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Politique : penser et panser la société

Politique : les conflits d’usages

Arbre La politique, au sens premier du terme, est l’organisation de la vie de la cité, de la mise en œuvre de l’intérêt général et la réflexion sur le vivre ensemble. La politique se situe par nécessité aux nœuds de tensions, aux endroits où se situent les conflits d’usages. Elle ne traite pas à priori de ce qui se passe naturellement bien, des situations où finalement, l’intérêt d’un groupe se façonne par lui-même, correspond à la somme des intérêts individuels. Le politique rentre en jeux, lorsqu’une situation, un espace, une ressource est un sujet de tensions et que les visions où les intérêts divergent.

Sans rentrer sur un champ complexe comme l’économie, un exemple connu pour expliquer ce qu’est un conflit d’usage (que l’on m’a raconté en tant que jeune élu) est celui de l’arbre dans la ville. Quelle politique publique pour l’arbre sur le trottoir ?

  • Le jeune couple qui vient d’emménager au premier étage de la maison mitoyenne trouve que cet arbre donne de la verdure sous ses fenêtres et que c’est une bonne chose d’avoir un peu de nature en ville sous les yeux.
  • La personne âgée du rez-de-chaussée pense que le tronc de l’arbre lui masque la vue et qu’en plein été son appartement est triste, car il n’a pas de soleil.
  • Le conducteur qui passe tous les jours par cette rue pense que c’est bien d’avoir des arbres dans la ville, cela verdi son trajet et c’est bien agréable une ville qui vit aux rythmes des saisons.
  • La maman qui amène ses enfants à l’école avec son dernier dans la poussette pense que cet arbre bloque le passage et que les racines qui ont défoncées le trottoir au fils du temps l’obligent à une course d’obstacle indigne d’une grande ville.
  • Un contribuable pense que cet arbre et les centaines d’autres de la ville, finissent par lui couter cher dans ses impôts, car il faut une brigade d’agents municipaux pour les entretenir et ramasser tous les ans les feuilles qui ne manque pas de tomber à l’automne. Mais un autre pense qu’autant voir des arbres, ils devraient être fruitiers.

Etc … Autant d’avis que d’habitants sur ce pauvre arbre qui lui, ne songe qu’à grimper vers le soleil !

Si certains pensent que l’exemple est désuet ou trop théorique, sachez que la collectivité a reçu des plaintes pour avoir coupé les arbres sur le long du tramway au début des travaux, et qu’elle en reçoit aujourd’hui parce qu’elle en replante ! Et je pourrais prendre des milliers d’exemples comme celui-là.

La question posée au politique, c’est bien-sur celle de savoir ce que l’on fait (des arbres dans le cas décrit) et comment on réfléchit l’espace publique, la sphère publique pour satisfaire au maximum des attentes de chacun et minimiser les contraintes.

Satisfaire l’intérêt général ne sera jamais satisfaire l’ensemble des intérêts particuliers. Chaque action individuelle ou collective interfère sur la vie d’autres personnes, de façon négative ou positive et nous ne vivons pas sur une ile déserte, mais dans une grande copropriété toute ronde !

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