Hyderabad, Sommet des villes pour la biodiversité
Des villes et la diversité biologique - perspectives

Hyderabad, retour sur les impressions du sommet

8089399261_1f3579479d_mDifficile de faire un rendu exhaustif de cette conférence de l’ONU sur la biodiversité, alors que je n’y ai passé que trois jours et que je me suis surtout intéressé au Sommet des villes sur la biodiversité et non à la Conférence des parties (COP11). Cela étant, j’avais envie de livrer ici quelques impressions à mon retour.

Sur l’initiative de Brest métropole océane avec l’organisation d’une Conférence internationale sur la biodiversité marine et côtière en novembre prochain, celle-ci a été très bien accueillie. La question de la mer est centrale pour la biodiversité. D’abord la mer est un des plus grands réservoirs de biodiversité terrestre ; ensuite la question de la gestion côtière est probablement un des grands enjeux à venir, avec plus de 50% de la population mondiale vivant en bordure des mers d’ici à 2015 ; enfin parce que la mer a été un des grands sujets de débat de la COP11, car elle a la spécificité de n’appartenir à personne en zone internationale (la majeure partie de sa surface). Quid alors de zones protégés n’appartenant à personne ? Il existe déjà pas mal d’initiatives sur la question de la biodiversité terrestre. Par contre, la biodiversité marine semble moins investie. Notre initiative a donc été très bien accueillie, comme permettant de combler une lacune au niveau international.

Même si je n’ai pas pu participer au débat de la COP11, nous avons eu l’opportunité d’en percevoir les enjeux lorsque l’ambassadeur français de cette conférence a fait un point d’étape, à l’ensemble de la délégation française présente sur site. Dire que j’ai tout saisi serait osé ! Par contre, ce qui apparaît clairement dans les échanges, c’est la tension entre les états, sur la défense des intérêts respectifs. Ce genre de négociation apparaît comme un espace en tension et en rapport de force entre états, où les décisions se prennent de façon très lentes. Les enjeux financiers étant très importants, un seul état peut bloquer la négociation, ou en tous cas, son application. A l’opposé dans le Sommet des gouvernements infranationaux pour la biodiversité où j’étais, l’ambiance était très différente : beaucoup plus bienveillante et coopérative que dans la salle d’à coté. Cela me conduit à penser que si les négociations internationales entre états sont évidemment importantes, l’action à l’échelle des territoires infranationaux (communes, départements, régions) l’est tout autant et produira probablement une dynamique plus forte sur le court terme. Nos territoires sont probablement, à leur échelle, des acteurs importants dans l’ambition globale, qui se traduira à la fin dans les grandes négociations internationales, entre états.

Dernier point sur la présence et l’action des pays en voie de développement. Sur la question climatique, les pays les moins développés ont une tendance au « climato scepticisme ». Ils ont bien compris que les pays développés avaient bâti leur croissance en prenant une bonne part du gâteau des émissions de CO² et que les restrictions à venir les empêcheraient de se développer à leur tour. Sur la question de la biodiversité, c’est pratiquement l’inverse. Les pays les moins développés sont ceux qui sont frappés en premier par les effets de l’érosion de la biodiversité. Pour ces populations locales, le lien entre perte de biodiversité et pauvreté est très étroit : surexploitation des ressources ou cultures affaiblies par l’absence de défenses naturelles (nécessitant alors un recours à des produits chimiques chers). Par ailleurs, la propriété du vivant, via les brevets, pose de sérieux problèmes d’éthique et d’équité entre pays riches et pauvres. Pas étonnant donc que la question de la biodiversité soit une des inquiétudes portées fortement par les pays en voie de développement, ils sont les premiers touchés par ses effets. Le fait que la COP11 ait eu lieux en Inde, en témoigne aussi.

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