Engagement 31 : Mariage et adoption pour tous
mercredi 12 décembre 2012
Bon ce soir, j’aborde un sujet que je ne trouve pas simple, plus par la forme qu’il prend dans la société que pour le fond de la proposition d’ailleurs.
Etant élu, je marie en mairie et je ne vois aucun problème à pratiquer des mariages de personnes du même sexe. Je préfèrerai d’ailleurs la sincérité de cette nouvelle situation, à l’entre-deux qu’autorisait le PACS et qui ne me satisfaisait qu’à moitié. Il y avait là comme un gout d’inachevé, sachant que des couples n’avaient pas accès au « vrai mariage », comme ils auraient pu le souhaiter.
Sur la question de l’adoption, on est évidemment sur un problème plus engageant pour la puissance publique. Il ne s’agit plus seulement de l’engagement entre deux adultes consentants, mais d’un engagement qui intègre un enfant, avec tout ce que cela implique. Je ne résumerais pas ma pensée en deux lignes, mais mon sentiment est que la nature du sexe des parents est un élément secondaire, tout comme la race, la condition sociale, la croyance ou l'âge … au regard de l’amour et de l’attention qu’ils ont envie de donner à leur enfant.
Cela étant, et même si cela ne me pose donc pas vraiment de questions personnellement, je reconnais aussi le droit à d’autres à pouvoir s’en poser sans pour autant devoir leur jeter l’anathème (si je puis dire). La question n’est pas nécessairement si simple, pour au moins trois raisons.
La première est que la question de l’homosexualité a été taboue dans notre société depuis fort longtemps. Nombre de discours discriminants ont été faits (et continuent à être faits) à l’égard des homosexuels. Toute une éducation a été bâtie sur le rejet de l’homosexualité et cela ne fut pas que du seul point de vue des religions. La République a elle-même été partie prenante dans ce rejet (nous ne serions pas là pour changer la loi, aujourd’hui, si cela n’avait pas été le cas). Il nous faut donc accepter que les changements de mentalité se fassent à leur rythme, sans rejeter pour autant ceux qui ne pensent pas comme nous aujourd'hui du fait de leur histoire personnelle. Aucune société ne change en bloc, en un jour !
Le second point est que l’homosexualité touche à la sexualité et que celle-ci fait probablement partie des choses les moins contrôlées par la raison humaine. Le débat s’en trouve doublement biaisé. En plus d’un changement de culture, il faut probablement faire preuve d’une certaine ouverture d’esprit par rapport à son propre « référentiel amoureux ». C’est surement un point de blocage pour certaines personnes qui perçoivent encore l’homosexualité comme un risque pour leur propre sexualité.
Enfin, l’approche de la question de l’adoption par le terme d’homoparentalité est probablement un problème en soi. Définir des parents par leur sexualité, c’est jouer avec deux sujets qui ne se rencontrent jamais dans la société. Les parents ne parlent jamais de leur sexualité de couple à leurs enfants et les enfants ne veulent d’ailleurs pas la connaitre. Un parent ne se présente pas au professeur de son enfant ou ailleurs en se qualifiant par son orientation sexuelle (y compris les hétéros), ce serait tout simplement hors sujet et inapproprié. L’éducation sexuelle est certes un sujet qui se traite en famille, mais sur un plan général et théorique, pas au travers de la sexualité des parents. On voit-là qu’il y a donc un objet de rejet naturel non visible, dans la façon même d’aborder la question de l’adoption. Dire qu’un enfant a deux papas ou deux mamans ou dire qu’un enfant a des parents homosexuels signifie la même chose. Toutefois, cela n'est pas pareil en terme de représentation.
Voilà, la nature de ce débat est plus complexe qu’il n’y parait, par son histoire, son ressenti individuel et les mots employés. Je crois que la société est majoritairement prête à avancer sur le sujet, mais qu’il n’y a pas nécessité à stigmatiser ceux qui n’y adhèreraient pas. On peut être contre ce projet, sans être homophobe. Il nous faut l’accepter et éviter de penser que ceux qui ne sont pas avec nous, sont forcément contre nous. Pour nombre de français, c’est probablement encore une question de cheminement personnel.
Dresser les uns contre les autres ne fera que renforcer les positions extrêmes. Or, le vrai combat, ce n’est pas tant le mariage ou l’adoption que la fin des discriminations et l’acceptation des différences. Alors je crois que le chemin doit se faire dans un sens comme dans l’autre, dans le respect des uns et des autres.
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Pour ceux qui le souhaitent : Pétition en faveur du droit au mariage et à l'adoption pour tous.