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octobre 2012

Hyderabad, retour sur les impressions du sommet

8089399261_1f3579479d_mDifficile de faire un rendu exhaustif de cette conférence de l’ONU sur la biodiversité, alors que je n’y ai passé que trois jours et que je me suis surtout intéressé au Sommet des villes sur la biodiversité et non à la Conférence des parties (COP11). Cela étant, j’avais envie de livrer ici quelques impressions à mon retour.

Sur l’initiative de Brest métropole océane avec l’organisation d’une Conférence internationale sur la biodiversité marine et côtière en novembre prochain, celle-ci a été très bien accueillie. La question de la mer est centrale pour la biodiversité. D’abord la mer est un des plus grands réservoirs de biodiversité terrestre ; ensuite la question de la gestion côtière est probablement un des grands enjeux à venir, avec plus de 50% de la population mondiale vivant en bordure des mers d’ici à 2015 ; enfin parce que la mer a été un des grands sujets de débat de la COP11, car elle a la spécificité de n’appartenir à personne en zone internationale (la majeure partie de sa surface). Quid alors de zones protégés n’appartenant à personne ? Il existe déjà pas mal d’initiatives sur la question de la biodiversité terrestre. Par contre, la biodiversité marine semble moins investie. Notre initiative a donc été très bien accueillie, comme permettant de combler une lacune au niveau international.

Même si je n’ai pas pu participer au débat de la COP11, nous avons eu l’opportunité d’en percevoir les enjeux lorsque l’ambassadeur français de cette conférence a fait un point d’étape, à l’ensemble de la délégation française présente sur site. Dire que j’ai tout saisi serait osé ! Par contre, ce qui apparaît clairement dans les échanges, c’est la tension entre les états, sur la défense des intérêts respectifs. Ce genre de négociation apparaît comme un espace en tension et en rapport de force entre états, où les décisions se prennent de façon très lentes. Les enjeux financiers étant très importants, un seul état peut bloquer la négociation, ou en tous cas, son application. A l’opposé dans le Sommet des gouvernements infranationaux pour la biodiversité où j’étais, l’ambiance était très différente : beaucoup plus bienveillante et coopérative que dans la salle d’à coté. Cela me conduit à penser que si les négociations internationales entre états sont évidemment importantes, l’action à l’échelle des territoires infranationaux (communes, départements, régions) l’est tout autant et produira probablement une dynamique plus forte sur le court terme. Nos territoires sont probablement, à leur échelle, des acteurs importants dans l’ambition globale, qui se traduira à la fin dans les grandes négociations internationales, entre états.

Dernier point sur la présence et l’action des pays en voie de développement. Sur la question climatique, les pays les moins développés ont une tendance au « climato scepticisme ». Ils ont bien compris que les pays développés avaient bâti leur croissance en prenant une bonne part du gâteau des émissions de CO² et que les restrictions à venir les empêcheraient de se développer à leur tour. Sur la question de la biodiversité, c’est pratiquement l’inverse. Les pays les moins développés sont ceux qui sont frappés en premier par les effets de l’érosion de la biodiversité. Pour ces populations locales, le lien entre perte de biodiversité et pauvreté est très étroit : surexploitation des ressources ou cultures affaiblies par l’absence de défenses naturelles (nécessitant alors un recours à des produits chimiques chers). Par ailleurs, la propriété du vivant, via les brevets, pose de sérieux problèmes d’éthique et d’équité entre pays riches et pauvres. Pas étonnant donc que la question de la biodiversité soit une des inquiétudes portées fortement par les pays en voie de développement, ils sont les premiers touchés par ses effets. Le fait que la COP11 ait eu lieux en Inde, en témoigne aussi.


Hyderabad, Sommet des villes pour la biodiversité

International meeting on marine and costal biodiversityVoici le discours que j’ai lu hier pour Brest métropole océane (traduit en anglais ici), lors de mon intervention au titre des villes innovant sur les enjeux de biodiversité.

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Brest est une ville située à la pointe ouest de la France, face à l’océan Atlantique. Elle est au cœur d’un territoire très riche pour la biodiversité.

Notre agglomération est entourée par deux zones maritimes  classées : la Mer d’Iroise à l’ouest et la Rade de Brest qui est un des spots majeurs de biodiversité en Europe.

Entre ville, terre et mer, Brest s’est affirmée historiquement autour de sa vocation maritime. Identifiée comme un site stratégique pour la défense du Royaume, il y a 300 ans, sa vocation fut au début militaire. Puis « Brest militaire » fut aussi « Brest exploratrice ». C’est en partant de Brest que les explorateurs et naturalistes français du XVIII siècle sont allés explorer le monde et sa diversité : la Pérouse, les expéditions de Kerguelen ou de Bougainville…

Nos valeurs mêlent ouverture au monde, cohésion sociale et dynamisme. Elles sont reconnues dans la France entière. Il en découle une qualité de vie appréciée que je vous invite à venir découvrir, si vous passez par la France !

Malgré tout, nous avons aussi eu à faire à quelques évènements dramatiques qui ont forgé notre conviction que la richesse de notre biodiversité était aussi fragile, et que nous devions la préserver. Ainsi, en mars 1978, au cœur de ce patrimoine naturel, s’est produite une catastrophe écologique : le naufrage du pétrolier Amoco Cadiz, provoquant l’une des pires marées noires connue à ce jour dans le monde.

Cet évènement a laissé des traces sur le territoire brestois, sur nos côtes, mais aussi dans les esprits. Il fut probablement le déclencheur d’une prise de conscience qui ne s’est jamais éteinte depuis. Il a conduit la collectivité à s’engager dans une démarche volontariste pour une approche locale des enjeux de biodiversité marine et côtière.

Très tôt donc, Brest a donc engagé des projets, des actions qui s’inscrivent aujourd’hui parfaitement dans les objectifs définis par la Convention sur la Diversité Biologique, de son Plan stratégique à 2020 et de sa déclinaison avec les Objectifs d’Aïchi, adoptés il y a deux ans, à Nagoya.

Aujourd’hui, trois éléments caractérisent la collectivité brestoise dans son engagement sur la biodiversité marine et côtière :

  1. Le premier est une concentration de chercheurs unique en Europe qui place la connaissance de la biodiversité au cœur de leurs travaux ;
  2. Le second est un engagement fort sur des actions de préservation, de gestion et de restauration
  3. Le troisième est une démarche volontariste de la collectivité d’intégrer les enjeux de biodiversité dans ses documents de planification urbaine.

 

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Objectif Hyderabad !

Cities for life summitLa onzième conférence des parties (COP11) sur la biodiversité a commencé lundi à Hyderabad en Inde. Il s’agit d’un temps fort organisé par l’instance de l’ONU qui s’occupe de la biodiversité (la Convention sur la Diversité Biologique - CDB).

Comme pour le dérèglement climatique avec les COP de Copenhague en 2009 et Cancun en 2011, ces conférences ont lieux tous les deux ans et ont pour but de rassembler l’ensemble des parties prenantes autour d’un sujet donné. Pour la biodiversité, la précédente était la COP 10 de Nagoya, au Japon.

De nombreuses conférences se tiennent en même temps durant ces 11 jours. Conscient de la place des villes dans les changements de pratiques et l’évolution des mentalités, la CDB et l’ICLEI organisent en parallèle le Sommet des villes pour la biodiversité (Cities for life summit), les 15 et 16 octobre.

Brest métropole a été invitée à venir s’exprimer lors de ce sommet lundi prochain, dans le cadre des villes innovant à l’échelon local, afin de présenter nos actions passées, présentes et à venir, mais aussi notre environnement local, tant environnemental que scientifique ou institutionnel.

Ce sera l’occasion pour moi d’aller exposer tout ce qui se fait à Brest, au regard des Objectifs d'Aichi, adoptés à Nagoya en 2010. Ce sera aussi l’occasion d’inviter les autres villes aux Rencontres internationales de la biodiversité marine et côtière que Brest organise à Océanopolis, les 13 et 14 novembre prochains.