Sarkozy, l'illusionniste des riches
LE CHANGEMENT, C'EST MAINTENANT

Une drôle de campagne

Sondage présidentielle 2012La campagne présidentielle semble inquiéter les commentateurs, elle n’intéresserait pas assez les citoyens, avec donc des risques de surprises dans les urnes.

D’abord, il faut probablement relativiser l’inquiétude, simplement du fait de la nature de l’émetteur du message, qui est partie prenante dans l’évènement. Les commentateurs politiques vivent de la politique, presque plus que les politiques eux-mêmes. Il y a dans leurs regards et leurs commentaires circonspects une forme de mise en scène de l’échéance. A quoi serviraient-ils si tout un chacun était capable de deviner la fin de l’histoire avant eux ?

C’est probablement ce qui explique d’ailleurs la teneur d’un discours très axé sur le premier tour dans le duel Hollande-Sarkozy. A bien regarder le second tour, les jeux sont faits dans les sondages sur lesquels s’appuient les commentateurs, nul besoin d’expertise. Pour créer du suspense, il faut regarder le premier tour, là où les électeurs de gauche comme de droite se dispersent entre les candidatures, là où les favoris vacillent, en fonction des voix qui s’écartent momentanément de leur bulletin.

On nous laissera entendre que plus rien n’est écrit depuis le 21 avril 2002. Mais, c’est probablement sans compter l’intelligence collective de l’électorat qui a sans nul doute intégré la leçon. Les scores des autres candidatures peuvent être hauts, mais n’atteignent pas aujourd’hui le seuil de la mise en danger face au second tour, pour aucun des deux candidats. Le focus sur le premier tour des commentateurs perd donc de sa pertinence, si ce n’est dans une perspective de bookmaker !

Alors oui, la campagne passionne moins les foules, mais deux raisons peuvent expliquer ce constat. D’abord la personnalité du président sortant, qui fut un président en campagne durant 5 ans. Dans les précédents mandats, le président s’effaçait devant le premier ministre en termes de présence médiatique et revenait massivement ou subtilement à l’occasion de la campagne. Le cas est aujourd’hui bien différent : Nicolas Sarkozy est bien en peine de créer le contraste entre son mandat et sa nouvelle candidature, tant il aura usé le devant de la scène durant 5 ans. Second point à gauche, la primaire citoyenne aura lancé la campagne très en amont de l’élection. Les électeurs de gauche sont depuis septembre dans la séquence de campagne contre le président sortant. Ce n’est pas une lassitude qui s’observe, mais plutôt une habitude dans la campagne.

Et l’abstention dans tout cela. Sur l’ensemble des élections, la participation perd du terrain à chaque élection, au taux moyen d’un demi-point par an. L’élection présidentielle de 2007 est une anomalie à cet égard puisqu’elle est celle qui suit la présidentielle du 21 avril 2002. Les citoyens ont probablement compensé à posteriori l’erreur faite 5 ans plus tôt. Mais, plus le temps passe, plus nous nous éloignons de 2002 et plus la tendance devrait rejoindre la logique observée sur les autres élections.

Sans le 21 avril, l’abstention de 2007 aurait du être aux alentours 26% à 28% (au lieu de 16%) et celle de 2012 aux alentours de 30%. Ne nous étonnons donc pas qu’un électeur sur 4 ne se rendent pas aux urnes dans quelques jours, cela n’aura pas grand-chose à voir avec cette élection. C’est un phénomène plus profond et plus durable dans la relation politique-citoyen.

Cette campagne ne ressemble à aucune autre, parce que l’histoire ne se répète jamais deux fois pareil. Cela ne nous empêche pas d’être attentif à ce qui se passe, à ce que vivent les français et à continuer le combat contre une droite et un président sortant aux abois, qui continuent à préférer les outrages verbaux, aux programmes politiques écrits.

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