Journée mondiale du Bonheur et BIB
Bonheur et identité

Bonheur Intérieur Brut – Deux auteurs qui donnent du sens

Smileys - 2Les origines du Bonheur Intérieur Brut (BIB) sont assez bien documentées sur Internet, depuis son émergence avec le roi du Bouthan (ici), jusqu’à sa déclinaison plus récente en France, avec la commission Stiglitz (). Je préfère ne pas revenir là-dessus, en prenant le risque de paraphraser ce qui a été déjà bien écrit par ailleurs.

Par contre, il me semble intéressant de citer deux auteurs que je considère comme tout à fait pertinents sur le sujet. Il s’agit du philosophe Patrick Viveret et de l’économiste Jean Gadrey.

Patrick Viveret (bio ici) est l’auteur de nombreux textes ou conférences sur la critique d’une société lue par le seul prisme du PIB. Il s’inscrit aussi dans un regard critique de notre société moderne, proche de celle donnée par Gandhi dans sa citation : « Earth provides enaugh to satisfy every man’s need, but not every man’s greed » (La terre produit assez pour satisfaire aux besoins de tous les hommes, mais pas assez pour l’avidité de chacun d’eux). Il pose ainsi notre difficulté au bonheur au travers d’une société ayant fini par répondre à la question de ses besoins (eau, nourriture, etc …), mais s’étant perdue dans celle de désirs sans limite, provocant ainsi accaparation et accumulation de la part de certains et donc, augmentation des inégalités sur l’ensemble.

Il existe beaucoup de textes ou de vidéos de lui sur Internet, j’ai trouvé cette interview qui me semble bien refléter le personnage et sa philosophie (ici).

Jean Gadrey (bio ici) est pour sa part un économiste spécialisé dans les indicateurs de richesse, les indicateurs de bien-être. Il anime un blog riche en contributions et réflexions sur le site d’Alternatives Economiques (ici) et est l’auteur d’un livre qui fait référence sur le sujet, avec sa consœur Florence Jany-Catrice : « Les nouveaux indicateurs de richesses ». Il fut, au nom du collectif FAIR, un des membres de la commission Stiglitz.

Sur la question du BIB, je conseille de regarder l’interview qu’il a donnée au CESE en 2012 sur la question de la mesure du bien-être dans une société (ici). Il y définit, de façon intéressante, quatre façons de mesurer le bien-être, mais aussi appelle à une expertise citoyenne pour définir ces indicateurs-là.

 

Patrick Viveret comme Jean Gadrey font partie d’un courant de pensée qui questionne notre regard sur la société, notre façon de qualifier la réussite et donc, la promesse de bonheur qui l’accompagne. Loin des logiques économiques classiques qui tablent sur une croissance parfois dénuée de sens comme seule remède à nos maux, ils prônent la nécessité d’une forme d'introspection sur la réalité de notre quête.

Notre machine économique a fini par nous faire croire que le bonheur individuel était en phase avec ses propres intérêts, nous poussant à toujours plus consommer, pour produire toujours plus les flux qui alimentent les mécanismes financiers. Mais dans les faits, cette logique frénétique, la « quête à deux chiffres », nous éloigne de notre quête réelle et personnelle du bonheur. Un bonheur pensé, assumé et non projeté par un univers centré sur des logiques de domination et d’accaparation, dissimulées derrière de vastes campagnes de communication, à grand coup de milliards d’euros.

Dans notre société moderne, la quête du bonheur commence probablement par une désintoxication aux illusions fabriquées pour nous par le système économique, à ses propres fins. Il ne s’agit pas forcément de vivre à côté, de s’en extraire à court terme (pas sûr que nous soyons plus heureux ainsi), mais d’en avoir conscience et de savoir s’en protéger.

Je considère les réflexions des deux auteurs ci-dessus comme ayant de bonnes vertus sur le sujet !

Image : Smiley -2 par Ben Heine.

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