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Le président sortant

Nicolas Sarkozy se regarde dans un miroir avant le début de émmission dimanche 29 janvier 2012_Lionel_BonaventureImage pathétique que cette droite en fin de règne, à la déroute après 17 ans de présidence de la France. Le capitaine du bateau n’arrive plus à cacher la désorientation qui l’habite et se pose plus la question de sa marque dans l’histoire que de sa capacité à reprendre la main sur un monde qui le dépasse.

Si le candidat Sarkozy avait brillé de mille feux lors de sa campagne, en homme providentiel qui allait sauver et réformer la France, plein d’entrain, de promesses et de formules toutes faites, c’est une sorte d’adolescent immature qui pris les rênes de la France en mai 2007. Dans le reportage Looking for NS, la presse étrangère raconte la levée de rideau sur l’impréparation réelle de l’homme face aux responsabilités qu’il avait mis toute son énergie à conquérir. Le décalage entre le candidat et le président fut grand. Sarkozy s’était vu en président, mais pas en responsable.

Ce mandat fut une succession d’improvisations sur la base de croyances appartenant déjà à un monde du passé. La ligne politique de Nicolas Sarkozy était celle qui explosa en vol durant la crise : admiration pour l’ultra libéralisme de la période Bush, aspiration pour le capitalisme financier, le monde de l’argent et détestation pour la solidarité française, rebaptisée pour l’occasion assistanat. Le paradigme politique qui devait servir d’assise à son trône fut à l’origine de la chute du système, jetant le grand défenseur du management par objectifs dans l’incapacité à tenir ceux qu’il s’était lui-même fixés sur la croissance, l’emploi ou la sécurité.

Elu sur un projet porté par la croissance, celle-ci termine aujourd’hui au plus bas, accompagnée d’une explosion de la dette qui n’aura fait qu’affaiblir la compétitivité du pays, qu’il se targuait de défendre. Elu sur le slogan « travailler plus, pour gagner plus », le bouclier fiscal, axe central du mandat, n’aura servi que les hyper riches et tout cela finit dans une négociation sur le « travailler moins, pour gagner moins ». Elu sur le thème de la sécurité cher au ministre de l’intérieur d’alors, qui avait créé 10 000 postes de police et de gendarmerie, il tenta de nous faire croire que cela serait mieux en supprimant 10 000 postes des mêmes effectifs, une fois élu président.

Aujourd’hui, l’agitation maladive ne cache plus, ni l’incohérence du projet ni la désorientation du politique. La seule ligne proposée est de suivre l’Allemagne, comme si le modèle allemand pouvait se copier-coller sur la France, comme si notre société ou notre économie étaient structurellement les mêmes que celles de nos voisins. Evidemment que non et c’est la marque d’un manque d’inspiration pour la France que de partir dans cette direction.

Aujourd’hui, la droite est au sauve-qui-peut, plus encline à se préparer à l’arrivée de la gauche qu’à préparer l’avenir [ici]. Seuls les éléments de langage dictés à l’UMP tentent de masquer l’absence réelle de projets et d’ambitions. Notre président sortant, quand à lui, commence à prendre conscience que l’image qu’il souhaitait donner n’est qu’un écran de fumé qui risque de ne laisser place qu’à un grand vide, avec le souffle de l’élection qui approche. Comme un mauvais acteur se retournant sur sa carrière loupée, il se laisse aller aux confidences afin de tenter de redonner un peu d’épaisseur au personnage que l’histoire gardera.

Le candidat Sarkozy de 2012 ne sera pas celui qui de 2007, il n’aura pas la flamme de celui qui aura fait rêver les français sur des promesses qu’il n’ambitionnait pas réellement pour eux. Le candidat de 2012 n’aura qu’une ambition, sauver l’apparence pour éviter le jugement de l’histoire. Nicolas Sarkozy aura tout de même un peu de constance sur un point : le souci de lui-même et non de la France.

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