Esprit métropolitain ou esprit de clocher ?
mercredi 19 octobre 2016
La communauté urbaine de Brest n’est pas devenue métropole parce qu’elle est importante en nombre, mais parce qu’elle est grande. Elle l’est à deux titres. Le premier est son périmètre d’influence : un territoire de 400 000 habitants. Le second est son niveau de maturité et d’intégration de ses politiques.
La construction métropolitaine ne s’est pas faite en un jour, mais en plus de 40 ans. Elle s’est faite parce que des élus, petits et grands, de tous bords politiques, ont compris que nous ne pèserions pas grand-chose à la pointe bretonne, si chacun agissait de son côté. Ils ont compris que réuni, nous avions une vrai capacité à construire un territoire fort et ambitieux.
Cette vision, cette croyance dans un avenir ensemble a fait de nous des pionniers. Les élus qui nous ont précédés ont eu très tôt l’intelligence et la sagesse d’accepté de faire du commun, c’est-à-dire de partager collectivement leur pouvoir de décision dans l’instance supra-communale qu’était la communauté urbaine. Ils ont à la fois délégué les financements, mais aussi leurs capacités de choix et d’engagement pour un projet plus grand. C’est ainsi que la capacité de développement du territoire s’est amplifiée, s’est démultipliée. Malgré notre éloignement géographique, cette stratégie nous a permis d’exister au même titre que des agglomérations beaucoup plus peuplées.
Aujourd’hui, nous sommes connus et reconnus en France comme le territoire ayant intégré le plus rapidement et le plus sereinement nos compétences communales au niveau communautaire. Aujourd’hui, le passage aux exigences de la Métropole se fait d’ailleurs sans qu’il y ait besoin d’en faire plus, là ou d’autres territoires avancent beaucoup plus lentement … voire difficilement.
Certains voudraient nous faire faire marche arrière en refusant à la Métropole et à ses élus la légitimité à pouvoir participer à toutes formes de décision sur leur territoire communal, revenant à l’esprit de clocher, là où l’avenir n’existe qu’à l’échelle du Pays. Agir ainsi est assurément une régression dans le projet métropolitain qui anime notre territoire depuis bientôt un demi-siècle.
L’ambition pour notre Métropole, c’est bien sûr de poursuivre ce travail collectif. L’échelle de l’ex-communauté urbaine est depuis de nombreuses années déjà dépassée, autant par nos visions que par nos politiques communes. La cohérence de notre territoire ne s’exprime qu’à l’échelle des communes du Pays de Brest et de ses 7 intercommunalités. Si le nom de la ville de Brest est devenu l’étendard du territoire, une marque de fabrique en tant que « ville centre », elle n’existerait pas sans l’archipel des 88 communes qui composent avec elle le Pays de Brest, apportant chacune leur attractivité, leur dynamisme et leur diversité.
Pour représenter Brest métropole au sein du Comité de pilotage du SCOT, je mesure la difficulté de construction d’un territoire aussi large et multiple. Chaque nouveau pas confronte chacun aux incertitudes de l’avenir, mais il suffit de se retourner pour voir comment ce que nous avons déjà construit ensemble est précieux et puissant, et qu’il n’existe pas d’autre issue que ce destin commun.
Dans un monde largement fondé sur la confrontation, la concurrence ou la compétition, construire du commun n’est plus l’évidence. Pourtant, rien de grand n’arrivera sans cela. Pour réussir, nous sommes condamnés à nous entendre, à nous faire confiance et à avancer dans l’intérêt de tous. C’est cela l’esprit métropolitain.