L’été de la honte et de l’incertitude
Les propositions du Parti Socialiste sur les retraites

Brice Hortefeux, le boutefeu du Président – Analyse de texte

Dans son entretien donné au Monde la semaine dernière, Brice Hortefeux ne fait rien d’autre que de jouer son rôle de porte flingue du Président. Pour ce faire, il n’hésite pas à falsifier la vérité, attiser les tensions et revient tout le temps sur le front de la politique politicienne, là où l’on n’attend pas un homme aux responsabilités.

Analyse de texte sur la base de l’interview publié [ici].

Le Monde : Les protestations montent contre votre politique sécuritaire. Cela ne devient-il pas gênant ?

Brice Hortefeux : Non. Je vous invite à ne pas confondre le petit milieu politico-médiatique parisien et la réalité de la société française ! La sécurité est l'un des tout premiers droits. Ceux qui le nient ne sont généralement pas les moins privilégiés. Vous êtes aveuglés par le sentiment dominant des soi-disant bien-pensants, qui, en se gargarisant de leur pensée, renoncent à agir.

[Commentaire : Notre Ministre de l’intérieur porterait-il des œillères sur l’extérieur, le « petit milieu politico-médiatique parisien » s’écarte bien loin de Paris, en passant par l’Europe, le NY Times ou le Vatican ces jours derniers.]

La réalité, c'est que l'action engagée sous l'autorité du président de la République rassemble les Français.

[C’est vrai et faux, elle rassemble certains français ... contre d’autres, souvent plus minoritaires ! C’est le jeu dangereux de la politique de Nicolas Sarkozy que de ciseler les thématiques difficiles pour ramasser des points dans l’opinion publique. Mais la politique ce n’est pas cela, c’est une vision cohérente de l’ensemble et là, le Président échoue à proposer aux français une vision globale pour tous.]

Je me suis déplacé partout en France cet été et j'en reviens convaincu que nous sommes totalement en phase avec nos compatriotes. En juillet, les violences urbaines à Grenoble et les actes de délinquance agressive qui se sont produits à Saint-Aignan ont montré de façon forte et symbolique le défi que nous devons relever.

La société bouge, la délinquance évolue. Il y aura donc autant de textes, de lois, de règlements que la réponse au défi de la protection des Français l'exige. Je n'ai aucun complexe là-dessus.

[On retrouve le thème de la droite décomplexée, prête à s’asseoir sur le socle républicain pour la plus haute responsabilité de l’état : « le défi de la protection des français ». C’est grandiloquent. Cela ne veut pas dire grand chose quand les textes en question sont inutiles ou même déboutés par le Conseil Constitutionnel. Par contre, ce n’est pas sans rappeler les meilleurs moments de l’ère Bush de l’après 11 septembre. On sait où tout cela a mené ...

Rappelons que la plus haute responsabilité de l’Etat et de son Président, c’est d’abord la préservation du socle républicain et le respect des textes fondateurs qui ont façonnés ce pays.]

Que certaines voix de la gauche milliardaire aient du mal à le comprendre ne me trouble pas du tout, bien au contraire !

[Grand moment de l’interview, repris en gras en première page du Monde : « la gauche milliardaire ».

La droite est engluée dans les affaires et les compromissions avec les personnalités les plus riches du pays, (je ne reprends pas ici tous les épisodes de l’été). Notre Président passe l’été au Cap Nègre, dans un « ghetto du Gotha » comme on l’appelle, là où les plus grandes fortunes de France se côtoient derrière de hauts murs, comme pour mieux se protéger ... des français qui pullulent en cette période, et Monsieur Hortefeux lance « la gauche milliardaire » ! Hallucinant, on se croirait revenu dans la cours d’école, au « si c’est toi qui dit, c’est toi qu’y es ». Où va-t-il chercher la gauche milliardaire ? A moins que Carla ait fait entendre sa voix ... peut-être ?

Rien ne nous sera épargné pour produire une communication qui trouble la lecture de ce qui est en train de se produire en France. ]

Le peuple contre les élites, n'est-ce pas simpliste ?

Sur les questions de sécurité et d'immigration, le message des Français au printemps était limpide. Nous ne sommes ni sourds ni aveugles. Seul Saint-Germain-des-Prés ne le comprend pas.

[Quel message des français ? J’imagine qu’il parle de la claque aux régionales puisque c’est à partir de ce moment-là qu’ils ont décidé de remettre le couvert sur la politique sécuritaire. Si c’est vraiment cela, je crains qu’ils n’aient rien compris aux messages des français dans cette élection.

Pas très visionnaire donc, mais je crains qu’il s’agisse plus d’une phrase en l’air pour élucider la question, que d’un avis sincère. ]

Quand les critiques émanent de vos propres rangs, quand deux anciens premiers ministres - Alain Juppé, Jean-Pierre Raffarin - s'inquiètent des risques de division, de stigmatisation, cela ne vous incite pas à reculer ?

Pas du tout. Pourquoi reculerais-je ? D'ailleurs, Alain Juppé vient d'être confronté à l'épineuse question de l'occupation illicite des terrains publics par les gens du voyage. Il a pu mesurer toutes les difficultés et les enjeux de ce problème.

[Alain Juppé, il dénonce avec courage la politique du gouvernement et quelques jours plus tard, il se retrouve englué, en photo dans la presse, sur cette même thématique. Je ne suis pas partisan de la théorie du complot, mais je sais que depuis le haut du pouvoir, on peut faire ou ne pas faire certaines choses qui tendent ou règlent les situations. Cette coïncidence des faits me semble tout à fait dans les cordes de ceux qui ont ce pouvoir ... et semble-t-il, tout à fait opportune dans leur discours aussi !]

Et quand les villepinistes dénoncent "le tour ignoble" que prend la chasse aux Roms ?

Les villepinistes, c'est qui ? Certainement pas celui qui s'est exprimé ainsi. Soyons sérieux, vous écrivez vous-même dans Le Monde que la politique française à l'égard des Roms est déjà pratiquée dans d'autres pays européens. Pourquoi ce qui serait acceptable ailleurs serait condamnable chez nous ?

La Commission européenne n'aime pas le ton que vous prenez à l'égard des Roms, la presse étrangère dénonce des politiques xénophobes. La France s'isole, vous vous en moquez ?

Soyons précis. Un fonctionnaire de la Commission s'est récemment exprimé pour dire que la France devrait respecter les règles de la libre circulation. Il est bien évident que le gouvernement de François Fillon respecte les règles européennes. Mais je rappelle qu'une directive de 2004 prévoit des restrictions au droit de circulation, en cas de trouble à l'ordre public ou d'insuffisance de ressources.

[Soyons précis Monsieur le Ministre, on vous questionne sur la presse mondiale qui s’inquiète largement de votre politique et vous ne répondez que sur un fonctionnaire de la Commission européenne, comme si tout cela n’avait choqué qu’un hurluberlu dans un bureau de Bruxelles.]

Nous n'avons pas vocation à accueillir en France tous les Roms de Roumanie et de Bulgarie.

[Phrase emblématique de la droite, reprenant un propos de gauche de Michel Rocard datant de 1990 : « La France ne peut accueillir toute la misère du monde, mais elle doit savoir en prendre fidèlement sa part ». La droite et le FN aiment à reprendre le début du propos pour mélanger les genres, mais en oublie l’essentiel ! On peut retrouver l’explication de cette phrase par son auteur « La part de la France » par Michel Rocard ici ou .]

J'invite donc la Commission européenne à mobiliser ses efforts et ses crédits sur des programmes de réinsertion. Que chacun assume ses responsabilités !

Que cherchez-vous à prouver en médiatisant les expulsions et les démantèlements de camps ? Que vous agissez ?

Sous l'autorité de Nicolas Sarkozy, le gouvernement dit ce qu'il fait et fait ce qu'il dit. C'est ce qu'attendent de nous les Français.

[Idem : reprise d’une phrase phare des discours de Lionel Jospin « Dire ce que l’on fait et faire ce que l’on dit », qui est de mon point de vu plus applicable à la droiture du gouvernement de ce dernier, mais fort peu applicable au gouvernement en place.]

Stigmatiser une communauté, n'est-ce pas dangereux ?

Il n'est pas question de stigmatiser telle ou telle communauté. Mais l'ordre, l'autorité, la loi doivent être respectés. C'est le premier facteur de cohésion de nos sociétés fragiles. Dans les critiques qu'on nous adresse, je ne perçois aucune solution alternative, aucune proposition crédible, aucune initiative réfléchie.

Quand j'entends certains condamner le démantèlement de camps insalubres, illégaux et indignes, j'aimerais qu'au-delà des mots les mêmes les accueillent et les installent dans leur commune. Sur la sécurité et l'immigration, comme sur la fiscalité ou les retraites, la gauche se tait, car elle n'a strictement rien à dire. Son silence est un programme.

[Ramassis de contrevérités, énoncées de façon tout à fait décomplexée.

Quand on pointe du doigt : les banlieue, les immigrés et les Roms, on stigmatise des communautés. C’est un fait.

Des solutions alternatives sur les problèmes difficiles, il y a en plein, il n’y a qu’à lire les journaux et les points de vue qui y sont donnés par des experts ou des citoyens. Mais ces solutions sont complexes parce que ces sujets-là le sont par nature et souvent demande du temps, de la volonté et des moyens.

Sur les « camps insalubres, illégaux et indignes », j’ai l’impression de réentendre le discours de Nicolas Sarkozy justifiant la fermeture du camp de Sangate à Calais. On sait que cela n’a fait que déplacer le problème vers encore plus de précarité, d’insalubrité et d’indignité humaine, sans pour autant régler le problème de légalité et de flux migratoire.

Enfin, après avoir cité les petites phrases de la gauche, Monsieur Hortefeux s’en affranchi par des mots bien à lui, qui n’amènent rien au débat en dehors d’attiser les échanges politiques dont il s’offusque régulièrement, quand cela lui revient dans la figure.

Concernant le discours de la gauche, j’invite à lire le point de vue de Lionel Jospin paru cette semaine dans le Monde, aussi sur le sujet ici. ]

Le Front national, lui, jubile...

Il a tort. Dans les dernières enquêtes d'opinion, la candidate présumée Marine Le Pen baisse. Le combat pour la sécurité bouscule tous les clivages traditionnels. Il y a ceux qui constatent les réalités et agissent - et ceux qui les nient pour ne rien changer. Nous avons le courage des mots, l'obstination de l'action et l'obligation de résultat. Les Français sauront faire la différence.

[Les mots et l’obstination, je serais plutôt d’accord, par contre, pour ce qui concerne les résultats, on sait ce qu’il en est. Malgré tout cela reste de la rhétorique pure, à l’image de son maître qui avait sorti une phrase mémorable : « Faut-il s’étonner qu’à force de tolérer l’intolérable on finisse par justifier l’injustifiable. »]

Le "courage des mots", vous le mettez en avant depuis huit ans, depuis que Nicolas Sarkozy a déclaré la "guerre aux voyous". Mais les "zones de non-droit" existent toujours...

Nicolas Sarkozy a rompu avec le temps des renoncements. J'étais physiquement, voici quelques jours, aux côtés de la police, qui est revenue dans des quartiers où elle n'allait plus. Tout n'est pas résolu, mais j'affirme une chose simple et vraie : notre pays est aujourd'hui un des plus sûrs de la planète.

[Monsieur le Ministre était là, physiquement. Tout est résolu et la France est le pays le plus sûr de la planète. On est content de l’apprendre parce qu’en lisant le propos juste au-dessus, on aurait pu en douter : « En juillet, les violences urbaines à Grenoble et les actes de délinquance agressive qui se sont produits à Saint-Aignan ont montré de façon forte et symbolique le défi que nous devons relever. La société bouge, la délinquance évolue. Il y aura donc autant de textes, de lois, de règlements que la réponse au défi de la protection des Français l'exige. » ]

N'est-ce pas contradictoire avec le fait de mettre cette question au cœur de toute l'action politique du gouvernement ?

J'observe que dans les pays où les questions de sécurité ne sont pas abordées de face, elles font parfois irruption de manière violente, comme en Italie ou en Espagne.

Votre ministère a supprimé 9 000 postes de policiers et de gendarmes en trois ans. On entend aussi une forme de lassitude des policiers de terrain. N'y a-t-il pas contradiction entre les mots et les faits ?

C'est faux. On avait annoncé à l'automne dernier l'expression d'un malaise violent au sein de la police. Il y a eu des élections professionnelles. Où est le big-bang ? Si le malaise avait été aussi vif, j'imagine que cela se serait retrouvé dans les élections. Cela n'a pas été le cas, même si je suis attentif à certaines préoccupations exprimées à cette occasion. La réalité balaie les mensonges. Il y a aujourd'hui plus de policiers et gendarmes que lorsque la gauche était au pouvoir. On comptait 143 258 policiers en 2001, aujourd'hui ils sont 145 100. Sauf à vouloir augmenter les impôts ou y soumettre les ménages qui n'en payent pas aujourd'hui, les contraintes budgétaires nous imposent de maîtriser les effectifs. J'assume cette vérité.

En 2011, compte tenu des recrutements effectués cette année et notamment des 1 500 adjoints de sécurité supplémentaires, il y aura certes une diminution de 712 postes dans la police et 96 dans la gendarmerie. C'est une évolution modeste : en 2011, nous atteindrons donc 99,5 % des effectifs d'aujourd'hui.

[Le ministre joue avec les chiffres comme cela est très justement démontré ici et dénoncé . Il y a bien eu une baisse de près de 10 000 personnes dans les effectifs. Les commissariats de police mis à disposition par les communes (si souvent critiquées) et laissés vides par la politique gouvernementale le démontre tous les jours sur le terrain.]

Comment convaincre l'opinion qu'on peut faire plus de sécurité avec moins d'effectifs ?

Dans les résultats particulièrement positifs que nous engrangeons, les effectifs jouent naturellement un rôle essentiel. Mais ce n'est pas la seule raison. On peut avoir moins de policiers dans les bureaux et plus de policiers sur le terrain. L'adaptation de notre organisation - notamment le rapprochement police-gendarmerie, la création des polices d'agglomération à Paris, Lille, Marseille et Lyon, les réponses ciblées aux problèmes pour les cambriolages, les hooligans, les bandes, l'amplification des moyens de la police scientifique et technique - explique aussi ces résultats.

[Après avoir fustigé les maires sur la sécurité, le gouvernement revient à la charge avec les polices municipales pour compenser les baisses effectifs de la police nationale. Il s’agit d’un transfert de la compétence, mais sans les financements qui vont avec. Grande habitudes de ce gouvernement pour faire croire à des économies de l’Etat, face aux élus locaux qui ne seraient que des sources de dépenses supplémentaires. Au final, pas certains que le citoyen s’y retrouvent dans cette gestion purement politicienne du sujet.]

La meilleure preuve est le progrès spectaculaire des taux d'élucidation, passés de 25 % à 39 % entre 2002 et aujourd'hui.

[Après les mots, Monsieur le ministre joue avec les chiffres. Le taux d’élucidation est un indicateur avec lequel on fait ce que l’on veut. Il traite autant des tags que des vols ou des meurtres. Difficile de quantifier une réalité sur la sécurité avec.]

Les quartiers sensibles restent sous tension. Comment faire face ?

Nous ne cédons pas un centimètre de terrain aux crapules qui voudraient y faire la loi. Nous adaptons donc, à ces zones particulières, la réponse apportée pour assurer l'ordre et la tranquillité. J'ai décidé, par exemple, la mise en place ciblée de "brigades spécialisées de terrain", qui sont la nouvelle génération d'UTEQ, alliant mobilité, présence et efficacité.

Brigade spécialisées de terrain » = « police de proximité » tant décrié par la droite. Pas de commentaire.]

Parallèlement, je persiste : la première des préventions, c'est la certitude de la sanction. Mais la réponse ne peut pas être que répressive. C'est aussi à l'école et aux responsables sociaux de jouer leur rôle, qui est exigeant et difficile. Encore que je trouve qu'on a trop parlé de l'échec de l'école plutôt que celui de l'élève qui ne travaille pas assez.

[Belle envolée d’une vision de droite de la société ... presque caricaturale d‘ailleurs !

« la première des prévention, c’est la certitude de la sanction. » NON, la première des préventions dans les quartiers sensibles, ce serait un retour à la normal en terme d’emploi, de sécurité et de mieux vivre. La sanction n’est qu’un traitement curatif. On a l’impression qu’il parle des quartiers de haute sécurité d’une prison, mais il parle de quartiers populaires de notre état de droit, où vivent des citoyens comme nous.

« C'est aussi à l'école et aux responsables sociaux de jouer leur rôle, [...] on a trop parlé de l'échec de l'école plutôt que celui de l'élève qui ne travaille pas assez. » Belle façon de se défausser de la part d’un responsable d’une politique publique. C’est aussi une analyse très pertinente de la réalité sociologique de ce qui se passe dans les quartiers ... pour un Ministre qui se déplace « physiquement » dès qu’il y a un problème, il y a encore du chemin à faire. ]

Pourquoi avez-vous censuré la publication des statistiques sur les véhicules incendiés dans les quartiers ?

Je ne les ai pas censurées. Mais j'ai observé qu'il y avait une sorte de concours stupide, à celui qui détruirait le plus de véhicules. J'ai donc décidé de mettre fin à cette compétition malsaine en refusant de donner un chiffre le jour même - alors même que, pour le dernier 14-Juillet, le nombre des voitures brûlées était en diminution. Les statistiques annuelles seront donc publiées dans la totale transparence.

[Notez bien, je suis d’accord avec cette prise de recul. Notons aussi que cela tranche avec le reste de la communication gesticulatoire de ce gouvernement qui privilégie plus l’action à chaud que l’analyse à froid.]

Vous ne reniez donc rien de ce que vous avez fait...

Encore une fois, vous vous trompez. Le président de la République répond aux exigences et aux attentes de nos compatriotes, en particulier ceux qui ont le plus besoin d'être protégés. Car on voit bien ce que signifie le rejet de la famille, de l'école, des services publics, des pompiers... Pour assurer la mission que le président m'a confiée, je garde à l'esprit un discours de Clemenceau au Sénat: "Le gouvernement a pour mission de faire que les bons citoyens soient tranquilles et que les mauvais ne le soient pas ".

[A la façon de l’accusé, dans son boxe, répondant à la dernière question du juge : il ne reste plus que la méthode Coué, pratiquée avec beaucoup d’assurance et un bon mot pour clore le débat.]

Dois-je rajouter en conclusion que je n’ai personnellement pas été convaincu par notre Ministre !

 

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