Bonheur et autonomie
mercredi 10 avril 2013
La seconde condition au bonheur est, me semble-t-il, une forme complémentaire à l’identité dans la construction de l’estime de soi. C’est l’autonomie. Celle-ci est aussi reconnue comme un des premiers facteurs de motivation individuelle (en entreprise, comme ailleurs).
Derrière la question de l’autonomie se cachent celles de liberté et de responsabilité. Devenir autonome, c’est prendre conscience que l’on croit en nous, mais c’est aussi arriver à se subvenir à soi-même. Il y a là un double regard qui construit la confiance.
L’autonomie n’existe qu’à partir du moment où des marges de manœuvres existent. Elle est donc indissociable de la question de la délégation et donc de la confiance dans les équipes. Pour autant, elle n’est pas antinomique avec les questions d’encadrement et de contrôle. Autonomie ne signifie pas désintérêt !
Derrière l’autonomie et la liberté de penser et d’agir, se cache aussi la créativité. Imaginer, créer, concevoir, construire, sont des sources de bonheur bien connues des enfants comme des artistes et plus largement des personnes créatives, de par leur métier ou leur fonction. Rien d’étonnant à cela, la créativité est une des fonctions nourricières de la société. C’est par la créativité de ses membres qu’une société avance.
Comme l’identité, la mesure du bonheur dans l’autonomie peut être vue en creux. La perte d’autonomie ramène à la question de la dépendance, de la jeunesse, de la vieillesse ou même du handicap. On mesure bien qu’une société qui ne tient pas compte de l’autonomie de tous ses membres ne sera pas celle du bonheur partagé.
Idem sur la question économique, avec l’emploi et le chômage. Dans une société moderne fonctionnant majoritairement par des échanges d’argent, un individu perd son autonomie en perdant son emploi, sa source de revenus, son accès à la monnaie. Il tombe alors dans des dispositifs de solidarité / assistance qui le protègent pour partie, mais l’enferment aussi. En subissant cette situation, il perd de fait une part importante de sa liberté d’action, de son autonomie.
Idem enfin dans l’entreprise où l’augmentation du travail prescrit, des formes autoritaires d’un management déshumanisé par des processus imposés, grignote de plus en plus l’autonomie réelle des salariés. Cela rejaillit autant sur la question du mal-être que sur celle de la motivation. (Cf : Rapport au Premier ministre de 2010- Bien-être et efficacité au travail ou plus récemment la note de Terra Nova ici).
L’autonomie sous toutes ses formes est donc bien une condition à notre bonheur.