Dati : deux poids, deux mesures !
dimanche 04 juillet 2010
Un élu municipal, un maire, un conseiller général ou régional ou un président de conseil sont susceptibles d’être accusés de gestion de fait ou de prise illégale d’intérêt lorsqu’ils font voter à leur conseil une subvention, pour une association qu’il préside.
Récemment, la Cour de Cassation a ainsi condamné le maire d'une petite commune de Normandie pour avoir voter les subventions du club de football local, dans lequel jouait son petit-fils. Mais il pourrait en être de même pour le maire qui préside le CHU de sa ville, ou un élu qui préside un établissement public, par exemple.
Ces derniers jours, dans le plus grand silence médiatique, le Sénat s’est d’ailleurs saisi de ce problème pour tenter d’y apporter une réponse [ici]. Problème complexe par définition puisqu’il faut arriver à pouvoir condamner la malhonnêteté, sans empêcher le système de fonctionner.
Mais le propos de ce soir n’est pas là. J’écoutais l’interview de Rachida Dati [ici], prenant la défense d’Eric Woerth face à des journalistes. Ceux-ci lui demandaient s’il n’était pas choquant que le ministre qui s’occupe du budget et des contrôles fiscaux soit à la fois le trésorier du parti présidentiel et l’époux d’une spécialiste en défiscalisation. Seul argumentation de l’ex-Garde des seaux : c’est un honnête-homme !
Amusant pour une ex-magistrate de formation que de tenter de nous faire croire que les coupables apparaissent naturellement sous les traits de malhonnêtes-hommes et que si quelqu’un semble honnête, inutile de gaspiller son temps dans une enquête ! Serait-ce sa nouvelle fonction d'avocate qui lui aurait tournée la tête ? [ici]
Je vous passe aussi le couplet où elle dit que la gauche devrait avoir honte de faire tout une histoire de cette affaire.
Mais sur le fond, n’y a-t-il pas dans l’état Sarkozy, deux poids et deux mesures dans les approches ? Pourquoi devrait-on faire une confiance sans limite à un ministre qui multiplie les mélanges de genre et jeter le doute ou condamner des élus de terrain qui gèrent des enjeux bien moindre, avec souvent beaucoup plus d’abnégation que nos élites parisiennes ?
Ces messieurs dames des ministères devraient y réfléchir à deux fois avant de s'exonérer de tout reproche.