Qualités humaines
dimanche 14 septembre 2008
La France, comme bien d’autre pays, a construit son système éducatif sur l’apprentissage des savoirs : scientifiques, techniques ou littéraires. Si les premières années d’apprentissages sont tournées vers les apprentissages de base qui ne sont pas le propos de cette note, il est clair que la seconde partie de la scolarité (depuis la 6ème, jusqu’à bac +X) est tournée vers des apprentissages que l’on pourrait qualifier d’encyclopédistes.
Je ne nie pas le fait que nous ayons en effet besoin de personnes de savoir et d’une élite pour faire avancer l’état du savoir global, grâce à la recherche par exemple. Pour autant, ce pays n’est-il composé que de chercheurs ? Non, bien sur. Pour aller même plus loin, 90% de l’activité, des métiers qui emploieront ces fameux formés n’auront nullement besoin de toute cette science ! Tous ces ingénieurs qui feront du management, tous ces médecins qui soigneront des grippes, tous ces professeurs qui tenteront d’instruire des ados dormants, etc … finalement, des professions où la sélection passera par un diplôme, quand 90% de leurs usages vienndront des expériences professionnelles acquises après.
Notre système éducatif est un système tourné vers l’élitisme, à la façon du système sportif chinois quand il veut sortir des athlètes de premier niveau pour figurer en bonne place au tableau d’honneur des JO. La comparaison est dure, mais au regard de toutes les personnes de valeur qui restent sur le bord de la route de notre système éducatif, c’est la moindre des choses !
Il existe pourtant quelque chose de fondamental qui n’est presque pas travaillé par notre système éducatif, c’est le développement des qualités humaines de chacun. C’est l’apprentissage d’un vivre ensemble qui conduise tous et chacun à trouver sa place dans la société et à y vivre sereinement et intelligemment avec les autres.
A première vu, le propos semble relever d’une douce utopie, issue d’une soirée un peu enfumée. Pourtant, je le crois au contraire très pragmatique. Combien de salariés ou dirigeants sont peu capable, voire incapable de travailler avec d’autres ?
Ingénieurs managers, médecins de quartier, professeurs et plein d’autres professions nécessitent cette capacité d’écoute, de compréhension de l’autre et une aptitude à partager, discuter et coopérer. Chaque métier aura son lot de technicité qui pourra s’apprendre sur le tas et avec le temps (comme c'est pour partie déjà le cas aujourd’hui d’ailleurs). Mais cette capacité à travailler ensemble est un des éléments fondamentaux de la réussite dans tous les domaines et notre système éducatif le néglige. Par ailleurs, nombre de métiers de demain seront tournés vers les services à la personne et nécessiteront bien plus de qualités humaines que de savoirs techniques.
Sur un plan personnel, un apprentissage tourné vers l’acquisition de qualités humaines pourraient aussi permettre à tous de trouver et d'accepter sa place en société, contrairement au système actuel qui parfois casse durablement certains et trop souvent, créé de la frustration et un mal-être inutile (usage de médicaments, dépressions, suicides).
Enfin sur un plan sociétal, l’acquisition de qualités humaines est aussi le terreau d’un vivre ensemble pacifié et intelligent. Son apprentissage ne devrait pas se résumer à l’expérience du vivre en classe, saupoudré de quelques heures sur la citoyenneté.
L’Education structure profondément nos sociétés et le futur de celles-ci. Au moment de construire les programmes et d’écrire les manuels scolaires, ce ne serait pas idiot de se poser la question de la société que l’on souhaitera dans 50 ou 100 ans et ce n’est pas sûr que l’on y perdrait en productivité d'ailleurs !
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Cela étant, dans le contexte actuel de notre éducation sous régime Sarkoziste, j’ai bien conscience que mon propos vole un peu à 10 000 pieds de la direction prise en cette rentrée !