De Ponta à Thales, avec la CNV
dimanche 12 octobre 2014
Lors de mon premier mandat en charge des associations de quartiers il y a une dizaine d’année, j’avais rencontré un groupe de femmes de Pontanézen qui avaient fait une formation sur la communication non violente (CNV). Cette rencontre m’avait marqué, car les participantes étaient d’un enthousiasme à toute épreuve lorsqu’il fallait parler de ce qu’elles avaient appris et comment cela avait changé leur relation aux autres, notamment dans des situations conflictuelles, en famille ou dans leur quartier.
Je l’avoue aujourd’hui, je les avais écoutés de façon attentive, mais je n’étais pas reparti en me disant qu’il y avait là quelque chose dont j’aurai pu profiter personnellement. J’avais bien conscience que cela leur avait apporté beaucoup de chose (il aurait fallu être aveugle pour ne pas le voir !), mais je ne m’étais pas senti attiré par cette découverte.
Quelques années plus tard, j’ai encore entendu parler de la CNV dans les écoles de Brest et fort de la première expérience, j’avais accueilli cela bien. J’ai d’ailleurs pu être témoin de la transformation que cela fait sur certains enfants, notamment avec le processus de médiation mis en place dans certaines écoles pilotes.
Enfin, plus récemment, lors de formations sur les techniques coopératives de management, j’ai été immergé dans des groupes où une bonne moitié des participants étaient formés à la CNV. Difficile alors de mettre des mots sur le ressenti, mais clairement, les personnes pouvaient porter des propos forts et engageants vis-à-vis d’un autre, sans que cela ne soit vécu comme une attaque. Cela m’avait interpellé.
Mais le déclic s’est vraiment fait lors de mes recherches syndicales, sur la question du « bon management » et des RPS, qui transparaissent dans l’entreprise sous l’appellation plus positive du « bien-être au travail ». Alors que j’avais réussi à mettre en place des groupes de discussion et d’échange dans les équipes de travail sur la question du bien-être au travail (avec l’accord de la Direction), je me suis rendu compte que cela ne suffisait peut-être pas.
Dans un environnement sans tension, le fait de créer des espaces pour discuter en équipe peut favoriser la résolution de problèmes avant qu’ils ne deviennent trop lourds et complexes à résoudre. Mais dans certains cas, le fait que ces espaces n’aient pas existés ou que les sujets de tensions soient forts, engendre des situations où il n’est pas si simple de se dire les choses. Nous ne sommes pas outillés à la discussion de résolution de conflit. Dans bien des cas, cela se gère par la fonction hiérarchique, c'est-à-dire que c’est celui qui est le plus fort, le plus gradé qui décide, qui tranche. Cette situation apporte bien une réponse opérationnelle, mais elle ne gère pas les situations de mal-être individuelles, quand elle n’en provoque pas plus elle-même. Par ailleurs, elle propose souvent des solutions incomplètes parce que pas assez négociées, du fait de l’existence d’un enjeu humain qui prend le dessus sur les reste des objectifs.
C’est dans ce cadre que j’ai commencé à regarder ce que pouvait donner la CNV. J’ai lu quelques petits livres sur le sujet et regardé (plusieurs fois !) la vidéo d’une conférence de Marchall Rosenberg [ici]. Dix ans plus tard, c’est là que cela m’a parlé ! J’ai moi aussi pris conscience des disfonctionnements de la communication que nous avons apprise depuis notre plus jeune âge et comment nous reproduisons ces façons de faire qui nous conduisent souvent à l’échec … et souvent aussi d’ailleurs, en reportant la faute de l’échec sur l’autre !
Début octobre, avec le CE de Thales, j’ai organisé la première formation sur la communication non violente dans l’entreprise. Pour commencer, il s’agissait d’évaluer l’opportunité de cette méthode de communication dans le cadre de la réflexion sur le bien-être au travail. J’avoue qu’après trois jours de formation, je suis un peu comme ces femmes de Ponta que j’avais rencontré dix ans plus tôt. A la fois pleinement conscient du chemin à parcourir pour s’améliorer, mais aussi impatient de me mettre en route pour changer les choses et impatient aussi de convaincre d’autres de se joindre à nous !
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