Crise financière : la chute des dogmes
lundi 24 mars 2008
La finance mondiale plonge. Aujourd’hui, même si les signes n’ont pas encore atteint de plein fouet nos économies, il est clair que le caractère psychotimique des analystes financiers, pris entre le « jusqu’ici tout va bien » et le « ça va mal finir » trahit l’amorce d’une vraie crise. Quand la confiance est perdue, tel un avion perdant son dernier réacteur, le système financier plonge. Après ce n’est plus qu’une question de temps …
Est-ce une surprise ? Non.
La gauche a depuis longtemps développé une approche critique sur l’excès du monde financier. Mais tout le monde en profitant, d’une façon ou d’une autre, les regards préféraient se tourner ailleurs. De plus, la complexité des mécanismes financiers rend aussi la critique plus difficile à comprendre, sans tomber dans l’écueil d’une simplification simpliste. Mais si l’on regarde très globalement, il est une évidence qui ne trompe pas : ce système montre des symptômes flagrants d’instabilité et nous avons fait monter ce niveau d’instabilité de plus en plus haut, d’années en années, sans jamais oser le remettre profondément en cause.
Ce n’est pas autre chose qui risque d’arriver dans les prochains mois.
J’entends aujourd’hui des spécialistes de la finance nous rappeler que ces mécanismes financiers, complexes et abstraits, n’ont pas que des désavantages et ont aussi permis un développement sans précédents de nos économies. Ils me font penser à ces médecins du Tour de France qui venaient expliquer que l’on n’aurait pu atteindre d’aussi bonnes performances aux étapes, si l’on n’avait pas eu recours à l’EPO !
Ne nous y trompons pas, ces temps de crise ne sont pas perdus pour tout le monde. Pour éviter que l’ensemble du système ne s’effondre, dans une forme de réaction en chaine, il va falloir que les états mettent la main à la poche. Nous sommes au cœur de la stratégie du « privatiser les bénéfices et mutualiser les pertes ». Lentement mais surement, se met en place une énorme pompe à billet, financée par les revenus bas et moyens, à l’avantage des 1 à 2% les plus riches qui ont profité du système, mais ont aussi su retirer leurs avoirs à temps, pour les mettre à l’abri le temps que passe la crise.
Les journaux font l’article sur 2 ou 3 multimilliardaires qui vont y laisser quelques plumes (1 ou 2 milliards !), mais c’est l’arbre qui cache la forêt. Les très grosses fortunes savent passer les crises financières en souplesse et elles ne seront jamais de ceux qui payent la facture, au final.
Il y a encore quelques semaines, ce système financier avaient ses défenseurs : les « spin doctors » de la pensée libérale, voire ultralibérale. Pour eux, c’était le seul système possible pour faire fonctionner l’économie, tous les autres avaient échoués. Aujourd’hui, on les entend beaucoup moins sur les solutions de sorties ou alors, comme certains anciens ministres de droite, se font volontiers les porteurs de la mauvaise nouvelle, comme pour essayer de se distinguer d’une catastrophe annoncée dans laquelle ils auraient quelques responsabilités.