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Bonheur et identité

IdentitéAprès nos deux auteurs, venons-en aux quatre conditions du bonheur.

La première qui me semble une sorte d’évidence est un socle pour tout le reste. L’identité, c’est un peu comme les fondations du bonheur et de l’estime de soi.

On peut voir cette identité de deux façons. La première est une façon de s’affirmer, d’être connu et donc reconnu : « je suis », « j’existe ». Elle affirme le caractère unique de la personne et sa reconnaissance en tant que telle.

La seconde est une façon de s’inscrire dans un collectif, d’appartenir à quelque chose de plus grand, quelque chose qui nous dépasse et nous intègre. Cela peut être l’identité par un groupe (famille, amis, pairs, etc …), par un territoire (quartier, ville, région, pays, etc …) ou simplement par une activité, une passion (sport, musique, art, habit, culte, etc …)

L’identité est probablement la première étape dans notre capacité à être heureux et les personnes qui ont conscience de leur identité sont probablement plus facilement exposées au bonheur : elles sont plus fortes, plus solides, plus résilientes. En cas de soucis, d’accidents de la vie, l’identité est probablement une position de repli qui aide à repartir.

La force de l’identité est un peu une évidence pour moi, le parisien d’origine (et fier de l’être !), venu habité en Bretagne (et fier d’y être !) La culture Bretonne est une force de ce territoire, cela saute aux yeux lorsque l’on y arrive : drapeau, histoire, festnoz, langue, luttes, etc …La culture commune, l’identité, c’est un formidable vecteur de cohésion qui se vit au présent en Bretagne.

Au sein de l’entreprise, l’identité est importante aussi : on est fier (ou pas) d’appartenir à son entreprise. On peut aussi se reconnaître dans sa position dans l’entreprise, en fonction de son rôle social dans celle-ci (notion de pairs).

Pour en prendre toute la mesure, la question de l’identité peut être aussi observée en creux. Quid des personnes en recherche de leurs origines, que cela soient familiales (personnes nées sous X, enfants abandonnés) ou territoriales et culturels (immigration).

Enfin, les lutes politiques ont été et sont encore parfois des luttes pour l’identité, pour être reconnu. De façon contemporaine, on pourrait parler du mouvement historique féministe et plus récemment du mouvement LGBT. Les Pride portent bien leur nom. La reconnaissance du vote des personnes résidentes, mais non française, aux élections locales, pourrait être encore un autre exemple.

L’identité est clairement une des conditions à l’équilibre et au bonheur.


Bonheur Intérieur Brut – Deux auteurs qui donnent du sens

Smileys - 2Les origines du Bonheur Intérieur Brut (BIB) sont assez bien documentées sur Internet, depuis son émergence avec le roi du Bouthan (ici), jusqu’à sa déclinaison plus récente en France, avec la commission Stiglitz (). Je préfère ne pas revenir là-dessus, en prenant le risque de paraphraser ce qui a été déjà bien écrit par ailleurs.

Par contre, il me semble intéressant de citer deux auteurs que je considère comme tout à fait pertinents sur le sujet. Il s’agit du philosophe Patrick Viveret et de l’économiste Jean Gadrey.

Patrick Viveret (bio ici) est l’auteur de nombreux textes ou conférences sur la critique d’une société lue par le seul prisme du PIB. Il s’inscrit aussi dans un regard critique de notre société moderne, proche de celle donnée par Gandhi dans sa citation : « Earth provides enaugh to satisfy every man’s need, but not every man’s greed » (La terre produit assez pour satisfaire aux besoins de tous les hommes, mais pas assez pour l’avidité de chacun d’eux). Il pose ainsi notre difficulté au bonheur au travers d’une société ayant fini par répondre à la question de ses besoins (eau, nourriture, etc …), mais s’étant perdue dans celle de désirs sans limite, provocant ainsi accaparation et accumulation de la part de certains et donc, augmentation des inégalités sur l’ensemble.

Il existe beaucoup de textes ou de vidéos de lui sur Internet, j’ai trouvé cette interview qui me semble bien refléter le personnage et sa philosophie (ici).

Jean Gadrey (bio ici) est pour sa part un économiste spécialisé dans les indicateurs de richesse, les indicateurs de bien-être. Il anime un blog riche en contributions et réflexions sur le site d’Alternatives Economiques (ici) et est l’auteur d’un livre qui fait référence sur le sujet, avec sa consœur Florence Jany-Catrice : « Les nouveaux indicateurs de richesses ». Il fut, au nom du collectif FAIR, un des membres de la commission Stiglitz.

Sur la question du BIB, je conseille de regarder l’interview qu’il a donnée au CESE en 2012 sur la question de la mesure du bien-être dans une société (ici). Il y définit, de façon intéressante, quatre façons de mesurer le bien-être, mais aussi appelle à une expertise citoyenne pour définir ces indicateurs-là.

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Journée mondiale du Bonheur et BIB

Bonheur intérieur brutAujourd’hui, nous sommes le 20 mars, c’est donc la journée mondiale du Bonheur (décrété par l’ONU en 2012). Alors parlons-en un peu !

Il y a un mois presque jour pour jour, le Centre des Jeunes Dirigeants d’entreprises de Brest m’a sollicité pour intervenir sur la question du BIB : le Bonheur Intérieur Brut. Sujet pas commun, mais tout à fait digne d’intérêt !

Qu’est-ce que le bonheur ? Une société est-elle encline au bonheur ou l’inverse, et cela se mesure-t-il ? Tout plein de questions viennent à l’esprit, dont une centrale pour moi : suis-je compétent pour parler du bonheur et à quel titre ?

Contrairement à la philosophie, la politique parle assez peu de la question du bonheur, pourtant n’est-ce pas une question centrale que l’on oublie tout simplement de traiter, pris dans nos contingences techniques ou administratives ?

Du coup, je me suis un peu creusé les méninges pour tenter d’expliquer le concept de BIB et sortir quelques fragments de réflexions personnelles sur le sujet du bonheur. J'y ai trouvé un vrai intérêt, autant pour moi-même que pour la façon de faire ou de produire de la politique.

Lors de mon intervention, j’avais découpé mon propos en deux parties.

Dans la première partie, j’ai plutôt cherché à exposer les fondamentaux du concept de BIB (ici), ainsi que ce qui faisait référence pour moi sur le sujet (je n’ai pas vraiment eu le temps de développer cela d’ailleurs, mais la partie historique était déjà bien décrite sur par le précédent intervenant).

Dans la seconde partie, n’étant pas philosophe, je ne me suis pas attaqué à la question du bonheur en lui-même, mais plutôt à la façon d’y accéder, à la façon de trouver le bonheur en société (ou en entreprise, puisque je m’adressais à des jeunes dirigeants d’entreprises). Certaines choses sont plutôt favorables au bonheur, quand d’autres le sont peut-être moins.

J’ai choisi de développer ce qui m’ont semblé être « quatre conditions au bonheur » :

Ces quatre conditions sont évidemment une approche très personnelle et donc sujettes à controverses. Mais au final, elles m’apparaissent pertinentes (point de vue qui semble avoir été partagé par certaines personnes dans la salle, lors de mon intervention), mêmes si elles sont évidemment probablement incomplètes.

A suivre donc … !


Le monde selon Findus

Le monde selon Findus, c’est une sorte de cas d’école pour comprendre le monde virtuel dans lequel nous vivons et les cycles que nous subissons, sans même nous en rendre compte.

L’histoire commence par hasard, lorsqu’un jour on tombe devant un bel écran publicitaire (comme celui-là). Belle petite famille, belle petite maison, belle ambiance chaleureuse et riante, et surtout beau petit plat savoureux, préparé avec soin et amour. C’est cela la magie Findus !

Phase deux : on fait ses courses dans une grande surface lugubre, bruyante et embouteillée d’autres « courseurs » venus aussi-là faire leur marché. Quand soudain, au fond de l’étale des surgelés, dans ce monde aseptisé de produits gerbés, on tombe sur la belle image de ce petit plat préparé, si chaleureux. Malgré le froid des groupes frigo, l’odeur du fromage fondant monte aux narines et les papilles vacillent dans la perspective du festin à venir. Emballez, c’est déjà pesé … et hop, dans le caddie.

Phase trois : rentré tard d’une journée harassante et constatant le vide sidéral du frigo, vous tirez la porte du congélo. Là, image sur carton d’emballage, papilles, senteurs, saveurs, vous optez pour le menu Findus … et c’est là que cela se gâte ! On déchire le carton pour tomber sur le film transparent dans lequel apparait la soi-disant terre promise. Petite surprise, mais le four fera surement des miracles ! Quelques dizaines de minutes plus tard, le résultat est là : point de miracle. Dépôt maladroit dans l’assiette d’un ectoplasme encore fumant.

Phase quatre : devant le désastre culinaire et la dépression qui nous guette, ni une ni deux, il faut s’occuper les yeux. Plateau repas devant la télé, juste à temps pour regarder la nouvelle publicité (Findus) qui nous fera oublier la médiocrité de ce repas raté. Belle petite famille, belle petite maison, belle ambiance chaleureuse et riante, et surtout beau petit plat savoureux …

La boucle est bouclée, la télé reste allumée et l’entreprise Findus peut prospérer !

Comme le dit la pub, « heu-reu-se-ment qu’il y a Findus » … pour nous faire comprendre les mécanismes de cette décérébration collective !

PS : Vous noterez que je n’ai traité que l’escroquerie visuelle. Je ne suis pas allé au fond des choses, de peur d’y trouver encore bien d’autres mensonges, derrières les étiquettes et les labels qualité sensés nous protéger !