Projets urbains et participation sur Brest
lundi 05 décembre 2016
La ville se construit et se transforme tous les jours. C’est une bonne chose, c’est la preuve du dynamisme local, l’envie de faire avancer la ville et d’accueillir de nouveaux projets. Mais toutes transformations à nécessairement des impacts sur l’environnement proche des nouveaux projets et il y a un moment où il faut décider de faire, de ne pas faire ou parfois simplement comment faire.
Longtemps, la construction de la ville fut déléguée aux collectivités locales qui faisaient « pour le compte des habitants ». Puis ce fut le temps d’un élargissement du débat public aux « parties prenantes constituées » : associations, institutions, chambre consulaires, etc … Aujourd’hui, nous entrons dans une nouvelle phase où le citoyen souhaite être intégré individuellement aux choix qui sont faits et qui le touchent d’une façon ou d’une autre.
Cette nouvelle attente est en quelque sorte une forme de montée en maturité démocratique. Le citoyen souhaite plus interagir en dehors des périodes électorales et c’est plutôt une bonne chose. Pierre Rosanvallon décrit très bien le phénomène et l’attente dans son livre « Le bon gouvernement », parlant du passage de la démocratie d’appropriation, la démocratie d’autorisation, vers la démocratie de confiance.
Il décrit aussi les évolutions qui devront avoir lieu pour y parvenir. Loin d’être seulement du seul fait des élus, du pouvoir en place, cette démocratie de confiance repose sur une capacité de toutes les parties prenantes à travailler ensemble et à co-construire l’intérêt général. Cela ne se fera pas d’un coup de baguette magique et cela nécessitera du temps, du travail et probablement un peu d’apprivoisement mutuel.
En 2017, six expérimentations différentes de participation vont être faites, sur six projets urbains portant des enjeux structurants pour Brest. A chaque fois et de façons différentes, les citoyens seront associés, soit en tant qu’acteur du projet, soit en tant qu’expert du territoire de projet, soit simplement en tant que citoyen de la ville.
La première sera la poursuite de la démarche sur la couleur dans la ville. La seconde est celle que nous avons lancée ce weekend sur le nouveau quartier de la Fontaine Margot, avec la démarche Les prairies du Vern. La troisième va être lancée cette semaine sur la dynamique urbaine et commerciale sur le Haut Jaurès, en complément des actions déjà engagées. Nous aurons ensuite deux grandes concertations sur les deux secteurs ANRU. Enfin, un quartier à fort enjeux de renouvellement urbain fera l’objet d’un travail avec les habitants et les usagers de Brest pour définir ensemble les formes urbaines souhaitées.
Cette participation citoyenne pose trois ambitions :
- Associer autour d’un projet d’intérêt général le maximum de points de vue, de façon à cerner au mieux les usages et les enjeux passés, présents ou à venir. Il s’agira de convoquer l’expertise que chaque citoyen possède dans ses façons différentes de vivre et de pratiquer la ville.
- Faire se rencontrer les citoyens, échanger, se comprendre, se découvrir et ainsi mieux cerner ce que l’intérêt général recouvre, pour mieux le définir ensemble.
- Créer du lien autour de projets structurants et ainsi faciliter la prise d’initiative individuelle et collective qui reste le vrai moteur de la ville. C’est ce que l’on nomme parfois le pouvoir d’agir, l’autonomisation ou l’empowerment des citoyens.
Si cela répond clairement à une attente actuelle, cette façon de faire n’est pas sans contrainte. Faire participer largement a un coût et prend du temps, il nous faudra aussi l’accepter. Cela n’est ni du temps ni de l’argent perdu si le projet qui en ressort est mieux approprié. Cela nécessite aussi des efforts de part et d’autre dans nos postures respectives : coté institutions un plus grand partage de l’information et du pouvoir de décision, coté citoyens l'envie de sortir des postures d’oppositions et de passer un peu plus de temps à contribuer à un projet commun qui prenne en considérations l'ensemble des enjeux.
Tout cela n’est ni gagné ni construit d’avance. Il y aura forcément des tâtonnements, des améliorations à faire et des leçons à tirer de ces expériences nouvelles.
Tous ces projets nous permettront de construire ensemble les contours de la participation autour de la fabrique de la ville, notre ville. En tant qu’élu, j’en attends beaucoup. J’espère que cette attente sera réciproque et que nous saurons trouver ensemble les meilleures façons de comprendre et de produire la ville de demain.