Et si on donnait des budgets aux mairies de quartier de Brest ?
jeudi 12 décembre 2019
La France dispose d’un peu moins de 35 000 communes pour 67 millions d’habitants. En moyenne en France, une commune représente donc un groupe d’un peu moins de 2 000 habitants. Vu ce ratio, on comprend l’intérêt de l’intercommunalité et de la création des « surcouches de coopérations communales » que sont les EPCI (la métropole pour Brest).
Toutefois, si ces grands agglomérats de populations ont du sens en termes de visibilité et d’attractivité des territoires, de coopération économique entre acteurs, de réflexion sur des infrastructures lourdes, d’efficacité de l’ingénierie publique sur de larges bassins de vie, ils ont aussi des externalités négatives fortes vu de leur population. Ils éloignent toujours plus le citoyen de la décision publique et deviennent des paquebots institutionnels qui peinent face à l’agilité demandée par la population sur certaines politiques.
Comment retrouver cette qualité de service attendue par les citoyens ? Comment remettre de l’agilité dans la décision publique et les réalisations qui vont avec sur le champ de la proximité, de la quotidienneté et sur des aspects qui ne relèvent pas de la cohérence d’infrastructures lourdes.
Donner un budget et une gouvernance propre de ce budget à chaque mairie de quartiers pourrait permettre de redonner cette capacité d’action attendue, plus proche des habitants. Il faudrait commencer par expérimenter sur certaines politiques et développer au fil du temps et des attentes exprimées.
La concentration de l’action publique sur des entités de taille importante est une façon de copier le modèle économique des grands groupes industriels afin de rationaliser les coûts. Il y a une réalité à cela et il faut savoir en tirer profit. Mais les collectivités publiques n’ont pas pour objectif de servir et de remonter des bénéfices à un actionnaire. Elles ont pour objet de servir les citoyens qui payent eux-mêmes ce service et garantir l’intérêt général qui est un bien commun, au-delà des générations présentes.
Le principe de subsidiarité devrait être convoqué chaque fois que nécessaire et chaque fois que c’est possible pour définir les bonnes échelles de décisions et d’actions. Il s’agit tout à la fois d’une attente des citoyens en matière de réponse de l’action publique à leur demande, mais aussi une meilleur appropriation et compréhension de nos politiques publiques. Ne doutons pas que cela aura un coût. La bonne question est de savoir si ne pas le faire a aussi un coût ... pour notre démocratie !
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On peut noter qu’un des freins à la construction d’une grande métropole à 400 000 habitants fut bien cette question de la souveraineté des petites communes dans les décisions courantes sur leur territoire, face à la « grande métropole de Brest » (qui n’est pas si grande dans les faits !) Cette peur de se perdre dans un grand tout est aussi au centre de la question de l’élargissement sur des compétences qui le mériteraient.