Terrorisme : la guerre de la pensée
mercredi 20 juillet 2016
Le terrorisme n’est pas une guerre au sens propre, au sens historique du terme : entre états et armées, avec un objectif de lutte pour un autre territoire. Le terrorisme est avant tout une guerre de la pensée politique, instrumentalisée par la peur.
Le principe opérationnel du terrorisme, est la terreur. L’objectif est de marquer les esprits pour semer la terreur sur des actions revendiquées comme autant de victoires. Pour cela, tous les codes tombent. Toutes les lâchetés sont possibles voire nécessaires : attaquer les plus faibles, par surprise, pour que personne ne puisse plus se sentir en sécurité. L’objectif du terrorisme est d’atteindre trois objectifs : faire le plus de morts et de blessés, le faire savoir en le revendiquant (si possible avec un maximum d’images produites par les victimes elles-même) et faire que tout le monde se ressente potentiellement comme une cible.
L’objectif de Daesh n’est pas à court terme de conquérir des territoires en Europe. Les terroristes sont peu nombreux et, même si les images sont choquantes et les morts bien réels, ils sont aujourd’hui dans l’incapacité à nous infliger de lourdes pertes qui viendraient atteindre la capacité de la nation à se défendre, comme c’est le cas lors de conflits armés. Sur le fond, la stratégie de Daesh n’est pas de prendre notre territoire (ils ont déjà du mal à défendre le leur), mais de nous convertir à son modèle de pensée, qui est loin d’être que religieux.
La stratégie de Daesh en occident repose sur le concept de « réduction de la zone grise ». La « zone grise » est l’espace de coexistence entre croyants et incroyants, entre « fidèles et infidèles ». Un espace où les musulmans sont intégrés à nos sociétés, y trouvent leur place et s’y sentent chez eux. L’objectif du terrorisme est de réduire cet espace au profit de deux autres, celui de ceux qui les rejoindront dans une guerre du Califat contre l’occident et celui de ceux qui combattront ce Califat et tous ceux qui s'en rapprochent. Comme souvent dans les modèles politiques portés par des extrémistes, le modèle est binaire et tente de réduire tout ce qui ne l'est pas. Pour cela, l'acte de tuer n'est pas une fin, mais un moyen pour nous prendre à nos propres pièges. Il n'y a pas de victoire à tuer des faibles qui ne représentent pas en soi une menace. Il y a victoire des terroristes si cela conduit à produire de la radicalisation, de la discorde, si cela conduit à réduire un peu plus la zone grise. Les terroristes misent sur la préexistence d’un terreau xénophobe dans nos pays et de la fragilité de notre modèle démocratique face aux divisions politiques que la multiplication d’actes meurtriers et aveugles fera naître.
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