rapport à la moyenne, indiquée par la ligne verticale centrale. Cf article : « Le travail c’est la santé ? (pas pour tout le monde) - Écarts de mortalité entre professions en Belgique » de l’Observatoire des inégalités en Belgique.

[2] Ce graphique est issu du « Rapport 2020 sur l'écart entre les besoins et les perspectives en matière de réduction des émissions. » du Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE). Il représente les parts respectives des émissions de CO² des sous-groupes concernés.

Sur le graphique de droite, on voit que :

  • 1% des plus riches émettent en volume deux fois plus de CO² que la moitié de la population mondiale la plus pauvre.
  • 10% des plus riches dans le monde (dont nous avons une grande chance de faire partie !) émettent près de la moitié du CO² total.
  • En termes de flux annuel, 90% de la population mondiale n’est donc responsable que de la moitié des émissions de gaz à effet de serre. Ce sont aussi ces mêmes populations qui ont le moins émis dans le passé, donc les moins responsables du dérèglement climatique en cours, souvent au détriment de leur propre développement. Ils seront les premiers touchés.
  • Le graphique de gauche montre les émissions par personne, dans chacun des groupes. On observe qu’un humain du groupe des 1% les plus riches émet 100 fois plus qu’un autre humain, issu de la moitié de la population mondiale la plus pauvre. Et nous ne parlons pas là des 2700 milliardaires, mais des 80 millions d'humains les plus riches dans le monde (environ la population française, comme ordre de grandeur).

Ces deux graphiques montrent à eux seuls les enjeux au niveau mondial sur la responsabilité des impacts liés au dérèglement climatique. Une crise majeure en cours qui met en danger le fonctionnement du climat de la planète, matrice de notre développement sur terre, mais aussi la biodiversité sur laquelle repose encore une part prépondérante de toutes les économies. 

[3] Aussi géniaux qu’ils soient, tous les entrepreneurs assoient leur réussite sur les infrastructures physiques ou sociales existantes : les routes, la justice, la santé, l’éducation, les communications, etc … Leur fortune n’existe que grâce à ces organisations, ce patrimoine historique collectif. Que seraient Zuckerberg ou Bezos sans internet et les communications transatlantiques (qu’ils commencent à financer sur fond propres aujourd’hui d’ailleurs) ? Il serait logique qu’ils contribuent plus que les autres à faire perdurer ce capital collectif qui est à la base de leur fortune, voire à le développer comme l’ont fait les générations avant eux, plutôt que de le privatiser. Cela serait toujours plus utile que de nourrir les comptes de paradis fiscaux. Et comme le dit fort bien Thomas Piketty : « Les milliardaires sont partout dans les magazines, il est temps qu’ils apparaissent dans les statistiques fiscales »

[4] Henry Ford déclarait en 1930 que la différence de salaire entre un salarié et son patron devait être de 1 pour 40, pour être socialement acceptable. Dans notre monde mondialisé, où plus de 50% de la population mondiale vit avec moins de 10 $/jour, sans aucune réserve financière, les écarts de patrimoine sont de 1 pour 200 000 000 000 (200 milliards) ... assez éloignés de la théorie fordienne.

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[Photo Lionel Le Saux]

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