Objectif Hyderabad !
Hyderabad, retour sur les impressions du sommet

Hyderabad, Sommet des villes pour la biodiversité

International meeting on marine and costal biodiversityVoici le discours que j’ai lu hier pour Brest métropole océane (traduit en anglais ici), lors de mon intervention au titre des villes innovant sur les enjeux de biodiversité.

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Brest est une ville située à la pointe ouest de la France, face à l’océan Atlantique. Elle est au cœur d’un territoire très riche pour la biodiversité.

Notre agglomération est entourée par deux zones maritimes  classées : la Mer d’Iroise à l’ouest et la Rade de Brest qui est un des spots majeurs de biodiversité en Europe.

Entre ville, terre et mer, Brest s’est affirmée historiquement autour de sa vocation maritime. Identifiée comme un site stratégique pour la défense du Royaume, il y a 300 ans, sa vocation fut au début militaire. Puis « Brest militaire » fut aussi « Brest exploratrice ». C’est en partant de Brest que les explorateurs et naturalistes français du XVIII siècle sont allés explorer le monde et sa diversité : la Pérouse, les expéditions de Kerguelen ou de Bougainville…

Nos valeurs mêlent ouverture au monde, cohésion sociale et dynamisme. Elles sont reconnues dans la France entière. Il en découle une qualité de vie appréciée que je vous invite à venir découvrir, si vous passez par la France !

Malgré tout, nous avons aussi eu à faire à quelques évènements dramatiques qui ont forgé notre conviction que la richesse de notre biodiversité était aussi fragile, et que nous devions la préserver. Ainsi, en mars 1978, au cœur de ce patrimoine naturel, s’est produite une catastrophe écologique : le naufrage du pétrolier Amoco Cadiz, provoquant l’une des pires marées noires connue à ce jour dans le monde.

Cet évènement a laissé des traces sur le territoire brestois, sur nos côtes, mais aussi dans les esprits. Il fut probablement le déclencheur d’une prise de conscience qui ne s’est jamais éteinte depuis. Il a conduit la collectivité à s’engager dans une démarche volontariste pour une approche locale des enjeux de biodiversité marine et côtière.

Très tôt donc, Brest a donc engagé des projets, des actions qui s’inscrivent aujourd’hui parfaitement dans les objectifs définis par la Convention sur la Diversité Biologique, de son Plan stratégique à 2020 et de sa déclinaison avec les Objectifs d’Aïchi, adoptés il y a deux ans, à Nagoya.

Aujourd’hui, trois éléments caractérisent la collectivité brestoise dans son engagement sur la biodiversité marine et côtière :

  1. Le premier est une concentration de chercheurs unique en Europe qui place la connaissance de la biodiversité au cœur de leurs travaux ;
  2. Le second est un engagement fort sur des actions de préservation, de gestion et de restauration
  3. Le troisième est une démarche volontariste de la collectivité d’intégrer les enjeux de biodiversité dans ses documents de planification urbaine.

 

À Brest se retrouve une concentration de chercheurs soucieux de découvrir, d’étudier, de protéger la biodiversité et de diffuser la connaissance sur le territoire comme à l’échelle internationale.

Depuis plus de 20 ans, Océanopolis, parc de découverte des océans, accueille 500 000 visiteurs par an. Il allie une démarche d’information scientifique affirmée et une mise en scène spectaculaire de la vie dans les océans, au travers de nombreuses expositions et d’aquariums. Océanopolis propose aussi de nombreux ateliers pédagogiques.

Sur le volet littoral et terrestre, le Conservatoire National Botanique de Brest, référence mondial et le plus ancien de France, mène également une mission de sensibilisation du grand public. Il propose des actions éducatives sur les enjeux de préservation de la biodiversité. Il répond aussi à une mission de diffusion des connaissances pour les décideurs publics ou les gestionnaires de zones protégées. Sa mission de conservation des graines de plantes en danger ou en voie de disparition est aussi fondamentale. Ainsi, grâce au travail des scientifiques, certaines plantes ont pu être réintroduites dans leur milieu d’origine, parfois à plusieurs milliers de kilomètres de Brest.

Ce fut le cas très récemment, en décembre 2011, avec la réintroduction de 30 plantes éteintes ou menacées à l’île Maurice, dans l’océan Indien !

Concernant les actions de préservation, de gestion et de restauration, Brest métropole océane a initié et coordonné un certain nombre d’actions. Je peux vous citer à titre d’exemple :

- le classement en zone naturelle protégée non constructible du linéaire de notre littoral. Cela représente 51 kms sur les 70 kms de cote sous notre responsabilité, soit les deux tiers.

- De même, dans le cadre de nos documents d’urbanisme, un tiers du territoire urbain reste dédié aux habitats naturels, avec plus de 7% correspondant à des zones humides protégées.

- Enfin, quand la préservation n’est pas possible, nous mettons en œuvre des mesures compensatoires qui vont au-delà des surfaces naturelles dégradées ou détruites. Cela peut être la restauration d’une zone humide ou d’une continuité piscicole dégradées, un reméandrage de cours d’eau ou un passage pour la faune.

Par ailleurs, soucieuse de préserver la Rade qui lui fait face, Brest métropole océane a élaboré des outils de gestion intégrés qui fonctionnent avec une gouvernance multi acteurs.

Signé en 1998, le contrat de baie de la rade de Brest fut à ce titre un outil fondateur. Il s’agissait d’un programme d'actions visant à restaurer et gérer la qualité des eaux et des milieux de la Rade de Brest et de son bassin versant. Son ambition était de développer et faire coexister les activités économiques que sont le tourisme, l'agriculture, la pêche, l’agroalimentaire, la haute technologie, la défense, les activités portuaires et les activités de loisir en mer, tout en préservant notre patrimoine naturel.

A partir de 2004, le Schéma d’Aménagement et de Gestion des Eaux a pris la suite du Contrat de Baie. L’un des objectifs prioritaire reste la préservation des eaux de la Rade.

De ces deux outils, ont découlé d’autres actions qui participent aux objectifs poursuivis, comme par exemple :

- La mise en place de la politique « zéro pesticide », dont l’objectif est la fin du recours aux produits chimiques toxiques pour l’entretien des voiries et espaces verts.

- Une surveillance accrue de l’évolution des plantes invasives marines sur le littoral mais aussi en milieu urbain. Cette problématique est fortement présente à Brest du fait des activités portuaires et du transport maritime.

- Un programme de restauration d’habitats naturels fragiles comme les cours d’eau ou les zones humides, ainsi qu’une implication dans la gestion des deux sites Natura 2000 situés en Rade de Brest.

- Une participation à des actions de gestion et de protection avec le Conservatoire du Littoral. L’objectif est ici d’acquérir définitivement des espaces naturels fragiles du littoral afin d’en maitriser la gestion sur le long terme.

Ces actions ne se mènent pas sans rencontrer des difficultés. Ainsi, dans le cadre du Schéma d’Aménagement et de Gestion des Eaux sur notre bassin versant, si les actions mises en œuvre ont permis une baisse des teneurs en nitrates, elles restent encore insuffisantes pour permettre une réelle diminution du niveau d’eutrophisation. Cette difficulté s’explique par un territoire où l’agriculture est une activité économique importante et où des changements radicaux ne pourraient se faire sans incidences sociales fortes.

Enfin, la collectivité brestoise a volontairement intégré les préoccupations environnementales dans les documents prescriptifs de planification et d’aménagement du territoire.

Ainsi :

  • Notre Agenda 21, qui planifie notre stratégie d’actions de développement durable sur le moyen terme,
  • Notre Plan Local d’Urbanisme, qui planifie l’occupation de l’ensemble des espaces de notre territoire sur les 20 prochaines années, avec l’ambition de contenir l’étalement urbain et d’inscrire dans la carte du territoire ce que nous appelons une trame verte et bleu qui intègre la biodiversité au cœur du maillage urbain.

Voilà, c’est ainsi que Brest métropole océane s’est aujourd’hui appropriée les cinq buts stratégiques et les 20 objectifs d’Aichi. Mais nous pensons que le chemin ne s’arrête pas là et qu’il est encore possible d’aller plus loin.

[Question du facilitateur : Brest métropole océane innove en proposant aux territoires maritimes engagés sur la biodiversité de se retrouver pour partager leurs expériences. Pouvez-vous nous en dire un peu plus ?]

Oui en effet, Brest métropole océane organise les 13 et 14 novembre 2012 à Brest les Rencontres internationales de la biodiversité marine et côtière. Ces Rencontres sont placées sous le Haut Patronage du Secrétaire Exécutif de la Convention des Nations Unies pour la Diversité Biologique.

Pensées pour faciliter les échanges et retours d'expériences, les Rencontres internationales de la biodiversité marine et côtière s'adressent à un ensemble d’acteurs : élus et techniciens des autorités locales, représentants d’institutions internationales, gestionnaires de zones protégées, scientifiques, experts, représentants d’ONG et d’associations des territoires maritimes à travers le monde. Les villes côtières partenaires de Brest à l'échelle internationale sont tout particulièrement conviées à venir partager leurs expériences.

Au travers de cet évènement, Brest métropole océane souhaite donner à voir des expériences probantes et innovantes de collectivités maritimes à l'échelle internationale. Nous pensons que c’est une bonne façon de mobiliser et de faciliter l’appropriation des objectifs d’Aichi.

Nous souhaitons ainsi nous associer dans un partenariat avec la Convention des Nations Unies sur la Diversité Biologique.

Les Rencontres de novembre s’organiseront autour de trois temps forts :

  • Le premiers temps sera consacré à la perte de diversité biologique en milieu côtier et marin et aux enjeux de la mobilisation des collectivités maritimes.

Ce sera l’occasion de compléter éventuellement, le tableau des différentes menaces ; d’identifier les principaux défis que les collectivités maritimes peuvent prendre en compte pour agir en faveur de la protection de la biodiversité marine et côtière ; de lister les principaux leviers d’action que les collectivités maritimes peuvent activer pour travailler efficacement à la protection de la biodiversité marine et côtière.

  • Le second temps sera consacré à une série d’ateliers de travail autour des outils de gestion et de protection de la biodiversité marine et côtière

En effet, pour préserver la biodiversité marine et côtière, des mesures ambitieuses de gestion, de protection et de restauration des milieux doivent être mises en œuvre en s’appuyant sur les connaissances scientifiques disponibles. A partir des contributions des participants, nous chercherons à identifier les enjeux, les solutions possibles et les conditions de réussite des différents outils existants (gestion intégrée de la mer et du littoral, zones protégées, gestion des ressources entre régulation et valorisation etc.).

  • Au-delà de la confrontation des expériences des participants, un troisième temps sera réservé à la définition d’un programme de travail des collectivités maritimes engagées pour la protection de la biodiversité marine et côtière et de mise en perspective sous différents angles : attractivité territoriale, développement économique et coopérations scientifiques. Nous regarderons comment les collectivités maritimes peuvent renforcer leur attractivité tout en protégeant la biodiversité.

 

Le Président de Brest métropole océane, Monsieur François CUILLANDRE et moi-même serions très heureux de vous accueillir à Brest à cette occasion les 13 et 14 novembre prochains.

Les inscriptions sont ouvertes sur le site www.brest-biodiversite.fr.

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