Affrontement politique
mercredi 28 novembre 2012
La crise de l’UMP nous livre un cas d’école intéressant à observer. Loin d’être un épiphénomène local, elle est probablement le signe d’un fonctionnement que l’on rencontrera régulièrement dans le futur, en lien avec les techniques de communication modernes.
Cette crise qui touche l’UMP aujourd’hui n’est pas unique en son genre. Elle fait écho à l’élection présidentielle américaine de 2000, entre Buch et Al Gore, où le président autoproclamé devint chef de l’état … tout en perdant des élections après recomptage des voix. Plus proche, cette crise fait aussi écho au congrès du PS de Reims en 2008, où Ségolène Royal et Martine Aubry étaient arrivées aussi dans un mouchoir de poche.
Au-delà des recomptages et de quelques fraudes observés qui sont probablement aussi vieilles que l’acte de vote, je ne crois pas non plus que les conflits entre personnes soit un fait nouveau dans l’histoire et le monde politique. Deux faits apparaissent comme plus contemporains : le maelström médiatique entourant ces crises politiques et aussi la réalité d’un score tendant vers une égalité quasi parfaite.
On aurait tendance à penser que ces épisodes quasi romanesques ont avoir avec le seul monde politique, il est probable que l’on se trompe : un des moteurs est clairement à rechercher dans le traitement de l'information qui est fait autour.
D’abord, les crises du PS comme de l’UMP sont les symptômes d’une vision du pouvoir par le seul prisme de la présidentielle. On se cristallise sur la tête de file et se projetant déjà dans 5 ans, comme si tout tournait autour d’un seul point focal électoral, incarné par une seule personne. C’est une vision très caricaturale de la réalité de ce qu’est le pouvoir et du jeu multi-acteurs qui s’y joue. S’il est clair que Nicolas Sarkozy a joué un grand rôle dans l’hyper présidentialisation du pouvoir, il a aussi répondu à une attente forte des médias qui cherchaient à ne voir qu’une seule tête, pour façonner des personnages et raconter une histoire, à la façon d’un jeu de téléréalité.
Ensuite, il nous faut aussi questionner la réalité de ces querelles. S’il y a bagarre pour prendre le virage, c’est simplement parce qu’il y a un enjeu derrière. On peut difficilement le reprocher à ceux qui portent une ambition, quelle qu’elle soit. Sans être la phase la plus noble du système démocratique, cela fait probablement partie du jeu concurrentiel qui va avec. On peut par contre être beaucoup plus critique sur les observateurs et les commentateurs qui focalisent toute l’attention sur ce seul événement, sous prétexte que cela remplie bien les pages et que cela plait et capte l’attention des nouveaux badauds de l’ère numérique que nous sommes.
Enfin, la proximité des scores a de quoi interpeller dans les deux désignations internes, comme dans l’élection américaine de 2000 d’ailleurs. Il est étonnant que des candidats arrivent autant au coude à coude. On pourrait se demander le rôle joué par les médias (probablement de façon non calculé) dans ces résultats. L’information que l’on donne sur un candidat ou sur l’autre ne finit-elle pas par être d’une certaine façon un régulateur des votes ? L’opinion ne finit-elle pas par saturer et tendre naturellement vers une moyenne ? Ces questions restent ouvertes, mais il n’est pas à exclure que l’information temps réel favorise l’égalité des scores entre des candidats lors d’un vote et donc, ce genre de situation.