Qualité des eaux du lac du Drennec
dimanche 20 juin 2010
Mardi dernier, est paru dans le Télégramme un article sur la qualité des eaux du lac du Drennec : La qualité de l’eau inquiète. Il y est fait mention d’un rapport de novembre dernier qui classe en mauvaise qualité la masse d’eau, à cause de son taux de phosphore et d’azote. Par ailleurs, l’article mentionne le coté inquiétant de la dégradation de l’eau du lac, du fait des usages en aval du lac : l’alimentation en eau potable de Landivisiau, de Landerneau, de Brest métropole océane et d’autres territoires via les interconnections des réseaux en eau potable (soit près d’un tiers des habitant du Finistère).
L’article n’est pas en soi mensonger, rien de ce qui y est écrit n’est faux. Pour autant, il fait un amalgame regrettable entre les seuils imposés dans différentes masses d’eau (plan d’eau et eau de rivière). Ainsi, pour la composante nitrate (azote), le seuil pour atteindre le bon état d’un lac est d’environ 2 mg/litre, quand le seuil autorisant le prélèvement dans une rivière pour en faire de l’eau potable est de 50 mg/litre. Cet écart s’explique du fait de seuils qui ne traitent pas les mêmes enjeux. Dans un cas, il protège de l’eutrophisation des lacs et dans l’autre l’aspect sanitaire et préventif pour l’eau potable.
Aujourd’hui, le lac du Drennec est à environ 12 mg/litre de nitrate du fait de son alimentation par la rivière Elorn, elle-même à 4 mg/litre et de la rivière du Mougau, qui se situe à un peu moins de 25 mg/l de nitrate. Pour compléter le tableau, les 12 mg/litre sortant du lac deviennent 34 mg/litre en amont de Landerneau, là où se situe la prise d’eau d’alimentation de la station de potabilisation de Pont Ar Bled qui alimente Landerneau et BMO. Cette augmentation de concentration est due aux différents apports en nitrate des territoires que la rivière traverse.
On le voit donc, avec ses 12 mg/litre, le lac du Drennec peut être certes qualifié en mauvais état pour ce qui relève des normes de plan d’eau, mais reste une réserve d’eau de bonne qualité pour tout ce qui relève des normes de potabilisation. Ce qui est sa fonction puisque la retenue du Drennec a été construite pour servir de soutient d’étiage à l’Elorn, en cas de forte sècheresse.
Notons que la rivière de l’Elorn, qui bénéficie d’un bassin versant quasi inexploité sur le plan agricole avant de se jeter dans le lac, arrive quand même au double de la valeur retenue pour un bon état des plans d’eau. En Finistère,cela laisse donc peu de chance d’atteindre la performance requise, même en absence d’agriculture.
L’article mentionnait un échange à chaud avec l’Agence de l’eau Loire-Bretagne. Depuis, celle-ci a fait paraitre un communiqué [ici] qui précise mieux son analyse et conclu par : « La retenue du Drennec présente la plus forte limpidité de l’eau de toutes les retenues étudiées en 2008 et les différentes mesures réalisées indiquent que l’eau qu’elle fournit reste conforme aux normes requises pour la production d’eau potable. »
Mentionnons enfin que cet article, basé sur des informations disponible depuis novembre dernier, tombe par le plus grand des hasards juste le jour de la signature du Schéma d’Aménagement et de Gestion de l’Eau (SAGE) de l’Elorn par la préfecture du Finistère. J’imagine donc que le rôle de ce type d’article, surement piloté par des gens bien-pensants, n’est pas en premier lieux l’information du public … mais bon, passons !