Bureau de vote - bureau de vie
mercredi 23 mai 2012
Cette année scolaire fut riche en élections de tout ordre (et ce n’est pas fini !) J’aurai totalisé 7 journées de votes : primaires citoyennes, présidentielles, législatives ou même élections des représentants du personnel dans mon entreprise. Une petite tranche de vie sur une année tout de même !
Etre président d’un bureau de vote, cela reste un « job » un peu particulier. Pour commencer par le coté rébarbatif, c’est très répétitif … quand ce n’est pas ennuyeux. Il y a à la fois des temps longs, quand l’électeur se fait rare, mais aussi des heures de pointes (avant et après la messe, comme on dit !) La cadence infernale peut atteindre alors un électeur toutes les 15 à 20 secondes, si on ne veut pas avoir une file d’attente trop longue. Autant dire qu’il vaut mieux rester concentré, car la sanction tombe en fin de journée, au moment du recollement des votes, entre le nombre d’exprimés et le nombre d’émargements. Un petit écart, pas de lézard, mais un grand écart, bonjour le cafard !
Un bureau de vote, c’est aussi une équipe, par définition composée de chiens et de chats, de futurs perdants et de futurs gagnants. La fiabilité du vote n’est pas une fonction du process (vote papier ou électronique), mais plutôt d’un jeu d’autocontrôle entre les représentants des différents prétendants. Cela nécessite donc de mettre en présence des personnes qui ont souvent passés leurs dernières semaines à faire campagne les unes contre les autres. Pendant les 10 h d’ouverture du bureau de vote, l’ambiance est très politiquement correcte, président et assesseurs tiennent leur poste avec sérieux, application et fair-play. Il s’agit bien là d’une sorte de trêve politique. Les jeux sont faits, rien ne va plus et tout le monde attend déjà fébrilement le résultat qui s’écrit en temps réel. Des débats dans l’équipe peuvent avoir lieux sur l’opportunité de retourner le cahier d’émargement ou de le faire signer à l’envers, sur la qualité des sandwichs ou l’heure de la pause café, mais en dehors de ces sujets de fond, l’attention va à l’électeur.
Car un bureau de vote, c’est enfin et surtout cela, un contact rapide mais intense avec l’électeur. Pour beaucoup, cela reste un moment solennel : celui du choix, celui de la prise de décision qui engage, celui de l’arbitrage politique, avec tout ce que cela peut signifier en termes de représentation. Avec le vote électronique, le choix et le vote se font en même temps, dans l’isoloir. L’attente avant d’entrer est donc parfois celle de la dernière hésitation. La tension est quelques fois perceptible dans le regard. Mais, c’est aussi parfois le temps d’un échange très bref, d’un petit mot de soutien pour l’équipe du bureau, d’une bise claquée ou d’une poignée de main serrée. Car un bureau de vote, c’est aussi un ancrage territorial, avec des gens qui se connaissent et qui, à défaut de partager parfois les mêmes opinions politiques, se côtoient en dehors, partagent une histoire commune et des lieux de vie.
Voilà, un bureau de vote, c’est plusieurs histoires en une et surtout, ce n’est pas un lieu commun.