La semaine scolaire en débat
jeudi 15 mai 2008
Hier soir avait lieu une conférence ouverte au public sur « les rythmes de l’enfant », dans le cadre de la réflexion sur la semaine scolaire. Une conférence était donnée par le professeur Hubert Montagner, sous la houlette de Marc Sawicki, adjoint à la politique éducative locale pour la ville de Brest.
J’ai trouvé la soirée particulièrement intéressante. La question de l’éducation est une question complexe car elle entremêle une multitude d’acteurs autour de l’enfant et ce n’est pas forcément ce dernier qui prime face aux choix politiques des adultes. La suppression du samedi, décrétée par Nicolas Sarkozy est encore à mettre dans le lot de ces aberrations politiques pour l’enfant.
J’ai aimé la façon dont le professeur Montagner place le sommeil de l’enfant comme une clé indispensable à son apprentissage. C’est un facteur déterminant sur sa capacité à être disponible pour le maitre.
J’ai aimé la cartographie qu’il fait des difficultés que peut rencontrer l’enfant face à l’école et la façon (comportementale) d’y apporter des réponses positives pour l’élève. Selon lui, ce qui est classiquement vécu comme un affrontement et une difficulté pour le système scolaire (rêverie, hyperactivité, autocentrage, etc …) devrait être d’abord facilité de façon à libérer l’enfant de ses stress, acquis hors temps scolaire, pour enfin le rendre plus disponible aux messages éducatifs.
J’ai aimé sa vision critique de l’excellence éducative en Bretagne (mais surement ailleurs aussi) et le prix à payer qu’il décrit en terme de stress, de conduites addictives ou même de suicides. Il nous faut prendre en compte d’urgence ces paramètres là dans notre vision globale de l’éducation.
J’ai aimé sa vision de l’école en tant qu’écosystème (très proche de ce que mène le PEL depuis plusieurs années à Brest d’ailleurs), en prenant en compte toutes les parties prenantes autour de l’enfant.
J’ai aimé son approche qualitative de l’éducation, centrée autour des besoins et des capacités physiques et psychologiques de l’enfant, en contradiction avec la doctrine des programmes scolaires que véhicule encore le politique.
Enfin, j’ai apprécié les préconisations générales qu’il a donné dans le cadre de la semaine scolaire : respecter les rythmes journaliers de l’enfant, acter qu’aujourd’hui les journées à l’école sont trop longues pour un enfant et aussi, oser placer notre réflexion sur 15 jours et non plus une semaine scolaire.
Il a parlé des enfants en difficulté, des enfants en souffrance qui étaient maintenus en échec dans l’école française actuelle. Il en a parlé souvent et j’ai senti une réticence de la salle à accepter une lecture de l’école où l’on placerait l’enfant en difficulté scolairement au centre des choix en terme de fonctionnement. Il n’était pas question de faire de la politique hier soir, mais bien d’apprendre et de comprendre (ce qui en fait partie aussi d’ailleurs !) Toutefois, je crois que cette tension sera au cœur des débats à venir car elle structure tout notre façon de penser l’école : pourquoi et pour qui faisons nous l’école ? L’école doit elle être un système sélectif qui sépare le bon grain de l’ivraie ou doit-elle s’attacher à mettre à un même niveau tous les enfants qui en sortent ?
Au-delà du rythme de l’enfant et du rythme de la semaine scolaire, ce débat va interroger la place et le rôle de l’école en France et à Brest en particulier. Au regard de ce qui a été dit hier soir, ce n’est finalement pas la plus mauvaise chose ... si cela finit avec plus d’intelligence et de concertation que la décision initiale qui a donné naissance à cette réflexion.
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Pour ceux qui souhaitent apporter une contribution au débat sur Brest, un blog a été ouvert à l’adresse suivante : http://semaine-scolaire-brest.over-blog.net/
Pour ceux que cela intéresse, l'article paru dans Libé fin 2007 du Professeur Hubert Montagner sur la semaine de 4 jours : Lire l'article